ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Lopez Obrador a été décoré par le président Diaz-Canel de l'Ordre national José Marti. Photo: Estudios Revolución

 « La Révolution cubaine vous assure qu'elle poursuivra sa marche triomphale d'espoir et d'avenir, et que le Mexique pourra toujours compter sur Cuba », a déclaré le Premier secrétaire du Comité central du Parti et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, à son homologue Andrés Manuel Lopez Obrador, arrivé sur l'Île le samedi 7 mai pour une visite de travail, dernière étape de sa tournée en Amérique centrale et dans les Caraïbes.
Tout au long de la visite, les deux dirigeants se sont traités comme des amis, comme des frères. Dans les déclarations finales adressées à leurs délégations et à la presse accréditée pour la visite, Diaz-Canel lui a déclaré : « Notre peuple, cher Président, ami, vous reçoit avec beaucoup d'affection, de respect et avec l'admiration que vous ont valus vos nombreuses déclarations et vos gestes envers Cuba. »
« Les relations entre le Mexique et Cuba sont, comme vous l'avez exprimé, historiques et étroites », lui a-t-il dit plus tard.
Commentant le discours d'un peu plus de 40 minutes que Lopez Obrador avait prononcé auparavant, Diaz-Canel lui a déclaré qu'il avait « donné une leçon sur le fait que dans l'histoire même entre le Mexique et Cuba, se trouvent les raisons de justifier, de nourrir, de continuer à renforcer ces relations ».
« C'est précisément à ces fins que se déroule cette visite », a-t-il ajouté, « qui confirme la nature de ces liens et ouvre une voie pour leur avancement et leur approfondissement ».
Le président cubain a annoncé qu'au cours de la séance du matin, après les entretiens officiels entre les deux délégations, une Déclaration avait été signée « qui consolide une nouvelle étape dans les relations bilatérales entre le Mexique et Cuba ». Il a également annoncé que les responsables de la santé des deux gouvernements avaient  signé « un accord de coopération qui facilite la mise à profit de tout le potentiel sanitaire et scientifique, les efforts et les dispositions conjointes que nos deux pays peuvent développer dans le domaine de la santé, au bénéfice de nos peuples dans ce noble domaine ».
« La Déclaration que nous adoptons reconnaît l'engagement des deux pays envers la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme zone de paix, créée lors d'un Sommet de la Celac ici à La Havane (2014), et le respect des deux nations envers le Droit international », a-t-il ajouté.
« J'ai également exprimé à notre ami le président Lopez Obrador notre considération et notre reconnaissance pour son rôle en faveur de l'intégration de Notre Amérique, qu’il a démontré par le travail remarquable du Mexique à la tête de la présidence pro tempore de la Celac l'année dernière, et sa défense du plein respect de la souveraineté et de l'intégrité des États, comme l'a toujours proclamé Benito Juarez.
« Nous sommes d'accord sur l’incongruité des exclusions injustifiées de pays de notre région des événements hémisphériques, comme cela semble être ce qui va se passer dans ce que l'on pourrait déjà appeler le "soi-disant Sommet des Amériques" ». Comme l'a déclaré le président Lopez Obrador, les relations hémisphériques doivent changer en profondeur.
Le chef d'État cubain a également remercié son homologue pour les condoléances qu’il a adressées au peuple cubain après les événements de ces derniers jours, en référence à la catastrophe de l'hôtel Saratoga.
Auparavant, Lopez Obrador avait passé en revue l'histoire des relations entre Cuba et le Mexique, les liens étroits entre les patriotes importants des deux pays autrefois, ainsi que leur soutien et leur participation aux luttes des deux peuples du 19e siècle à nos jours.
Lopez Obrador a également ratifié sa position concernant le blocus de Cuba par le gouvernement des États-Unis.
« Mais je maintiens également que l'heure est venue de la fraternité et non de la confrontation. Comme l'a souligné José Marti, le choc peut être évité, "avec le tact politique exquis que confère la majesté du désintéressement et de la souveraineté de l'amour". Il est temps d'instaurer une nouvelle coexistence entre tous les pays des Amériques, car le modèle imposé il y a plus de deux siècles est épuisé, il n’a ni avenir ni issue, et ne bénéficie plus à personne. Nous devons mettre de côté le dilemme qui consiste à s'intégrer aux États-Unis ou à s'y opposer de manière défensive.

