ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN

• Lors de son intervention à l’émission télévisée La table ronde, le vice-Premier ministre Alejandro Gil Fernandez, ministre de l'Économie et de la Planification a déclaré qu’à la fin de l'année dernière, à l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, il avait été annoncé à propos de la projection de l'économie un objectif de croissance de l’ordre de 4 % en 2022, et que cet objectif se maintenait.
Il a ajouté que, malgré une année 2020 très tendue, avec un ralentissement économique et une année 2021 avec une légère croissance d'environ 2%, les indicateurs de ce premier mois de 2022 sont conformes aux projections.
Par exemple, a-t-il souligné, nous avons environ 86 000 visiteurs dans le pays. Si nous comparons ce chiffre aux 22 000 de la même période en 2021, même si à cette époque l'activité économique et sociale était pratiquement fermée, la croissance est notable.
Par ailleurs, en janvier de cette année, nous avons pu collecter environ 30 000 tonnes de produits agricoles de plus qu'en janvier 2021, autrement dit, les effets des 63 mesures de stimulation de l'activité agricole commencent à se faire sentir, a ajouté Gil Fernandez.
C'est nouveau, bien sûr, mais la situation est plus favorable que l'année dernière, a-t-il déclaré.
En outre, nous avons continué à faire des progrès dans l'expansion et le perfectionnement du secteur non étatique. Chaque semaine, de nouveaux acteurs économiques s'incorporent au tissu productif, et nous approchons des 2 000 micro, petites et moyennes entreprises (mpme), qui auront un impact plus important cette année, car nous sommes encore dans le processus de constitution, d'enregistrement, de création de conditions, etc.
Il a signalé qu'il existe actuellement
8 000 travailleurs à leur compte avec plus de 3 employés sous contrat, c'est-à-dire qu'ils vont se convertir en mpme ou en coopérative, ce qui signifie que la participation de ces acteurs va continuer à s'étendre, en  tant que complément de notre modèle économique, tel que cela a été conçu.
Il a également souligné que les nouveaux acteurs ont généré plus de 30 000 emplois, alors que tous ceux qui ont été approuvés ne sont pas des reconversions, mais que 40% des mpme et des coopératives sont de nouvelles entreprises.
Tout cela va dans le sens d'une augmentation de l'offre, bien qu'il existe des restrictions matérielles dans le pays, qui sont les questions qui compliquent le plus la dynamique de croissance des niveaux d'activité de l'économie, mais c'est un signe favorable, c'est une mesure qui donne des résultats, a-t-il reconnu.
Dans un autre ordre d'idées, il a expliqué qu’un travail a été mené sur l'augmentation des facultés de l'entreprise d’État et qu’environ 200 d’entre elles appliquent déjà la nouvelle organisation salariale, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas soumises à l'application obligatoire de la grille des salaires, ce qui concerne environ 275 000 travailleurs.
À cet égard, le vice-Premier ministre a signalé qu'il s'agit d'une mesure audacieuse et sans précédent, qui sera plus largement appliquée en 2022. Elle concernera progressivement les autres entreprises d’État, à condition qu'elles respectent les paramètres établis pour cette formule, qui implique une plus grande autonomie dans la décision de la mise en place du système salarial et une plus grande responsabilité de l'entreprise d’État dans la conduite de ces politiques, a-t-il souligné.
Nous avons continué à générer de l'emploi, et il a rappelé qu'en général, plus de 200 000 emplois ont été créés au milieu d'une situation de restrictions économiques, et, a-t-il dit : « c'est l'un de nos principaux défis, alors que l'économie se redresse progressivement, tant dans les secteurs étatiques que non étatiques. »
Il a également fait valoir qu'une plus grande stabilité a été atteinte dans le système électrique national.
Bien que ces derniers jours nous ayons eu plusieurs pannes d’électricité, il y a eu une amélioration par rapport aux périodes précédentes, ce qui est très important tant pour la vie de la population que pour l'activité économique, c’est pourquoi nous avons renforcé la livraison de combustible pour la génération, la maintenance a été effectuée et nous avons installé une nouvelle plate-forme de génération mobile, a-t-il dit.
« Nous apprécions, dans toute cette complexité et avec un niveau d'offres toujours inférieur à la demande, qu'après trois trimestres, au cours desquels la décroissance de l'économie a été stoppée, nous avons commencé une reprise et nous pouvons dire qu'elle se poursuit au premier trimestre 2022, selon les résultats de janvier et les perspectives de février et de mars », a-t-il ajouté.
Il n'y a pas le moindre doute, a-t-il estimé, que l'économie est dans une situation très tendue, le pays vit une situation exceptionnelle, avec toutes les complexités auxquelles s’ajoute le renforcement du blocus.
