
SAN ANTONIO DEL SUR, Guantanamo. — Le soulagement et la satisfaction se lisaient sur le visage d’Elena Laffita Bertot lorsque nous l’avons rencontrée au siège de la commission électorale, où elle travaille en tant qu’auxiliaire de services.
Un plaisir justifié, car sa maison, parmi les 4 000 endommagées par l’ouragan Matthew dans la municipalité, a été l’une des premières à être réparées. « Je crois que j’ai eu de la chance. La toiture de ma maison a été pratiquement emportée et sept ou huit jours après le passage du cyclone, elle avait déjà été réparée. »
« Tout est allé très vite : la commission du Logement m’a rendu visite, elle m’a remis le certificat de “sinistré” et la fiche technique avec la quantité de matériaux qui me revenait. Le lendemain, j’ai signé quelques documents au bureau des formalités, puis j’ai obtenu le prêt bancaire et j’ai aussitôt pu acheter les 30 tuiles de fibrociment dont j’avais besoin », raconte cette habitante du quartier Playa Sabanalamar
Pourquoi parlez-vous de « chance ? », lui a-t-on demandé.
« Parce que de nombreuses familles n’ont pas pu récupérer leur maison, car beaucoup avaient été très endommagées. Les matériaux ne cessent d’arriver, mais même ainsi, ce n’est pas suffisant pour toutes les maisons à la fois. C’est pour cela que je peux dire que j’ai eu de la chance.
« Sur les 4 009 logements endommagés à San Antonio del Sur, jusqu’au 6 décembre dernier, 815 avaient été réparés et environ un millier de familles avaient acheté des tuiles et autres matériaux de construction », indique Israel Rodriguez Mengana, président du Conseil de Défense municipal.
Il affirme que même si le nombre de familles qui n’ont pas pu obtenir les matériaux est élevé, le processus de reconstruction, dans son intégralité, se déroule de manière ordonnée et favorable.
Il signale l’attribution par la Banque de 1 316 crédits à la construction ou à la réparation des logements endommagés (d’une valeur de plus de sept millions de pesos), les 79 ristournes accordées par l’Assistance sociale à certaines familles qui ne disposent pas des ressources financières suffisantes pour la totalité du crédit ou le paiement en espèces des matériaux, ainsi que l’approbation par le gouvernement de 152 subsides pour ceux qui n’ont aucune possibilité d’acheter les matériaux.

Le président du Conseil de défense explique qu’il y a plus d’un mois que les services d’électricité, de communication et de distribution d’eau ont été réparés, ce dernier avec le rétablissement des dix systèmes d’approvisionnement de la municipalité.
« Tout de suite après l’ouragan, le passage par la route de Bate Bate a été rétabli, ce qui assure la communication entre Guantanamo et Baracoa, ainsi que les autres municipalités de l’est de la province », a-t-il ajouté.
« Dans un premier temps, le passage par la route Mulata, interrompu sur une dizaine de points, a été remis en service, ainsi que le pont de Pluriales de Caujeri, dont les dégâts ont coupé ce village en deux et empêché durant une dizaine de jours le transit des voitures et des personnes entre le chef-lieu municipal et plusieurs communautés situées au nord du pont.
« Les travaux effectués ont permis de rétablir le service de transport de passagers par bus sur quatre des cinq routes existantes. Il manque celle de San Antonio del Sur-Viento Frio, le tronçon routier entre El Jubo et Alto de La Zona ayant été détruit », explique-t-il, ajoutant que l’on travaille à la réparation de La Mulatica, la route qui relie, par des voies montagneuses escarpées, Guaibano à la communauté Vega del Joba, dans la communauté d’Imias, que l’on avance également dans la récupération des établissements publics endommagés : commerces et restaurants, écoles, centres médicaux, transport, industrie alimentaire, services communaux et agricoles, entre autres.
San Antonio del Sur, conclut-il, sera le siège, le 23 décembre prochain, du meeting provincial à l’occasion du 58e anniversaire du triomphe de la Révolution. Une date à laquelle 90% des établissements de l’État touchés par l’ouragan Matthew devraient être réparés.
