
Sur terre, la chaleur est accablante, tout comme la tension. Chacun reste attentif à ses tâches et aux voix de commandement. Le feu ne s'arrête pas, pas plus que la volonté de l'éteindre. On croirait la volonté de David contre Goliath. Courage que celui des pompiers.
Dans les airs, les hélicoptères larguent leurs charges d'eau sur les flammes, qui les engloutissent, assoiffées. Les voyages se répètent encore et encore. Il s'agit de ne pas abandonner. Courage que celui des pilotes.
De retour au sol, un sifflet commence à retentir, court et régulier. C'est le signal de l’agent de sécurité pour sortir à toute vitesse ; les pompiers obéissent, mais sans courir, il n'y a aucun signe d’exaspération dans les pas fermes et précipités. Ils seront de retour dans un moment.
Pendant ce temps, d'autres travaillent à propulser de l'eau, les sauveteurs restent attentifs aux blessures propres à une tâche aussi extrême, les chefs indiquent et contrôlent depuis l'épicentre de la catastrophe. Courage que celui de ces hommes et de ces femmes.
Dans la zone industrielle de Matanzas, la lutte contre le feu ne cesse pas. Après chaque retrait tactique, il y a une nouvelle avancée, pour creuser des tranchées afin d'empêcher le passage du carburant, pour refroidir les surfaces, pour évaluer les dégâts et les risques.
De l'autre côté de la baie, le cœur se serre à chaque nouvelle explosion, et l’on pense immédiatement à ce que doivent ressentir ceux qui sont là-bas, face à l’incendie, alors que de loin on peut éprouver tant de peur. Courage que le leur, c’est toute la réponse.
Matanzas et ses habitants résistent, malgré les heures de sommeil insuffisantes, malgré la nervosité logique que suppose un incendie en cours et la colonne de fumée qui pèse comme une sombre menace.
Courage que celui de ceux qui, surmontant tout, offrent leurs maisons et leurs moyens de transport, leur sang et leur nourriture, leurs bras et leur savoir.
Courage que celui des familles qui, dans d'autres régions de Cuba, savent que les leurs sont en lutte au corps à corps avec les flammes, et courage que celui des vénézuéliens et des mexicains qui y font face également.
Courage que celui des autorités qui n'ont pas faibli, et qui, en ces journées fatidiques, ont aussi souffert de brûlures et de blessures, qui n'ont pas pu se reposer non plus, avec le poids supplémentaire important de la responsabilité.
Enfin, courage que celui de l’Île, qui refuse de dire « je me rends » face à l'adversité, qui devient une seule voix d'encouragement, une étreinte et un « Matanzas, je suis là pour toi ». David a vaincu Goliath. Nous n’en ferons pas moins.