ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
La délégation de congressistes démocrates était conduite par Mme Nancy Pelosi (au centre). Photo: Ricardo López Hevia

Peu avant son entretien avec le Premier vice-président Miguel Diaz-Canel Bermudez, la chef de la minorité démocrate à la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a déclaré à La Havane qu’il existe actuellement au Congrès « un important soutien bipartite » en faveur de la levée du blocus.

À la question de Granma de savoir combien de temps il faudra pour que s’ouvre au Congrès un débat sérieux pour mettre un terme à cette mesure, Mme Pelosi a répondu que l’« une des raisons pour lesquelles nous aimerions voir lever l’embargo (blocus), c’est que beaucoup de temps s’est écoulé depuis sa mise en place, sans aucun succès ». Elle a fait part de la volonté d’ « augmenter les échanges mutuellement profitables », notamment dans les domaines politique, culturel et économique.

Cependant, elle a reconnu qu’en dépit du « large soutien » de la part de démocrates et républicains en faveur de la levée des restrictions financières et économiques imposées à Cuba depuis plus d’un demi-siècle, il n’y a pas de consensus total. Le blocus ne peut être levé dans sa totalité que par le Congrès des États-Unis, étant donné son caractère de loi. Cependant, en vertu de ses facultés exécutives, le président Barck Obama peut vider cette mesure de son contenu.

Lors d’une conférence de presse dans la capitale cubaine, la leader démocrate a souligné qu’une bonne partie des membres du Capitole jugent nécessaire le retrait de Cuba de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme. Mme Pelosi a voyagé à La Havane à la tête d’une délégation de congressistes du Parti démocrate qui a rencontré le ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, des membres de l’Assemblée nationale du Pouvoir populaire, ainsi que des représentants de la société civile cubaine.

Les congressistes ont visité l’École latino-américaine de médecine, et se sont entretenus avec le cardinal Jaime Ortega. La délégation était composée en outre par les congressistes Eliot Engel, de New York, Rosa DeLauro, du Connecticut, Collin Peterson, du Minnesota, Anna Eshoo, de Californie, Nydia Velazquez, de New York, Jim McGovern, du Massachusetts, Steve Israel, de New York, et David Cicilline, du Rhode Island.

Mme Pelosi a qualifié tous ses entretiens de « très fructueux », et elle a rappelé que les deux pays vivent un « moment historique » depuis l’annonce faite le 17 décembre dernier par les deux présidents, de leur décision de rétablir les relations diplomatiques, d’ouvrir des ambassades et de progresser dans la voie d’une normalisation des liens bilatéraux. « C’est un gigantesque pas en avant. Nous entendons promouvoir une nouvelle relation, car nous avons beaucoup de choses à partager, avec des bénéfices pour les deux parties », a-t-elle dit.

« Nous avons été agréablement impressionnés par tout ce que nous avons entendu sur nos perspectives et nos relations futures », a ajouté Mme Pelosi. Pour sa part, le congressiste pour le Massachusetts Jim McGovern a insisté sur la nécessité que, dans les deux hémicycles du Congrès, la majorité républicaine permette la discussion et le vote des projets visant à éliminer les sanctions unilatérales.

La représentante de New York, Nydia Velazquez, a souligné l’importance des changements en cours à Cuba dans le cadre de la mise à jour de son modèle économique, ainsi que le rôle que le secteur non étatique est appelé à jouer à l’avenir.

Pour sa part, le congressiste du Minnesota Collin Peterson a estimé que le blocus est « une politique dénuée de sens » et que les restrictions qu’il impose « sont préjudiciables aux deux pays ». Il s’est prononcé notamment en faveur du commerce dans la sphère agricole. « Nous aimerions ventre des aliments à Cuba », a-t-il indiqué. Quant à la congressiste Anna Eshoo, de Californie, elle s’est déclarée favorable à une coopération qui permette d’améliorer l’accès à Internet à Cuba, qui est limité, entre autres, par les lois du blocus.

L’arrivée des congressistes, le 17 février, a coïncidé avec le retour aux États-Unis des sénateurs démocrates Claire McCaskill, Amy Klobuchar et Mark Warner, qui ont également plaidé pour la levée des sanctions unilatérales imposées à l’Île.

Le 27 janvier, Washington accueillera la deuxième série de discussions entre des représentants des deux gouvernements, qui porteront notamment sur le rétablissement des relations diplomatiques et l’ouverture d’ambassades.

Les premiers entretiens de ce genre avaient eu lieu les 21 et 22 janvier au Palais des Conventions de La Havane. Il ressort d’un sondage réalisé par l’institut Gallup aux États-Unis que l’opinion des citoyens de ce pays sur Cuba (en général) est la plus favorable en plus de 20 ans, avec 46% d’approbation, selon l’agence espagnole EFE.

L’enquête révèle que 46% des citoyens ont déclaré avoir une opinion favorable sur la plus grande des Antilles, soit 8% de plus que l’année dernière. Selon EFE, ces résultats contrastent avec le 10% d’opinions favorables enregistré en 1996, année où le Congrès adopta la Loi Helms-Burton. Depuis, le pourcentage des personnes exprimant un sentiment positif à l’égard de l’Île s’est situé dans un rang qui varie entre 20 et 30%.

Concernant le blocus, 59% se sont déclarés favorables à sa levée, le pourcentage le plus élevé depuis que cet institut a inscrit cette question au sondage en 1999. La majorité des citoyens des États-Unis (59%) s’est également prononcée pour la fin des restrictions des voyages à Cuba, et 30% se sont déclarés contre.

Le sondage a été réalisé entre le 8 et le 11 février auprès d’un ensemble de 837 adultes, avec une marge d’erreur de 4%.