ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Bien qu'encore insuffisant, l'impact des 63 mesures sur l'agriculture a favorisé une plus grande présence d’aliments, de légumes et autres produits sur les marchés et a contribué à une certaine stabilité des prix. Photo: Ariel Cecilio Lemus

Au cours des premiers mois de cette année, le processus de redressement progressif de l'économie nationale se poursuit, a déclaré le vice-Premier ministre et ministre de l'Économie et de la Planification, Alejandro Gil Fernandez, en présentant aux députés un résumé des résultats du premier trimestre de 2022.

À la fin du mois de mars, a-t-il dit, les exportations de biens ont atteint 590 millions de dollars, ce qui représente une croissance de 162 millions de dollars par rapport à la même période de l'année dernière. Par ailleurs, a-t-il dit, les recettes totales en devises étrangères ont dépassé 493 millions de dollars, tandis que les importations de marchandises ont également atteint 2 397 millions de dollars.

Un autre signe favorable, a-t-il souligné, est le comportement du stockage de produits destinés aux marchés agricoles, résultat de l'impact des 63 mesures dans l'agriculture, qui ont entraîné une plus grande présence de racines comestibles, de légumes et autres produits sur les marchés. Cela contribue également à une certaine stabilité des prix, qui est encore insuffisante, a-t-il reconnu.

À propos du commerce de détail, qui va nous permettre de récupérer la monnaie en circulation et de maintenir l'équilibre monétaire interne, il a signalé qu'il s'élevait à 42 743 millions de pesos.

Quant à l'activité des entreprises, il a précisé que les ventes nettes totales s'élèvent à 283 429 millions de pesos, ce qui représente 109 % du respect du plan.

Toutefois, a-t-il prévenu, cela ne signifie pas que nous travaillons avec une plus grande efficience ou productivité, mais plutôt en termes de qualité du plan.

Il est également inquiétant, a-t-il dit, que 533 entreprises, soit près de 30 % du total du pays, déclarent des bénéfices supérieurs de 50 % à ce qu'elles avaient prévu. Selon lui, c'est le signe que quelque chose ne fonctionne pas, et qu'il est nécessaire que les plans soient établis en fonction du potentiel objectif. « Il faut approfondir dans ce domaine, car le plan doit être la feuille de route, un instrument de pilotage de l'économie », a-t-il réaffirmé.

Par ailleurs, 411 entreprises enregistrent des pertes, tandis que 314 d’entre elles paient désormais leurs travailleurs sans être obligées de suivre la grille salariale du pays, conformément aux flexibilités autorisées par la loi.

Gil Fernandez a affirmé que la reprise économique est un processus plein de défis, face à la croissance des prix des matières premières sur le marché international et aux contradictions internes de notre économie, à l'existence d'un marché des changes informel et à d'autres complexités qui, à leur tour, deviennent des défis et que « nous avons surmontés, en cherchant différentes alternatives ».


Au cours de son intervention, il a également évoqué la reprise de l'activité sociale à Cuba et il a mentionné, à titre d'exemple, la reprise de l'année scolaire dans les écoles, la réactivation des événements sportifs prévus et la mise en œuvre d'activités récréatives et culturelles.

Il a souligné que l'assistance sociale protège actuellement 191 965 ménages, soit 364 905 personnes bénéficiaires, et que plus de 132 millions de pesos de ressources ont été accordés aux familles en situation de vulnérabilité.

RÉTABLIR LE POUVOIR D'ACHAT DES REVENUS

Selon le responsable du ministère de l'Économie et de la Planification, certaines des conditions qui affectent actuellement le redressement de l'économie nationale sont le manque de disponibilité de carburant et de devises étrangères, l'augmentation des prix des importations alimentaires, le niveau de déséquilibre macroéconomique, le développement dans différents environnements de change pour le secteur étatique et non étatique, ainsi que la détérioration du pouvoir d'achat des salaires et l'augmentation de l'indice des prix à la consommation.

Au milieu d'un tel scénario, et malgré l'augmentation des prix des produits importés et des taux de fret, le panier alimentaire de base, à prix subventionnés, destiné à la population et la prise en charge des plus vulnérables ont été assurés, a-t-il signalé.

De même, un ensemble de prix est resté stable dans l'économie, principalement lié aux services, contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays, qui souffrent également d'inflation, a-t-il déclaré.

Gil Fernandez a ensuite abordé un point étroitement lié à la détérioration du pouvoir d'achat des salaires. Il a signalé que durant les premiers mois de l'année, il y a eu un ralentissement de la croissance des prix, ce qui ne signifie pas que l'inflation a été éliminée, mais plutôt qu'il y a une plus grande stabilité dans les offres et dans les prix de celles-ci, même si elles sont encore chères.

