ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Photo: Estudio Revolución

(Traduction de la version sténographique de la Présidence de la République)

Monsieur le Secrétaire général ;
Monsieur le Président :
Le monde devrait avoir honte d'observer la piètre réalisation des accords universels qui étaient autrefois l'espoir des exclus et des dépossédés.
Vingt ans après l'adoption de la Déclaration et du Programme d'action de Durban, les objectifs définis dans ces documents pour la lutte contre toutes les formes de racisme, de discrimination raciale, de xénophobie et d'intolérance qui y sont associée n'ont pas été atteints.
Le racisme structurel persiste. Les discours de haine, l'intolérance, la xénophobie et la discrimination prolifèrent à des niveaux inquiétants, notamment sur les médias sociaux et autres plateformes de communication.
Certains pays capitalistes développés tentent par des discours démagogiques de détourner l'attention de leur responsabilité historique dans l'intronisation et la persistance de ces fléaux et de leur dette envers les peuples victimes de l'esclavage auquel ils ont été soumis. Ces mêmes pays manquent de volonté politique pour faire des promesses de la Déclaration et du Programme d'action de Durban une réalité.
La crise multidimensionnelle générée par la pandémie de COVID-19 a exacerbé les inégalités structurelles et l'exclusion inhérentes à l'ordre économique injuste en vigueur, qui soumet les pauvres, les personnes d'ascendance africaine et les migrants à toutes sortes de discriminations.
Monsieur le Président :
À Cuba, au-delà de la couleur de la peau, les gènes africains, européens et amérindiens sont tous mélangés [1]. Nous sommes un peuple, afro-latin, caribéen, métis, dans lequel diverses racines ont fusionné pour forger un tronc unique, vigoureux, avec une identité propre, ouvert sur le monde à partir d'un sentiment d'appartenance dans lequel les valeurs culturelles sont assumées à partir d'une éthique de solidarité.
Avec un passé colonial esclavagiste, la population cubaine noire et mulâtre a subi pendant des siècles les conséquences d'un système dans lequel le racisme et la discrimination raciale faisaient partie de la vie quotidienne. Ce n'est qu'avec le triomphe de la Révolution cubaine, en 1959, qu'un processus de transformations radicales a eu lieu, démolissant les bases structurelles du racisme et éliminant à jamais la discrimination raciale institutionnalisée.
L'appel à la haine, la promotion de l'intolérance et des idées suprématistes sur la base de l'origine nationale, religieuse ou ethnique et la xénophobie sont étrangers à la vie politique, sociale et économique de notre pays.
La nouvelle Constitution de la République de Cuba a ratifié et renforcé la reconnaissance et la protection du droit à l'égalité, ainsi que l'interdiction de la discrimination.
Notre Constitution stipule que toutes les personnes sont égales devant la loi, reçoivent une protection et un traitement égaux de la part des autorités et jouissent des mêmes droits, libertés et opportunités ; mais les lois et les décrets ne suffisent pas à effacer des siècles de pratiques discriminatoires dans les sociétés.
Afin de faire avancer l'œuvre émancipatrice de la Révolution, le Plan national contre le racisme et la discrimination raciale a été approuvé en novembre 2019, en tant que programme gouvernemental favorisant une lutte plus efficace contre les préjugés raciaux et les problèmes sociaux qui subsistent dans notre société.
L'engagement de Cuba à éradiquer le racisme dépasse ses frontières. Des milliers de Cubains ont soutenu les mouvements de libération nationale en Afrique et contre le régime oppressif de l'apartheid. Des milliers d'autres compatriotes ont apporté une aide solidaire, notamment dans le domaine de la santé.
Nous ne relâcherons pas nos efforts dans la poursuite d'une justice sociale totale. Les peuples du monde pourront toujours compter sur la contribution de Cuba pour que les engagements que nous avons pris il y a 20 ans à Durban deviennent une réalité.
Je vous remercie.
[1] La Carte génétique cubaine, lauréate du prix 2015 de l'Académie des sciences de Cuba, a révélé qu'en moyenne, sans distinction de couleur de peau, le métissage génétique marquait la présence de gènes ancestraux européens dans une proportion de 73,8 %, de 16,8 % d'origine africaine et de 9,4 % de gènes d'origine amérindienne.