ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN

Il s'avère que le « dialogue » est le dernier étendard brandi par la contre-révolution à Cuba, laquelle, sous le nom d’« Articulation plébéienne », sans soutien populaire, s’installe sous forme d'une « table ronde sur l'internet pour maintenir active leur besogne de délégitimer l'institutionnalité cubaine. Le temps passe à toute vitesse, notamment dans le monde éphémère des réseaux sociaux numériques, et avant que cette tentative ne devienne un nouvel échec dans la liste des actions soutenues par le Nord pour obtenir un changement à Cuba, il serait peut-être utile de donner quelques précisions :

Le contexte dans lequel surgit cette Articulation est celui de la tentative de coup d'État en douceur qui a eu lieu dans notre pays [au mois de novembre] à partir d'un simulacre de grève de la faim, lancée à la suite de l'emprisonnement pour outrage à la police d'un partisan auto-proclamé de la campagne Trump 2020. Parmi les signataires de ce groupe figurent des personnes connues pour leur parcours de « salariés » des États-Unis, travaillant à la subversion à Cuba, parmi lesquelles des journalistes de médias rémunérés par des organisations de droite qui, de tout temps, ont servi d'écran aux ingérences dans les enclaves géopolitiques qui intéressent ce pays.

Ils ne recherchent pas le dialogue, ils cherchent à se légitimer comme l'alternative « démocratique » pour le changement de système à Cuba, et cela c'est, politiquement parlant, un autre programme. Dans ce sens, nombre des membres de cette Articulation parlent de pluralité politique, non seulement en termes de reconnaissance du fait que celle-ci existe vraiment, ce qui est indéniable, mais ils font pression pour le multipartisme, afin de permettre l’entrée au Parlement cubain et dans les organes de l'administration de l'État, aux intérêts économiques et politiques du centre et de la droite, qui, en fait, ne seraient rien d’autre que des intérêts de classe liés aux États-Unis, comme cela se passe dans la plupart des pays de la région, et comme cela s'est passé à Cuba avant 1959, lesquels feraient pression pour le rétablissement du capitalisme. Il s'agit, avant toute chose, d'une exigence anticonstitutionnelle qui s'oppose au consensus exprimé par la majorité du peuple cubain lorsqu’il a approuvé sa Constitution.

Le concept de démocratie dans le discours de ce groupe est vide de sens, il n’existe pas de véritable préoccupation pour un approfondissement de la démocratie dans la société cubaine, dans la mesure où cette Articulation ouvre un espace à la droite réactionnaire, principale menace pour la démocratie dans la région et dans le monde.

Ils ne pourront pas garantir un projet de nation souveraine, tant que seront présents, avec un rôle de premier plan, ceux qui travaillent pour des médias et des organisations d'un gouvernement étranger, tout en lui demandant une médiation pour la résolution de nos affaires intérieures. Ce n'est pas un hasard si l'une des participantes à la table en question a rédigé une lettre adressée au gouvernement étasunien lui demandant de mettre des conditions à la levée du blocus contre notre pays, ce qui, au-delà d’être un acte de reddition, est un sabotage du travail de notre diplomatie, en représentation réelle de notre peuple, visant la levée du blocus et de l'évolution vers un scénario de reprise des relations avec ce pays.

Ils ne représentent pas la voix de la société civile cubaine, comme ils prétendent le faire croire, car ils ignorent, dans cette prétention, plus de 86 % des Cubains, parmi lesquels nous nous trouvons, nous tous qui, sans cesser d’être critiques de notre réalité et souhaiter un pays plus prospère, ne voulons abandonner ni le socialisme ni la souveraineté nationale.

Ils se déclarent socialistes démocratiques pour, dans la pratique, ne pas dépasser les lieux communs du discours libéral utilisé par la droite internationale en vue d’implanter le néolibéralisme dans le monde entier. [Au cours du débat], nous avons entendu des abstractions et des non-sens tels que « démocratie sans nom » ou « le contraire du capitalisme, ce n'est pas le socialisme, mais la démocratie », qui montrent clairement l'horizon idéologique du « dialogue » auquel nous convoque l'Articulation.

À mon sens, le dialogue et le débat doivent continuer à être des composantes essentielles de notre système politique. Et je dis « continuer » parce que le dialogue à Cuba ne commence évidemment pas maintenant avec la convocation lancée par cette Articulation. Je pense que nous sommes d'accord sur ce point, même si les mécanismes de nos institutions et organisations pour le promouvoir et en faire en un instrument plus efficace pour améliorer leur fonction de service social doivent être perfectionnés et adaptés aux dynamiques propres à une société qui a changé.

Démasquer les farces qui nous sont proposées, déguisées en dialogue grâce aux millions de dollars destinés à la subversion à Cuba, à travers des mécanismes, des événements et des publications sur Internet, qui ont réussi pour la première fois à fabriquer des leaders d'opinion avec des sympathies dans des secteurs minoritaires de l'intelligentsia cubaine, exige non seulement des dénonciations, mais nous impose aussi de renouveler les formes de communication, de mobiliser et de faire de la politique, de construire les consensus, de promouvoir le dialogue authentique et profondément connecté avec le peuple, et participer aux problèmes fondamentaux du pays. C'est la seule façon dont nous pourrons fermer la moindre brèche dans l'opération en cours visant un changement de système politique, laquelle, loin de diminuer dans les mois et les années à venir, va augmenter.

Ceux d'entre nous qui ont vécu dans d'autres sociétés ont pu constater que Cuba est peut-être le pays de la région où les gens délibèrent et discutent le plus à propos de questions politiques d’actualité et dans les espaces habituels de leur vie quotidienne.

Récemment, la Constitution a fait l'objet de débats, de même que les Orientations auparavant, dans le cadre d'exercices de participation populaire sans précédent à l'heure actuelle, y compris dans toute démocratie libérale contemporaine. Or, les porte-parole de la politique importée ne considèrent pas ces discussions comme un dialogue. Il semblerait que le dialogue n’existe que s’il se fait à travers des canaux étrangers à l'institutionnalité cubaine et dans une hostilité ouverte à la Révolution, même s’ils tentent de le faire passer pour autre chose.