
(Traduction de la version sténographique du Conseil d’État)
VOTRE Excellence Monsieur Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations Unies,
Votre Excellence Madame Alicia Barcena, Secrétaire exécutive de la CEPAL,
Mesdames et Messieurs les ministres, chefs de délégation, délégués et invités,
Permettez-moi de vous souhaiter la bienvenue dans notre pays, qui s’honore d'accueillir cette 37e Période de sessions en votre présence.
Je voudrais souligner l'importance de cette réunion, qui se tient à la faveur du 70e anniversaire de la Cepal. Cela fait également 10 ans que Mme Alicia Barcena a pris la direction de la Commission, à la tête de laquelle elle a obtenu des succès dignes de félicitations.
La Cepal, qui a constitué depuis des décennies une référence en matière de connaissances économiques et sociales en Amérique latine et dans les Caraïbes, aux niveaux régional et mondial, a contribué de manière décisive à placer l'équité au cœur du développement. Elle a démontré que la région reste la plus inégale de la planète et elle a étudié certaines des causes structurelles du problème, lesquelles seront certainement abordées au cours de cette réunion.
Il nous faut transformer la culture de l'inégalité, associée au passé colonial de nos pays et qui frappe particulièrement les peuples autochtones, les personnes d'ascendance africaine, les filles et les femmes. C'est aussi, à notre avis, une conséquence de l'impérialisme, du néolibéralisme, des politiques macroéconomiques qui, pendant des décennies, ont favorisé les transnationales et accentué les différences de classes, du fait de la couleur de peau, des pays et entre les populations urbaines et rurales.
Il nous faudra également faire face à de sérieux défis, à savoir la faible croissance de la productivité, le manque de diversification de la structure de production et une faible modernisation technologique.
Nous n’avons pas d'autre choix que d'avancer vers l'intégration régionale et vers le développement avec équité, qui nous permettront d’inverser la pyramide selon laquelle, dans les principaux pays de la région, le 1% le plus riche de la population s'approprie une part énorme des richesses.
Lorsque nous avons décidé en février 2010 de créer la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (Celac), à travers laquelle, nous, les pays de Notre Amérique, avons souligné notre intention de promouvoir l'unité dans la diversité, nous nous sommes engagés à « concentrer nos efforts de politique sociale sur les populations les plus vulnérables afin de relever le défi de la pauvreté, de l'inégalité et de la faim, et d’obtenir le plus grand développement économique et social des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes sur la base de l'intégralité, de la non-discrimination et de la reconnaissance de l'individu en tant que sujet de droit.
Aussi, allons-nous continuer à promouvoir des politiques de développement social afin de garantir au niveau national une approche qui donne la priorité à des programmes visant à réduire la pauvreté, les inégalités et la faim ».
La Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes en tant que Zone de paix nous trace une voie indispensable. Nous savons qu'il ne peut y avoir de développement sans paix, ni de paix sans développement.
Chers délégués,
Comme le rapport préparé par la Cepal le souligne à juste titre, « l'inégalité n'a pas seulement des implications économiques, mais aussi politiques, sociales et culturelles ».
La répartition des revenus et des richesses constitue l'élément central pour combler cette brèche, et pour ce faire les États doivent assurer à tous l'accès à la nourriture, au travail, à une éducation de qualité, à la santé, à la culture et à de meilleures conditions de vie.
Même s’il est vrai que, comme l’indique le thème central de cette réunion, nous devons aborder le thème de « L'inefficience de l'inégalité », le véritable objectif doit être la « recherche de l'égalité des chances et de la justice sociale » et, par conséquent, la réduction et l'élimination de la pauvreté croissante, dont souffrent des centaines de millions de Latino-Américains et de
Caribéens.
L'histoire récente de la région a montré que des politiques publiques adéquates ont conduit à des résultats positifs en matière de progrès social et de croissance économique qui ont sorti des dizaines de millions de personnes de la faim, de l'analphabétisme et de l’inculture, comme le signalent les rapports de la Cepal. Il serait inacceptable et cruel de tenter d'imposer une vague néolibérale comme celle qui a déjà fait reculer nos peuples d'une décennie.
