ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
À cet endroit se trouvaient le restaurant Caney et Villa Bertha dans les années 1986, construits sur la dune. Les travaux menés ont permis de récupérer la plage. Photo : Courtoisie du docteur José Luis Juanes

AVEC les mangroves, la végétation des marais, les crêtes des récifs coralliens et les plages de sable constituent des éléments naturels de la protection côtière qui amortissent l’impact des vagues provoquées par les ouragans et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes.

Ce qui explique qu’au-delà de figurer parmi les options récréatives préférées d’une bonne partie de la population cubaine, notamment pendant les vacances, la sauvegarde de ces précieux écosystèmes soit aujourd’hui considérée comme une priorité cruciale pour notre pays.

À ceci s’ajoutent les risques découlant de l’élévation progressive du niveau moyen de la mer qui, dans notre région, a été de l’ordre de 6,77 centimètres de 1966 à ce jour, tandis que les prévisions récentes indiquent que ce niveau pourrait atteindre jusqu’à 27 centimètres en 2050 et 85 centimètres en 2100.

Il n’est donc pas surprenant que la Tâche No 1, et plus spécifiquement la Tâche No 3, contenues dans le Plan de l’État pour la lutte contre le changement climatique, adopté au mois d’avril dernier par le Conseil des ministres, visent à mettre en œuvre des actions et des projets destinés à conserver, préserver et réhabiliter les plages de sable de l’archipel cubain, tout en mettant un accent particulier sur les zones touristiques urbanisées et en réduisant les vulnérabilités du patrimoine urbain.

À L’AFFUT DE L’ÉROSION

En plus de représenter un grave danger pour les petits États insulaires, l’élévation du niveau moyen des océans représente l’une des principales causes de l’érosion dans beaucoup de zones côtières de la planète.

Ce processus a entraîné une diminution de la qualité environnementale de plusieurs plages de la côte ouest et sud des États-Unis, de la Jamaïque, du Mexique, de la République dominicaine, de l’Espagne, d’Amérique du Sud et de la zone de la mer Noire, pour ne citer que quelques exemples de lieux ou la dégradation des conditions naturelles a aussi été aggravée par l’action inadaptée de l’Homme.

Comme le fait remarquer à Granma le Dr ès sciences José Luis Juanes, chercheur titulaire de l’Institut des sciences de la mer, des études menées dans le cadre du Macro-projet sur les dangers et la vulnérabilité côtière pour les années 2050 et 2100 permettent de confirmer que l’érosion des plages cubaines présente un caractère généralisé, avec un rythme de régression de la ligne de la côte de 1,2 mètres par an, qui peut être supérieur dans certains points, c’est-à-dire à un rythme similaire à celui recensé pour la région de la Caraïbe.

Les causes, a-t-il expliqué, sont liées dans une large mesure à la hausse du niveau de la mer, combinée aux fortes marées associées au passage de phénomènes météorologiques de grande intensité et à un déficit sédimentaire des zones côtières.  

Un autre facteur est lié au recours, à des périodes historiques précédentes, à des pratiques nocives pour la stabilité physique des plages, notamment les constructions sur les dunes naturelles, à cause des extractions permanentes de sable pour la construction et la conception et la construction incorrecte de jetées d’entrée aux canaux et aux quais, a souligné le Dr Juanes.

Selon les études les plus récentes réalisées par les scientifiques cubains, à la fin de 2016 le nombre total de plages consignées dans le registre national de cet écosystème s’est élevé à 499 (contre 454 en 2015), et sur les 257 plages évaluées techniquement, 85% présentaient des indices d’érosion.

Ils ont également pu confirmer la disparition de dix plages de sable, comme par exemples les cas de Majana, Guanimar, Cajio, Mayabeque, Rosario et La Pepilla, situées dans le sud des provinces d’Artemisa et de Mayabeque, qui en plus d’avoir été soumises à une activité anthropique sévère et prolongée, ont été durement frappées par les fortes vagues provoquées par les ouragans Gustav et Ike en 2008 et ont été complètement rayées de la carte.

Ainsi, les nombreuses souches d’arbres dans la mer attestent de la montée des eaux et des dégâts provoqués par l’érosion.

Il a également été constaté qu’avec le passage d’ouragans de grande intensité le niveau des inondations côtières commence à couvrir les dunes à plusieurs endroits du pays. Cette tendance est à l’origine d’un transfert de sable vers les lagunes intérieures, provoquant des transformations considérables de la ligne côtière.

Les contrôles réalisés entre octobre 2015 et octobre 2016 indiquent que toutes les plages visitées conservent la structure morphologique des dunes, et l’on observe une extension et une augmentation du feuillage de la végétation, ce qui, a souligné le Dr José Luis Llanes, est le fruit de plusieurs années sans événements érosif extrêmes sur les lieux étudiés.

Mais l’analyse sédimentologique des sables des plages étudiées au cours des expéditions menées pendant ces douze mois montre une prédominance moyenne de sable et d’une composition biogénique caractérisée par un niveau élevé de maturité sédimentaire des grains, ce qui pourrait être interprété comme un signe de déficit naturel de l’apport de sable nouveau sur les plages, a-t-il commenté.

Toute la richesse des connaissances accumulées sur la question, et en particulier l’expérience des travaux destinés à la réhabilitation des tronçons de Varadero affectés par l’érosion, amorcés en 1987 et qui ont permis, entre autres effets favorables, d’élargir et de maintenir les indicateurs de qualités de la zone réservée aux baigneurs, témoignent de la volonté du pays de relever le défi consistant à lancer des actions de réhabilitation et de conservation intégrale des plages sableuses.

Les plages qui feront l’objet de ce genre de travaux à court terme sont, entre autres, Majana, Guanimar, Cajio, Mayabeque, Caimito, Tasajera, Guanabo, Veneciana, Salinas et Caracol à Cayo Las Brujas, et Playa Larga de Cayo Coco.