ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Photo: Ricardo López Hevia

Les deux camions de pompiers et le camion-citerne traversent la ville de Matanzas. Ils ne font pas d'excès de vitesse comme on les voit presque toujours en dehors de leur unité. Ils ne se précipitent pas pour éteindre un incendie, ils viennent d'en maîtriser un.
De nombreux pompiers ont refusé de quitter la zone d'opérations au cours de ces cinq jours de lutte contre l’incendie qui s’est déclaré au dépôt pétrolier ; les gens les ont peu vus, à peine à la télévision.
Et maintenant, en les regardant avancer dans leurs véhicules, si vulnérables dans leur fatigue et si grands dans leur détermination, si mortels et si titanesques, quelque chose nous serre la poitrine.
Il y en a un qui commence. Il applaudit. Et toute la rue se joint à lui, chacun interrompt ce qu'il fait pour applaudir ceux qui ont dissipé la menace à l'horizon. Beaucoup ont les larmes aux yeux.
L'incendie est sous contrôle, il n'y a plus de danger, on travaille à éteindre les petits foyers ; et Matanzas, Cuba, ceux qui aiment bien cette Île, s'embrassent, un seul et grand merci pour l'héroïsme qui a œuvré à la victoire sur la plus terrible adversité.
Il faut remercier les pompiers qui, après la frayeur des premières heures du matin, et même avec des brûlures superficielles – celles qui font le plus mal, selon les brûlologues sur place –ont accompli un travail exceptionnel, proche du surhumain.
Il faut remercier ces jeunes qui arrivent au poste médical après avoir subi des coups de chaleur, déshydratés et qui, après une douche, lancent aux médecins : « Ça va, maintenant, j’y retourne » ; et aux deux Vénézuéliens qui demandent une crème pour les brûlures et refusent de s'allonger sur la civière pour être auscultés, « parce que nous devons y retourner. Cuba et le Venezuela sont une et même chose, collègues ».
Nous remercions le jeune ouvrier de l’entreprise Cubapetróleos (Cupet) qui, aux premières heures du samedi, alors qu'on le soulevait du sol pour le mettre en sécurité après l'explosion, a crié : « Pas moi, lui ! » en désignant quelqu'un qui avait été laissé en arrière, mais il était trop tard...
Nous devons aussi être reconnaissants aux hommes et aux femmes qui sont restés à leur poste au dépôt pétrolier et au-dessus de lui dans les airs, sachant qu'à l'annonce du danger, lorsque les flammes apparaissaient, la seule alternative était de courir et courir, ou de voler loin, confiants de le faire assez vite et assez loin.
Un exploit : le fruit de la sueur, des larmes, des heures sans sommeil, et aussi de la peur, qui est le carburant des braves. A l'intérieur et à l'extérieur de la zone industrielle de Matanzas, il y a eu et il y a encore des efforts de tous les âges, hiérarchies, professions. Merci ! Merci de tout cœur. Nous leur devons tellement !