LA PROUESSE DES CAFÉICULTEURS
On raconte que quelques heures après le passage de l’ouragan, les cultivateurs de café de cette municipalité ont commencé à se frayer un chemin, à coup de hache et de machette, vers leurs plantations, sur lesquelles des centaines d’arbres arrachés par les vents s’étaient abattus.
On raconte aussi que, très rapidement, et avec l’aide de trois brigades équipées de tronçonneuse (l’une de la province de Gramma, l’autre de l’usine de torréfaction de café Asdrubal Lopez et celle de la municipalité), ils ont commencé à tailler et à ordonner les branches pour récupérer l’ombre des arbres, nécessaire à la culture du café, sur les 771 hectares de la municipalité, et tout de suite après on a procédé à la cueillette des grains tombés sur le sol.
Céspedes Lobaina Arias, délégué de l’Agriculture à San Antonio del Sur, raconte qu’on estime qu’environ 4 000 latas de grains de café [unité de mesure du café équivalent à 12 kg] sont tombées sur le sol, dont 3 000 seulement ont pu être récupérées « grâce à un effort digne d’éloge. En effet, si cueillir du café dans les plantations est un travail difficile, imaginez ce que cela représente de ramasser les grains sur le sol ».
Un effort couronné de succès pour la municipalité, qui a dépassé le plan de collecte prévu. Rolider Cala Noa, sous-délégué agricole, nous apporte des détails : « Jusqu’à mardi dernier, nous avions cueilli 20 930 latas, sur les 18 635 prévues et nous avons récolté les derniers grains dans les aires de La Zona et Dos Brazos. »
Pour n’importe quel connaisseur de la récolte du café, ces chiffres en disent peu sur l’ampleur de la tâche, mais ils acquièrent toute leur dimension, car ils témoignent d’un engagement collectif efficace, à un moment très complexe, où la majorité des maisons des cueilleurs et des cultivateurs de café ont été endommagées par l’ouragan Matthew. Par ailleurs, la récolte dépasse de 8 000 latas la récolte précédente.
Rolider précise que la récupération des plantations se comporte favorablement. En effet, sur les 771 hectares endommagés 628 ont été réhabilités, à savoir 81,5%, alors que les trois brigades de travailleurs outillés de tronçonneuse poursuivent le débroussaillage, aidées par les producteurs et leur famille.
Concernant le cacao, un autre produit d’exportation, les 197 hectares sinistrés ont été récupérés et trois tonnes ont été récoltés depuis le passage de l’ouragan.
PRODUCTION DE TOMATES ET CULTURES VARIÉES
Cependant, dans le secteur agricole, la campagne de plantation de cultures variées, notamment la tomate, est l’activité qui exige le plus de ressources et de forces.
« À ce jour, 600 hectares – sur les 650 planifiés – de tomates ont été plantés dans la vallée de Caujeri, ceci malgré les pluies prolongées (pas seulement celles de l’ouragan) qui ont causé des dommages aux pépinières et à la terre préparée. Certains champs ont dû être préparés jusqu’à trois fois », signale Egueni Rodriguez Martinez, sous-directeur du développement de l’Entreprise agricole San Antonio del Sur.
Et d’expliquer que l’objectif est de produire plus d’aliments à court terme, et également de pallier au manque de bananes, – les plantations ayant été détruites par le cyclone –, la municipalité a décidé d’ajouter à sa traditionnelle « campagne d’hiver » un plan supplémentaire de plantation de tubercules (manioc, patate douce, tarot), de légumes frais et de légumes secs, sur une superficie de 71,5 hectares.
Dans le cadre de ce plan, une quinzaine d’hectares placés sous la responsabilité des coopératives de crédits et de services (CCS) Feliberto Rodriguez et Constantino Lores ont été utilisées.
« Ces champs, qui sont incorporés à la production étaient couverts de “marabu” (espèce envahissante) et n’étaient pas exploités depuis des années. Du fait de leur fertilité, elles seront destinées à la plantation de pois chiches », indique le producteur Eliécer Carcasés Pérez, propriétaire de la ferme La Dama.
Aucun doute que le processus de récupération à San Antonio del Sur, avance de manière cohérente, grâce aux efforts de ses habitants et notamment de ses paysans et de ses travailleurs, qui ont par ailleurs récupér 170 hectares de bananier, avec un système d’irrigation situé à Yateritas.








