ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
La directrice générale de Cubaexport, Isabel O'Reilly, et Scott Gilbert, directeur de l’entreprise étasunienne Coabana trading LLC, ont signé l’accord pour l’exportation vers les États-Unis de charbon végétal cubain.

LE charbon de marabu fabriqué de façon artisanale sera le premier produit cubain à percer le marché des États-Unis depuis l’entrée en vigueur en 1962 du blocus imposé par Washington sur l’immense majorité des biens produits dans l’Île.

Les entreprises cubaine Cubaexport et nord-américaine Coabana trading LLC ont récemment signé un accord pour l’exportation vers les États-Unis de charbon végétal.

Selon les termes du document, une première livraison de marabu devrait parvenir dans le milieu du mois de janvier, a annoncé à la presse la directrice générale de Cubaexport, Isabel O’Reilly Caña. « Les deux premiers conteneurs de 20 tonnes chacun sont prêts afin d’explorer le terrain, mais nos disponibilités sont loin d’être épuisées », a-t-elle ajouté.

Le prix fixé est de 420 dollars la tonne, a expliqué O’Reilly, avant de préciser que les exportations cubaines de charbon de marabu ont augmenté au cours de la dernière décennie et sont de 40 000 à 80 000 tonnes par an, la plupart à destination de l’Europe.

Le marabu, une plante invasive d’origine africaine très commune dans les campagnes cubaines, jouit d’une réputation internationale en raison du goût qu’elle apporte aux aliments lors de la cuisson et en tant que mécanisme contribuant à éviter la déforestation qu’implique traditionnellement ce genre de production.

Scott Gilbert, directeur de Coabana, s’est félicité des opportunités qui s’ouvrent avec la signature de cet accord. Il a ajouté que les attentes vont bien au-delà du charbon végétal et incluent d’autres produits comme le miel et le café.

Il a indiqué qu’en même temps que les coopératives cubaines débarrassent les terres du marabu pour les consacrer à d’autres productions organiques, les Étasuniens auront l’occasion de se procurer un excellent charbon végétal.

Interrogé sur l’avenir des affaires une fois que Donald Trump aura assumé la présidence des États-Unis, Scott Gilbert a fait des vœux pour que la nouvelle administration tienne compte de ces avancées, ainsi que des accords conclus jusqu’à présent. « Si on croit vraiment au libre-échange, c’est ce qu’on devrait faire », a-t-il souligné.

L’homme d’affaires étasunien a signalé qu’il était prêt à continuer de travailler avec la prochaine administration comme il l’a fait sous Barack Obama pour développer les échanges entre les deux pays.

La possibilité d’exporter une liste restreinte de biens et de services vers le marché des États-Unis, dans des conditions rigoureuses, est le résultat des mesures d’assouplissement prises par l’administration Obama pour modifier certains aspects du blocus.

En février 2015, la Direction des affaires économiques et des entreprises des États-Unis a mis à jour la Section 515.582 en incluant une série de produits cubains susceptibles d’être importés dans ce pays, s’il est prouvé qu’ils proviennent du secteur non étatique.

Même si cette liste a fait l’objet d’une nouvelle actualisation au mois d’avril dernier pour y inclure le café, l’immense majorité des productions nationales sont encore frappées d’interdiction, de même que toutes les entreprises publiques.

Il est interdit d’exporter depuis Cuba des animaux vivants, des produits végétaux (à l’exception du café), des aliments traités, des boissons, des liqueurs et du vinaigre. Sont également exclus le tabac, les produits miniers et de l’industrie chimique, ainsi que les textiles, parmi bien d’autres.

Par ailleurs, les lois du blocus en vigueur imposent des conditions très strictes à tout genre de transaction. Cuba a été privée unilatéralement – depuis l’établissement du blocus – de la clause de la nation la plus favorisée qui lui revenait de droit en sa qualité d’État fondateur de l’Organisation mondiale du commerce. De ce fait, tout produit cubain destiné à être exporté aux États-Unis se voit imposer la taxe la plus élevée.