Nous devons nous battre pour que le thème de l'Agenda 2030 pour le Développement devienne une réalité, autrement dit que réellement « personne ne soit abandonné à son sort ».
Grâce à l'Accord de Paris, une voie menant à la lutte contre le changement climatique qui nous frappe tous d'une manière ou d'une autre a pu être ouverte, mais dans les États des Caraïbes, ces menaces se multiplient et font peser d'énormes tensions sur leurs économies qui exigent un traitement spécial et différencié et, en même temps, un soutien, une solidarité et une coopération accrus.
Il est essentiel que, lorsque nous abordons la question de l'inégalité, nous le fassions aussi avec l'accès au savoir.
Les technologies de l'information et des communications sont propices au développement. Afin de réduire le fossé entre « ceux qui ont » et « ceux qui n’ont pas », et entre les pays riches et les pays pauvres, il sera essentiel de tenter de combler le fossé entre « ceux qui savent » et « ceux qui ne savent pas », entre le savoir et l'ignorance.
Nous devons miser sur une utilisation de ces technologies qui favorise la solidarité sociale, crée des valeurs, contribue à la paix et à la durabilité économique, culturelle et politique de nos pays.
Par ailleurs, la monopolisation croissante des médias et la tentative d'imposer, à travers eux, une pensée unique, le consumérisme, la manipulation de la volonté des personnes et des valeurs éloignées des réalités et des aspirations de nos pays, nous obligent à la réflexion et à l’analyse permanente.
Mesdames, Messieurs les délégués,
Pour notre part, malgré les difficultés auxquelles est confrontée l'économie cubaine, notamment en raison de l'intensification du blocus imposé à Cuba depuis près de six décennies, nous continuerons de nous concentrer sur les objectifs de développement fixés afin de préserver, d'élargir et de renforcer nos acquis.
Nous travaillons à l'élaboration d'un Plan national de développement économique et social à l’horizon 2030, dont les axes stratégiques sont liés aux Objectifs de développement durable, dans le cadre du processus de mise à jour du modèle économique et social, amorcé en 2011, régi par le principe inviolable de ne laisser aucun citoyen abandonné à son sort. Nous n'appliquerons jamais les thérapies de choc bien connues qui n'affectent que les plus démunis.
En particulier, nous réitérons à cette tribune l'engagement de Cuba envers la coopération solidaire avec d'autres pays, sur la base du respect mutuel, de l'aide désintéressée et de la complémentarité. Malgré les carences et les difficultés, nous maintiendrons cette volonté, selon le principe du partage de ce que nous avons, et non de ce qu'il nous reste.
Nous avons reçu la présidence pro tempore de la Cepal pour la période 2018-2020 et de deux de ses organes subsidiaires : le Comité pour la coopération Sud-Sud et le Forum des pays d'Amérique latine et des Caraïbes sur le développement durable.
Nous l’acceptons avec un haut niveau d'engagement et de conscience des défis auxquels nous devons faire face, axés sur la promotion de la coopération entre les pays de la région dans la concrétisation du nouvel Agenda 2030. Nous nous efforcerons de soutenir la vocation de la Cepal à encourager la recherche d'un monde juste, équitable et inclusif qui reconnaît les personnes comme l'élément central du développement durable. Nous nous efforcerons de promouvoir l'unité dans la diversité.
Je tiens à remercier le gouvernement mexicain pour le travail qu'il a accompli dans le cadre de la 30e Période de sessions de la Commission durant son mandat en tant que Président pro tempore de la Commission.
Je vous souhaite beaucoup de succès dans les séances de travail que vous allez tenir dans les jours prochains et je réitère le ferme engagement de Cuba en faveur de la Cepal, de l'intégration latino-américaine et caribéenne, de la fraternité et de la solidarité entre nos pays et de la lutte commune pour le développement économique et social de l'Amérique latine et des Caraïbes, en ratifiant la théorie de José Marti, selon laquelle : « le bien de beaucoup est préférable à l'opulence de quelques-uns. »
Je vous remercie.
(Applaudissements)