ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Durant la visite à Cuba du Premier ministre Mari Alkatiri en 2005, Fidel s’engagea a former un millier de médecins pour aider le Timor oriental à améliorer son système de santé. Photo: Alberto Borrego

LORSQUE Fidel tendit la main au Premier ministre timorais de l’époque, Mari bim Amude Alkatiri, et lui promit que Cuba l’aiderait à former un millier de jeunes professionnels de la santé pour son pays, Isabel de Jesus Amaral aurait difficilement pu imaginer qu’elle deviendrait elle-même un jour docteure.

Cependant, non seulement Isabel a décroché son diplôme mais elle l’a fait avec le premier groupe d’étudiants en médecine formés par la République démocratique du Timor oriental en tant que pays. En effet, Isabel fit partie de la première promotion de spécialistes formés par la Faculté de médecine de l’Université nationale de ce pays du sud-est asiatique, créée en 2005 à l’initiative de la brigade médicale cubaine qui prêtait ses services au Timor oriental, et encadrée par son personnel.

Une année auparavant, en 2004, quinze de nos médecins débarquaient pour la première fois dans ce pays dans le but de remédier à la dégradation de sa situation sanitaire et épidémiologique.

C’était le premier des fruits d’une relation amorcée lors des conversations engagées entre le commandant en chef et le président de la République démocratique du Timor-Est, Xanana Gusmao, lors du 13e Sommet des pays non alignés à Kuala Lumpur, en Malaisie, en 2003, qui allaient sceller le début des relations d’amitié et jeter les base d’une coopération médicale fructueuse.

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Treize ans après l’arrivée du premier groupe de coopérants cubains, la réalité timoraise a complètement changé. Aussi bien la population que les dirigeants reconnaissent que les brigades médicales et éducatives cubaines ont grandement contribué au développement historique et à la reconfiguration du système de santé de ce pays née au 21e siècle au terme de cinq siècles de colonisation portugaise et de plus de 20 ans d’annexion à l’Indonésie.

À l’aube de son indépendance en 2002, le Timor oriental ne comptait que 25 médecins.

Des médecins timorais qui effectuent une spécialisation à Cuba. Photo: Peraza Forte, Iramsy

« Aucun d’entre eux n’avait été formé au pays », a confié à Granma, Herminio Noronha, qui renonça à la chimie pour rejoindre le groupe de jeunes qui partit faire des études de médecine à Cuba.

Aujourd’hui, le Dr Noronha est l’un des 900 médecins qui assurent la couverture médicale de son pays. Pendant deux ans, il a travaillé dans des cabinets de consultation et des polycliniques pour aider à satisfaire les besoins de santé et aider à « renforcer le système de santé du pays tout en menant des actions d’éducation et de prévention auprès des populations pour transformer le panorama sanitaire et contribuer à éliminer les décès causés par des maladies évitables ».

Par ailleurs, cela l’a poussé à parfaire sa formation pour mieux satisfaire les besoins de son pays. À l’instar de la plupart de ses collègues, il a étudié à Cuba jusqu’en cinquième année avant d’aller terminer ses études dans son pays à « la faculté de médecine crée par les Cubains ». Le Dr Noronha est revenu à Cuba avec huit de ses camarades pour suivre une formation de spécialiste en anatomie humaine.

« Nous sommes les jeunes chargés de la formation des futurs médecins du pays. Le Timor oriental doit être capable de former son propre personnel de santé. C’est pourquoi nous sommes revenus parfaire nos compétences et nos connaissances professionnelles afin de mieux servir notre pays ».

« J’ai appris beaucoup de choses sur Cuba. J’apprécie particulièrement les sentiments patriotiques des médecins cubains et leur sens de la solidarité, leur dévouement. Ils n’hésitent pas à partir aider d’autres peuples à améliorer leurs conditions de vie, quelles que soient les conditions dans lesquelles ils doivent travailler », précise Noronha.

« Nous avons tiré des leçons très enrichissantes du système cubain de santé. Nous avons appris à traiter le patient avec respect et empathie, sans créer de distances ».

« Je pense que la meilleure manière de mesurer l’impact de la coopération cubaine au Timor, c’est à travers les indicateurs du pays », s’empresse de dire Acacio de Jesus, qui prépare actuellement une spécialisation en physiologie.

« Depuis l’entrée en vigueur de cet accord, les taux de mortalité infantile et maternelle ont considérablement diminué au Timor oriental. Les médecins diplômés à Cuba sont présents dans l’ensemble du territoire national, ce qui a contribué à améliorer les indicateurs de santé et l’espérance de vie de la population ».

« Le peuple timorais, qui pendant de nombreuses années avait connu un manque cruel de médecins, apprécie beaucoup le travail des spécialistes cubains, qui vont prêter leurs services dans les régions les plus reculées du pays. C’est précisément ce sentiment d’humanité qui distingue la médecine cubaine  », souligne le Dr Acacio. 

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« Cuba nous a accueillis. Cuba nous a envoyé ses médecins. Je voulais être médecin pour apaiser les souffrances de nom peuple, et ce pays m’a permis de réaliser ce rêve », s’exclame, visiblement émue, la jeune Dr Johaninha da Costa, qui fait à présent des études de physiologie.

Ces médecins timorais parlent ensuite d’une histoire vécue par nombre de leurs collègues, une expérience partagée par des jeunes aux faibles revenus qui ne sont pas prêts d’oublier l’île qui de l’autre côté du monde leur a permis de réaliser leurs rêves. Ils parlent de l’École latino-américaine de médecine (ELAM), où ils ont « appris à se connaître entre eux et à faire la connaissance de nombreux autres futurs médecins de cultures et d’horizons différents ».

Mais ils parlent surtout de Fidel. « Nous sommes profondément reconnaissants au commandant en chef et à la Révolution cubaine. C’est grâce à Fidel et à la Révolution que je porte aujourd’hui une blouse blanche », signale pour sa part Manuel Francisco Costa, qui, issu d’une famille pauvre qui ne pouvait pas lui payer ses études de médecine. « Je suis médecin grâce à la pensée humaniste de Cuba et de Fidel ».

Grigorio Belo fait sa deuxième année de résidence en biochimie clinique. Il voit ce deuxième séjour à Cuba comme une occasion de « retourner dans mon pays poursuivre l’œuvre du leader de la Révolution amorcée par la brigade médicale cubaine ».

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Aujourd’hui, Isabel de Jesus Amaral étudie la spécialité d’embryologie à la Faculté des sciences médicales Victoria de Giron de La Havane. Elle s’est formée comme médecin dans son pays, auprès de professeurs cubains « toujours à l’écoute et disponibles. Jamais ne n’aurais pensé avoir la chance de devenir médecin ».

Conçue en 2011 comme la faculté numéro 13 de l’Université nationale, la Faculté de médecine du Timor oriental est actuellement encadrée par 170 professeurs cubains.

Un nombre important d’étudiants timorais qui ont commencé leurs études à Cuba sont retournés au pays effectuer leur cinquième année et ont obtenu leur diplôme dans la faculté créée par les Cubains, et ils sont fiers de prodiguer leurs dans les communautés. D’autres élargissent leur formation pour assurer la continuité de l’École de médecine du Timor oriental, et beaucoup rêvent désormais – pourquoi pas ? – de voir naître un projet comme l’ELAM dans la région de l’Asie-Pacifique.