Les responsables de la santé des deux gouvernements ont signé un accord de coopération qui permet de tirer parti de tout le potentiel sanitaire et scientifique, des efforts conjoints et des dispositions que nos deux pays peuvent développer dans ce domaine. Photo: Endrys Correa Vaillant

« Il est temps d'exprimer et d'explorer une autre option : celle du dialogue avec les dirigeants étasuniens et de les convaincre et les persuader qu'une nouvelle relation entre les pays des Amériques est possible.
« Notre proposition peut sembler utopique et même naïve, or au lieu de nous fermer, nous devons nous ouvrir à un dialogue engagé et franc, et rechercher l'unité de tout le continent américain.
« De plus, je ne vois pas d'autre alternative face à la croissance exponentielle de l'économie dans d'autres régions du monde et au déclin productif de l'ensemble de toute l’Amérique. »
Pour l'Amérique, a déclaré plus loin Lopez Obrador, « la proposition n'est ni plus ni moins que de construire quelque chose de similaire à l'Union européenne, mais en accord avec notre histoire, notre réalité et nos identités. Dans cet esprit, il ne faut pas exclure l’idée de remplacer l'OEA par un organisme véritablement autonome, et non le laquais de quiconque, mais un médiateur, à la demande et à l'acceptation des parties en conflit, en matière de droits de l'homme et de démocratie. Bien que ce qui est proposé ici puisse sembler un rêve, il faut considérer que sans l'horizon des idéaux on n'arrive nulle part et que, par conséquent, cela vaut la peine d'essayer. C'est une grande tâche pour de bons diplomates et des politiciens comme il en existe, heureusement, dans tous les pays de notre continent.
« Pour notre part, nous pensons que l'intégration, dans le respect des souverainetés et des formes de gouvernement, et l'application correcte d'un traité de développement économique et commercial, est dans notre intérêt à tous, et que personne n'y perd. Ce serait au contraire la sortie la plus efficace et la plus responsable face à la forte concurrence qui existe, qui augmentera avec le temps et qui, si nous ne faisons rien pour nous unir, nous renforcer et sortir victorieux à égalité des chances, conduira inévitablement au déclin de toutes les Amériques. »
À un autre moment de son discours, le président mexicain a déclaré : « Avec tout le respect dû à la souveraineté et à l'indépendance de Cuba, je vous déclare que je continuerai à insister pour faire en sorte, dans un premier temps, que les États-Unis lèvent le blocus contre ce pays frère afin de commencer à rétablir des relations de coopération et d'amitié entre les peuples des deux nations.
« Por cette raison, j'insisterai auprès du président Biden pour qu'aucun pays d'Amérique latine et des Caraïbes ne soit exclu du Sommet qui se tiendra le mois prochain, à Los Angeles, en Californie, et pour que les autorités de chaque pays décident librement de participer ou non à cette rencontre, mais que personne n’exclut qui que ce soit. »
Au terme de son intervention, le dirigeant mexicain a déclaré : « À titre personnel, je maintiens que je ne mise pas sur l'échec de la Révolution cubaine, de son héritage de justice et de ses leçons d'indépendance et de dignité. Je ne m’associerai jamais à des putschistes qui conspirent contre les idéaux d'égalité et de fraternité universelle. La régression est décadence et désolation, c'est une question de pouvoir et non d'humanité. Je préfère continuer à conserver l'espoir que la Révolution renaît dans la Révolution, et ici à Cuba se trouve la nouvelle leçon majeure : ce peuple démontrera une fois de plus que la raison est plus puissante que la force. »