
La défense de la paix et de la solidarité régionales en tant que principe intégrationniste a été au centre des discours des dirigeants participant au 20e Sommet des chefs d'État et de gouvernement de l'Alliance bolivarienne pour les peuples de Notre Amérique-Traité de commerce des peuples (alba-tcp), qui s'est tenu le 14 décembre à La Havane.
Dans son discours de bienvenue, le Premier secrétaire du Parti communiste de Cuba et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a salué les 17 ans de ce mécanisme de consultation politique.
Lui succédant à la parole, le président vénézuélien Nicolas Maduro Moros a rappelé qu'en 2004, l'initiative était une alternative au néolibéralisme rapace. Il a affirmé que « l'alba est notre espace, notre maison, ici nous sommes frères, ici il n'y a pas de puissants qui dominent, qui font du chantage, qui menacent et des faibles qui sont menacés : au sein de l'alba nous sommes tous égaux », et il s’est félicité du fait que Fidel et Chavez aient promu de grands projets sociaux sur le continent.
Il a déclaré que l'Alliance a été un espace pour rêver d'un monde plus juste, sans menaces de guerre, un lieu pour rêver de grands projets, pour élever la voix collective de nos pays.
Il a fait référence à la coopération pendant la pandémie, ainsi qu'au soutien aux autres nations souffrant de catastrophes naturelles. Il a qualifié d'intéressantes les actions prévues pour 2022, mentionnant la santé comme un thème central et a salué la capacité scientifique de Cuba à créer plusieurs vaccins contre la covid-19.
Le président Maduro a dénoncé les mesures coercitives unilatérales et les campagnes de déstabilisation et de discrédit menées par les États-Unis contre des pays membres de l'Alliance tels que le Nicaragua, le Venezuela, la Bolivie et Cuba.
Il a demandé au bloc de consentir un plus grand effort pour la mise en place d'un plan intégral de développement commercial et financier, grâce à l'expérience déjà acquise avec la Banque de l'alba, le Conseil monétaire de l'alba et la monnaie Sucre, qui peut être mise à jour.
Tout ce travail, a-t-il dit, fera progresser les accords communs de l'Alliance pour produire des denrées alimentaires, du pétrole et du lithium, ajoutant que le succès réside dans le perfectionnement d’une voie économique commune, tous unis.
LA RÉSISTANCE DES PEUPLES, LE PRINCIPE D'UNITÉ
Pour sa part, le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a relevé l'unité et la résistance de l'alba-tcp, et a assuré qu'elle a nous permis d'aller de l’avant et de contrer les plus terribles agressions de l'impérialisme.
« Nous nous réunissons en ces jours de pandémie, alors que l'autre pandémie du capitalisme sauvage et de l'impérialisme qui détruit les nations et provoque le chaos, la désintégration des États, balaie le monde », a-t-il souligné, avant de rappeler comment, au nom de la démocratie, les processus progressistes sont détruits.
« Là où il y a de l'indignation, c'est parce qu'il y a de la dignité », a indiqué le commandant Ortega, et il a évoqué la figure d’Augusto Cesar Sandino, symbole de l'émancipation du Nicaragua, avec un parcours historique, jusqu'à la victoire de 1979. « C'est de là que nous venons, de ces batailles et de ces luttes. C'est pourquoi nous sommes profondément anti-impérialistes », a-t-il affirmé, avant de qualifier le gouvernement yankee de faux et de cynique, car dans son discours il parle de paix, mais il est capable de livrer les guerres les plus impitoyables et atroces.
Par ailleurs, il a rappelé que Cuba, après plus de 60 ans de Révolution, fait preuve de dignité faite de conscience, de force, de courage et de créativité pour faire face aux conséquences d’actes de terrorisme économique et social. « La dignité est bien plus puissante que la force d'un empire », a-t-il souligné.
Il a assuré que l’alba est devenue le premier pas dans la voie fixée par nos héros car elle a réussi à défier les peurs d'un continent dominé par l'impérialisme.
Il a souligné que ce groupe de pays n'a jamais envisagé de former une armée ou de planifier une action militaire, mais a plutôt proposé l'intégration et l'unité pour combattre la pauvreté et la faim, et pour mener des programmes de santé afin d'améliorer les conditions de nos peuples, en tenant compte des asymétries. « Un programme de justice, d'amour du prochain », a-t-il affirmé.
LA BOLIVIE EN FAVEUR DE LA SOLIDARITÉ
« Aujourd'hui, 17 ans après la rencontre historique qui a donné naissance à l’alba, je suis porteur de la voix du peuple bolivien et de l'affection des mouvements populaires, et d’une profonde gratitude à Cuba pour son immense solidarité, notamment avec l'envoi de médecins dans plusieurs pays. Merci pour ce phare moral », a déclaré le président bolivien Luis Arce, qui a présenté ses excuses aux professionnels de la santé cubain pour les mauvais traitements subis en 2019, lors du coup d'État perpétré dans son pays.
