
Sur la zone du commandement spécial N° 2 Superpétroliers de Matanzas, où se trouvent en ce moment des pompiers, des sauveteurs et des hommes et des femmes courageux venus de nombreuses régions de Cuba, qu’importe si l’on est dimanche ou si la nuit tombe.
Beaucoup d’entre eux ignorent même quel jour de la semaine on est exactement ; on compte le temps avec les heures qui se sont écoulées, avec « le nombre de fois où je suis entré et sorti », ou par « les appels que j’ai reçus de mes "vieux" ».
Plusieurs ont des brûlures à l'arrière du cou ou aux oreilles, une main ou un pied bandé, et ils sont là, se reposant sous une tente, sur l'herbe, dans des conditions clairement improvisées. « Nous pourrions aller dans les lieux qui ont été préparés dans la ville », disent-ils, « mais personne ne veut partir d'ici, c’est ici que se trouve les nôtres ».
Un peu plus loin, sur la base des superpétroliers, la présence du feu est proche et menaçante, et les ouvriers et les chefs travaillent avec un sang-froid qui étonne : il s'agit d'installer d'autres pompes, de parvenir à transporter plus d'eau, de pouvoir faire de la mousse.
Lorsque le vent se lève et que les flammes se font plus vives, ceux qui sont dehors se crispent, il n’en est pas un qui ne trace un itinéraire de fuite et qui ne calcule mentalement jusqu'où le danger pourrait arriver, quelle distance est prudemment sûre.
Pendant ce temps, les sauveteurs et les secouristes, à bord de leur camion, continuent de pénétrer au cœur de la catastrophe ; les techniciens continuent de raccorder des tuyaux et de calculer les mètres par seconde, tandis que les autorités contrôlent les instructions.
Tout est fait avec le naturel du devoir dans ce bout de Matanzas où l'Île toute entière a placé ses prières et sa solidarité. Et bien que l’on ne prenne que les risques essentiels, tout l'héroïsme consiste à accepter cette marge.
Là-bas, ils luttent contre l'adversité, contre le temps et le vent, là-bas, le courage est de règle, parce que nul ne souhaite une douleur de plus, parce que le désir collectif, c’est de pouvoir dire à nouveau, avec les vers de Carilda Oliver : Matanzas, « quand tu t’éveilles en paix / ma chair devient âme. »