Sur cet dernier point, il a déclaré qu'il ne s'agit pas d'une justification, bien que nous devions nous reprendre, car le blocus n'est pas insurmontable et il existe depuis plus de 60 ans. Le blocus d'aujourd'hui n'est pas le même qu'en 2018 ou 2019, car avec les 243 mesures, il s'est intensifié, profitant du moment le plus cruel, celui de la pandémie, et cela rend la situation plus complexe.
Toutefois, a-t-il dit, nous avons observé des indicateurs favorables en février.  7 000 tonnes de produits agricoles de plus qu'à la même période l'année dernière ont été collectées, même s’il existe encore un déficit par rapport à la demande, nous allons dans une meilleure direction, a-t-il déclaré.
RENFORCER L'ENTREPRISE D’ÉTAT
SOCIALISTE EN TANT QUE PRINCIPAL
ACTEUR ÉCONOMIQUE
Dans son intervention, Gil Fernandez a souligné qu'en plus de l'expansion du secteur étatique et de l'amélioration du travail indépendant, avec les mpme et les coopératives non agricoles, nous déployons des efforts accélérés pour accroître l'autonomie et la gestion de l'entreprise d’État socialiste.
« Je dois dire que nous avons des faiblesses et des insatisfactions, car nous pensons qu'il existe un cadre d'action plus large et plus souple que celui dont nous apprécions parfois la mise en œuvre, notamment dans le secteur d’État, c’est pourquoi nous travaillons dans cette direction. »
Le ministre de l'Économie et de la Planification a ajouté que cette année doit être une année – comme l'a dit le général Raul Castro Ruz – de bouleversement de l'entreprise d’État socialiste qui est, de plus, le principal sujet économique de notre modèle de développement.
Il a également fait remarquer qu'il existe des problèmes objectifs : le blocus, le manque de devises étrangères, d’infrastructures et de logistique, mais il est également vrai que nous avons un grand potentiel que nous n’avons pas privilégié et dont nous n'avons pas profité, et c'est là que nous devons nous concentrer.
Il a déclaré que plus de 500 entreprises ont été identifiées comme étant déficitaires, « mais nous ne pouvons pas appliquer le même critère à tous les cas, car beaucoup d'entre elles l’étaient déjà auparavant et nous ne l'avions pas vu, parce que l'économie fonctionnait avec un taux de change de 1 peso pour 1 cuc, les importations étaient très bon marché en monnaie nationale et les bénéfices étaient réalisés avec peu d'activité ».
Il a ajouté également que la dévaluation de la monnaie nationale a permis de rendre transparent un ensemble d'opérations dans l'économie, qui auparavant donnaient des bénéfices aux entreprises, mais pas au pays, si bien qu’il n'y avait aucune incitation à exporter.
Dans ce contexte, a souligné le vice-Premier ministre, nous sommes en train de revoir « une par une » les raisons pour lesquelles les entreprises fonctionnent à perte, et il y a aussi une série de complexités que nous devons clarifier en 2022.
Gil Fernandez a souligné que l'année 2021 a été complexe, car elle a commencé avec la dévaluation du peso cubain et un ensemble de phénomènes qui n'étaient pas visibles sont remontés à la surface, c'est pourquoi, a-t-il souligné, la question des entreprises déficitaires est prioritaire, et dans la conception du plan 2022 nous travaillons avec celles qui continuent à avoir ces problèmes, pour leur révision.
« Nous n’avançons pas en permettant, de manière généralisée, que tous les coûts soient exprimés dans les prix, car nous renoncerions à la possibilité de procéder à un ajustement en faveur de l’efficience », a-t-il souligné, en insistant sur le fait que l’on travaille à éliminer les obstacles qui freinent l’économie.
Il a insisté sur le fait que les enchaînements de production entre les différents acteurs économiques est le gain de ce modèle, car c'est une seule économie qui se fournit de biens et de services.
Il a également souligné qu'il existe encore des obstacles subjectifs, c'est pourquoi nous appelons à travailler sans crainte, à chercher des solutions.
Par ailleurs, a-t-il dit, il nous semble que nous avons fait des progrès dans le processus de discussion, dans les assemblées municipales du Pouvoir populaire et avec les travailleurs, sur le Plan d'économie et le Budget. Cette année a été un processus qualitativement supérieur et nous devons continuer à le perfectionner, et nous réfléchissons à comment nous allons le faire pour 2023, a-t-il dit.
Il a également souligné que nous avons maintenu les niveaux de dépenses sociales sans disposer des revenus. « Nous avons même mis de l'argent  en circulation sans soutien productif pour protéger les travailleurs dont l’emploi avait été fermé », a-t-il déclaré.
Aujourd'hui, notre déficit budgétaire est plus important que nous le souhaiterions et nous devons travailler pour le réduire, sans politiques de choc, ce qui constitue un grand défi pour le pays, a conclu Gil Fernandez.