Il a dénoncé la concentration mondiale des vaccins anti-covid 19 et la marchandisation, et il a demandé aux transnationales pharmaceutiques de partager les brevets et leurs savoirs.
Le président bolivien a insisté sur la nécessité de travailler ensemble sur les stratégies de biotechnologie et de relance économique, et a proposé deux axes de travail : l'un, pour renforcer la production biotechnologique basée sur les connaissances de la médecine naturelle de nos peuples, et l'autre axé sur la recherche de la souveraineté alimentaire.
« L'alba est un organe multilatéral qui a survécu, et avec des résultats positifs », a rappelé Luis Arce, un principe qu'il a appelé à renforcer, surtout lorsqu'il existe un néo-protectionnisme sélectif qui ne peut être combattu que par l'intégration.
L’IDENTITÉ CULTURELLE POUR DÉFENDRE L'ALBA
Quant au président de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Ralph Gonsalves, il s’est félicité que la déclaration finale se prononce pour « des réparations pour les dommages causés par l'esclavage et l'identification de nos luttes », et a remercié tous les membres de l'alba-tcp pour leur contribution et leur soutien à la reconstruction de son pays à la suite de l'éruption volcanique.
Il a approuvé le plan de redressement post-pandémie du bloc, et a mis l'accent sur ses six piliers, en soulignant la sécurité alimentaire, la garantie de communication et de transport. « Si nous mettons en œuvre ce plan, nous serons dans une meilleure position pour contribuer à notre développement », a-t-il déclaré.
Gonsalves a mentionné l'accord Petrocaribe, qui a été entravé par des mesures coercitives imposées par le Nord, et, concernant la lutte contre la covid-19, il a cité comme exemple la campagne de vaccination menée par Cuba, soulignant que les peuples de la région ont confiance dans les immunogènes cubains.
COOPÉRATION ET SOLIDARITÉ, PILIERS DE L'ALBA
Keith Mitchell, Premier ministre de la Grenade, a réaffirmé l'engagement de son pays envers les principes de l'alba et sa volonté de travailler ensemble pour résoudre les problèmes communs. « La Grenade a rejoint la Banque de l’alba parce qu'elle était convaincue des avantages qu'elle pourrait apporter », a-t-il précisé.
Parmi les défis communs, il a souligné le changement climatique et le renforcement de l'organisation à travers la coopération. « Nous devons assurer le développement durable de nos peuples, la coopération et la solidarité sont les piliers essentiels de cette organisation », a-t-il indiqué.
Le ministre Jan Douglas, de la Dominique, a signalé quant à lui que « la Dominique a bénéficié de ce bloc d'intégration, rappelant que pendant l'ouragan Maria, cet État insulaire a reçu l’aide de pays membres de ce mécanisme, principalement de Cuba et ses professionnels de la santé ».
Par la suite, Dean Jonas, ministre de la Transformation sociale, du Développement des ressources humaines et de l'Économie bleue d'Antigua-et-Barbuda, a déclaré que son pays souscrit pleinement à la déclaration du Sommet, ainsi qu'aux commentaires visant à acheminer le plus rapidement possible les vaccins anti-covid vers les îles des Caraïbes.
Il a condamné l'application de mesures coercitives à l'encontre du Venezuela et du Nicaragua, a rejeté le fait que l'aide médicale fournie par Cuba soit qualifiée de trafic d'êtres humains, et a remercié la Grande Île des Caraïbes pour son soutien à l'endiguement de la pandémie dans son pays. « Nous avons besoin de vaccins cubains », a-t-il souligné, ajoutant que de nombreuses personnes dans son pays ont déclaré qu'elles ne se laisseraient pas immuniser si ce n’est avec le vaccin cubain.
L'ALBA, UN CADRE POUR UNE SOLUTION COLLECTIVE
Plus loin, Alva Baptiste, ministre des Affaires étrangères de Sainte-Lucie, a affirmé que son gouvernement a confirmé son engagement envers le mécanisme régional, qui l'a accueilli comme un fils, après cinq ans d'absence. Il a assuré que l’alba apparaît comme un cadre propice pour des solutions collectives qui profitent aux populations, ce qui doit être maintenu afin de résoudre des questions complexes.
Vance Amory, ambassadeur de la Fédération de Saint-Kitts-et-Nevis, a également approuvé la déclaration de l'Amérique latine et des Caraïbes en tant que Zone de Paix, réaffirmant que son gouvernement continuera à soutenir les politiques axées sur le peuple, et qu’il restera un fidèle partisan de l'alba, d'autant plus que le plan pour l'année à venir apportera la prospérité.
Dans le cadre des activités du Sommet, les chefs d'État et de gouvernement ont visité le Centre Fidel Castro Ruz, récemment inauguré, consacré à l'étude de l'œuvre et de la pensée du Commandant en chef, promoteur et père fondateur de l'alba-tcp, avec Hugo Chavez.