
VILLA CLARA.— Niurka Pérez Ginoris a dû surmonter bien des obstacles dans sa carrière de professeur du primaire, mais aucun n’est comparable au jour où tout a basculé, lorsqu’une complication rénale durant la grossesse a mis la vie de sa fille Lisandra Linares en danger.
C’est alors qu’est née l’idée d’une greffe de rein de mère à fille, afin d’éviter des complications majeures. L’opération fut fixée au 18 avril à l’hôpital Arnaldo Milian Castro, dans la province centrale de Villa Clara, et serait effectuée à partir de donneurs vivants, un genre d’intervention qui ne se faisait plus dans cette institution depuis environ quatre ans.
Tout a commencé quand Lisandra a présenté des signes d’une inflammation manifeste pendant la grossesse. Les médecins lui ont diagnostiqué un syndrome néphrotique, ainsi qu’un lupus, ce qui exigeait une intervention rapide pour sauver la mère et l’enfant.
« Figurez-vous que je suis arrivée à peser jusqu’à 200 libres (environ 90 kg) à cause de l’accumulation de liquide dans mon corps, ce qui a transformé ma vie en un vrai calvaire », signale cette jeune fille de 23 ans.
C’est à ce stade-là que les médecins ont suggéré ce genre d’opération qui, à Cuba est gratuite mais ailleurs peut coûter plus de 40 000 dollars. La mère s’est tout de suite portée candidate au don pour sauver sa fille et le bébé.
« Je n’ai pas hésité un seul instant. Ils m’ont expliqué de manière très professionnelle les particularités de ce procédé, ainsi que ses avantages, ce qui a renforcé notre confiance dans le succès de l’opération », a indiqué Niurka, avant d’ajouter que « jamais je ne pourrai assez remercier l’équipe médicale pour tout ce qu’elle a fait pour mon bébé ».
Aujourd’hui, l’institutrice de l’école primaire de San Diego del Valle, dans la commune de Cifuentes, compte les jours avant la fin de leur convalescence afin de retourner dans les salles de classes « pour rendre tout ce qu’ils ont fait pour ma fille, pour cette opération qui lui donne une nouvelle chance ».
UNE ŒUVRE D’AMOUR ET DE JUSTICE SOCIALE
Avec cette greffe réalisée il y a quelques jours à Villa Clara, ce sont plus de 5 500 Cubains qui ont bénéficié de ce type de transplantation, a signalé le Dr Antonio Enamorado Casanova, responsable de ce programme à l’échelle nationale.
Il a précisé qu’à l’heure actuelle Cuba effectue en moyenne 185 greffes par an dans les neuf institutions consacrés à ce genre d’opération à La Havane, Villa Clara, Camagüey, Holguin et Santiago de Cuba, un chiffre très supérieur aux 108 enregistrées il y a cinq ans.
Il a attribué cette hausse, entre autres, à l’augmentation des opérations à partir de donneurs vivants au sein de la famille. Aujourd’hui, non seulement les parents sont concernés, mais il y a aussi les neveux, les cousins, les époux et les oncles, ce qui a contribué à améliorer les taux de survie qui à l’heure actuelle sont de 80%, a indiqué le néphrologue.
Par ailleurs, le Dr Enamorado Casanova s’est félicité de l’augmentation du taux de donneurs ces cinq dernières années (de 8 à 14 par million d’habitants), un chiffre qui traduit une meilleure prise de conscience de la famille cubaine sur l’importance des dons d’organes pour sauver des vies.
Concernant les patients cubains dialysés, il a indiqué qu’ils sont aujourd’hui plus de 3 300, et que ce traitement de suppléance très coûteux est assuré gratuitement par l’État, y compris les médicaments.
Interrogé sur le travail réalisé dans cette province, il a fait l’éloge de la compétence et du professionnalisme du groupe chargé de ces interventions dans la province, qui a déjà réalisé 463 opérations, un chiffre uniquement dépassé par l’équipe de la capitale.
À cet égard, la Dr Milagros Hernandez Hernandez, coordinatrice régional des greffes dans la région centrale, a souligné que ces résultats sont le fruit des efforts de l’État et du dévouement d’une équipe pluridisciplinaire composée de nombreux spécialistes, depuis les soins primaires jusqu’au système hospitalier, sans l’aide desquels il aurait été impossible d’obtenir de telles réussites.