
Le gouverneur du Missouri, Jeremiah Nixon, a mis en exergue à La Havane les grandes opportunités d’affaires que représente Cuba pour cet État du centre des États-Unis.
« Cuba consomme beaucoup des produits que nous proposons », a affirmé Nixon, le cinquième gouverneur des États-Unis à s’être rendu dans notre pays depuis l’ouverture, le 17 décembre par les présidents Raul Castro et Barack Obama, d’un nouveau chapitre dans les relations bilatérales.
Le Missouri est l’un des grands producteurs de riz, de soja et de poulet, des denrées que Cuba importe en grandes quantités pour satisfaire la demande interne et celle, en pleine croissance, des secteurs touristique et gastronomique.
« Nous pouvons soutenir la concurrence en matière de prix, et nos produits sont mondialement reconnus pour leur qualité », a indiqué le gouverneur, avant de souligner les avantages géographiques naturels pour le transport de marchandises entre cet État et Cuba, si l’on sait que le Missouri et le Mississipi sont des fleuves navigables et se jettent dans le Golfe du Mexique, c’est-à-dire à une centaine de milles marins des principaux ports cubains.
Cependant, la persistance du blocus et des dispositions spéciales concernant l’agriculture limitent le commerce entre nos deux pays.
La Loi de réforme des sanctions commerciales et d’extension des exportations de l’an 2000 a permis aux hommes d’affaires étasuniens de vendre des denrées alimentaires à Cuba, même si les conditions imposées restent drastiques (paiement à l’avance et en espèces).
Les ventes ont atteint un sommet de 710 millions de dollars en 2008, mais elles ont connu une baisse ces dernières années en raison de l’impossibilité Cuba d’accéder à des crédits et aux conditions plus favorables que l’on trouve sur d’autres marchés.
Paradoxalement, l’un des secteurs pionniers dans le commerce entre les deux pays se trouve dans une position désavantageuse dans le nouveau contexte bilatéral, ce qui a engendré des pressions en faveur d’un changement de la part de nombreux États de l’Union producteurs d’aliments. L’US Agriculture Coalition for Cuba, USACC pour son sigle en anglais) a été créée l’année dernière, et plusieurs projets visant à lever une bonne partie des sanctions en vigueur sont en cours au Congrès.
Le gouverneur Jeremiah Nixon admet la possibilité d’un changement des conditions actuelles.
« La différence entre où nous en étions il y a quelques années et où nous en sommes aujourd’hui crée un climat de confiance qui permet de résoudre les problèmes en suspens. Le changement a été dramatique », a-t-il dit.
En plus des ventes de produits agricoles à Cuba, le gouverneur estime qu’il existe aussi des potentialités dans le transfert de technologies afin d’améliorer la productivité dans l’agriculture cubaine.
Par ailleurs, il a fait l’éloge du capital humain et des avancées de l’Île dans la sphère de la médecine. Il a rappelé qu’historiquement, le Missouri a importé du nickel cubain, avant de souligner que le tourisme est également une option attractive à seulement 9 milles marins de distance. « Nous misons sur le succès de Cuba », a-t-il dit.
Jeremiah Nixon, qui conduisait une délégation d’une vingtaine d’hommes d’affaires, a rencontré le vice-président du Conseil des ministres, Ricardo Cabrisas, ainsi que les ministres de l’Agriculture, Gustavo Rodriguez Rollero, et du Commerce extérieur, Rodrigo Malmierca.
Le gouverneur a remis aux autorités cubaines un don de 20 tonnes de riz produit par l’entreprise Martin Rice, l’une des entités présentes au forum d’entreprises binational, comme un geste de bonne volonté pour élargir les liens économiques avec Cuba.
LE FORUM D’ENTREPRISES
Au cours du Forum d’entreprises qui s’est déroulé à l’Hôtel National de Cuba, à La Havane, M. Jeremiah Nixon a réitéré que Cuba représente une grande occasion pour les producteurs du Missouri, avant de mentionner des produits qui pourraient avoir un grand impact sur le régime alimentaire de la population cubaine comme les produits laitiers, le riz et la viande bovine.
Maria de la Luz B’Hamel, directrice de la section États-Unis au ministère cubain du Commerce extérieur et des Investissements étrangers, a rappelé que depuis le rétablissement des relations diplomatiques entre La Havane et Washington qui a marqué le début du processus vers la normalisation des liens, des échanges se sont produits à tous les niveaux, et elle a réaffirmé la volonté de son pays de continuer d’avancer dans cette direction, selon une dépêche de l’ACN.
« Nous nous réjouissons des opérations commerciales réalisées, mais elles sont encore limitées par rapport à l’intérêt et les potentialités réelles en raison de la persistance du blocus économique, commercial et financier exercé par les Etats-Unis contre notre pays », a-t-elle souligné.
Elle a affirmé que les mesures exécutives émises par les entités régulatrices du commerce des États-Unis sont insuffisantes, et que celles qui pourraient avoir une portée plus étendue n’ont pas pu être concrétisées, comme l’autorisation d’utiliser le dollar dans les transactions internationales de Cuba.
La fonctionnaire cubaine a rappelé que le secteur industriel des États-Unis a joué un rôle important en faveur de l’adoption en 2000 d’une loi permettant de faire du commerce avec Cuba.
« Nous sommes confiants que d’autres efforts seront déployés avec la même énergie pour lever les restrictions qui obligent Cuba à payer ses achats de produits agricoles dans des conditions onéreuses », a-t-elle conclu.