L'approche prioritaire serait que plutôt que de se concentrer sur la baisse des prix – ce qui est très difficile, car ils continuent de croître au niveau international – ou de penser que les subventions publiques à ces prix sont la réponse pour contenir l'inflation, nous devons nous concentrer sur le redressement progressif du pouvoir d'achat des revenus, a-t-il indiqué.

Cet objectif, a-t-il dit, peut être atteint en augmentant la production. « Le défi est d'y parvenir avec une plus grande efficacité, d'injecter de l'offre, de maîtriser l'inflation et de retrouver le pouvoir d'achat des salaires. »

UN SYSTÈME DE CHANGE POUR LA VENTE DE DEVISES AUX ACTEURS ÉCONOMIQUES

Lors de son discours au Parlement, le vice-Premier ministre a annoncé la mise à jour, par le biais de 158 nouvelles mesures, de la stratégie économique et sociale dans la mise en œuvre des Orientations pour la période 2021-2026.

Il a souligné la décision de lancer, de manière progressive et sélective, un système de change pour la vente de MLC (devises) aux fournisseurs nationaux étatiques et non étatiques, en passant avec eux des contrats sur des niveaux de production et des prix, en vue de leur commercialisation en pesos cubains.

À propos de cette mesure, il a souligné que, dans le scénario actuel de notre économie, il n'est pas possible de fournir un approvisionnement stable en devises étrangères sur un marché des changes à un taux de 1 USD X 24 CUP, car il serait impossible de le maintenir.

Cependant, nous savons qu'il existe une pièce manquante dans le schéma monétaire du pays, à savoir la vente de devises étrangères, qui génère un écart important entre le taux de change formel et informel, a-t-il reconnu.

Ainsi, a-t-il poursuivi, nous devons gérer la disponibilité des devises et prendre progressivement et sélectivement les premières mesures pour créer un système de répartition secondaire. De cette manière, les devises étrangères seraient vendues à des acteurs économiques étatiques et non étatiques, à un taux de change supérieur à 1 X 24, mais inférieur au taux de change informel, a-t-il déclaré.

Une telle décision, a-t-il dit, nous permettra de soutenir certaines importations pour assurer une production, qui sera ensuite commercialisée à la population en pesos cubains, par le biais d'entités publiques. En outre, cela nous amène à créer les conditions pour, à l'avenir, avoir un marché des changes et penser à rétablir la vente de devises à la population, a-t-il ajouté.

Une autre des mesures contenues dans la stratégie est d'étudier en détail toutes les entreprises déficitaires, afin d'adopter les dispositions correspondantes, et d'établir une réglementation qui régule les types de biens et de services que les entreprises nationales peuvent vendre en devises à travers le commerce électronique.

De même, il a été défini de donner la priorité à la fourniture de produits nationaux de ligne économique aux magasins en CUP (peso cubain) et aussi de promouvoir la participation du secteur non étatique comme fournisseur de ces chaînes de magasins, a-t-il ajouté.

Une prise en charge prioritaire aux individus, familles, ménages et communautés en situation de vulnérabilité ; la proposition de nouvelles transformations pour le perfectionnement de l'entreprise publique socialiste ; la conduite du processus de création de nouveaux acteurs économiques et leur insertion effective dans l'économie nationale, et l'évaluation des expériences internationales en relation avec les crypto-monnaies et leur possible utilisation à Cuba, font également partie de cette mise à jour.

AUGMENTATION DE LA PRODUCTION ET GESTION EFFICACE

Lors du débat sur la mise à jour de la stratégie économique et sociale, Ydael Pérez Brito, député de la municipalité de Baragua, dans la province de Ciego de Avila  et ministre de l'Agriculture, a souligné que ce système doit fonctionner immédiatement pour mettre en œuvre les 63 mesures approuvées pour le secteur.

Il reste à travailler davantage, a-t-il dit, sur la réorganisation des groupes d'entreprises, et il a ajouté qu'il existe des défis en termes de structures au niveau de l'État, notamment en ce qui concerne le renforcement des délégations municipales et provinciales.

Il a également précisé combien il est nécessaire, pour augmenter la production, de gérer efficacement la main-d'œuvre avec les collectifs de travail, et de continuer à attribuer des terres en friche, mais aux producteurs qui ont obtenu les meilleurs résultats.

Esteban Lazo Hernandez, président de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, a jugé opportun de rappeler que la plus grande valeur des 63 mesures est qu'elles sont venues de la base, de l'opinion des producteurs, et, a-t-il conclu : « si nous la réussite de cette stratégie, qui ne résoudra pas les problèmes immédiatement, mais progressivement, nous devons partir du critère que tout le monde doit y participer. »