ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Ces décisions modifient considérablement le rôle des investissements étrangers dans le commerce intérieur et devraient avoir une influence sur les problèmes de pénurie que connaît le pays. Photo: Freddy Pérez Cabrera

De nouvelles mesures qui auront un impact sur le fonctionnement du commerce de gros et de détail, ainsi que sur les investissements étrangers à Cuba, visant à donner une continuité à la stratégie de développement économique et social et à répondre aux pressions que la crise internationale et l'intensification du blocus économique des États-Unis exercent sur notre économie, ont été annoncées le 15 août.
Comme l'a expliqué Ana Teresita Gonzalez Fraga, Première vice-ministre du Commerce extérieur et des Investissements (Mincex), lors de l'émission télévisée La Table Ronde, les mesures annoncées ne doivent pas être vues de manière indépendante ou isolée, mais constituent des décisions qui permettront à Cuba de se remettre de la situation économique complexe à laquelle le pays est confronté et d'avancer progressivement.
Elle a fait référence aux restrictions des devises avec lesquelles opèrent sont les entités étatiques ayant des activités commerciales, ce qui a entraîné une pénurie sur le marché intérieur de biens très demandés par la population et par les acteurs non étatiques. « Cela a également entraîné l’apparition de formes spontanées et informelles de chaînes d'approvisionnement, qui influencent la hausse des prix. »
Elle a expliqué qu’une série de décisions ont été prises pour remédier à cette situation, notamment le recours accru aux consignations et, dans une moindre mesure, la vente de marchandises en régime d’entreposage douanier, car « ce sont des moyens d’avoir accès aux marchandises dans le pays ».
Cependant, les actions sont insuffisantes pour enrayer la situation économique complexe, car les pénuries se maintiennent sur le marché intérieur et l'impact attendu sur le développement du commerce de gros n'a pas été atteint.
Gonzalez Fraga a expliqué que l'on n'a pas tiré profit des avantages que l’on pourrait tirer aujourd’hui de la participation des investissements étrangers dans le développement du commerce, comme par exemple, en matière d'accès aux marchés d'approvisionnement, dans l'attraction de financements, d’équipements, de méthodes de gestion ou d'utilisation de techniques innovantes pour la gestion logistique.
Et d’indiquer que, sur la base de ces évaluations, les mesures suivantes ont été adoptées :

- Promouvoir le développement des entreprises dans tout le pays afin de stimuler le commerce de gros, à travers les investissements étrangers qui, jusqu'à présent ont été essentiellement consacrés à la production de biens et de services.
- Promouvoir de manière sélective la création d’entreprises mixtes dans le cadre de la Loi sur les investissements étrangers afin de réaliser des activités de commerce de détail.
- Encourager ces entreprises avec investissements étrangers à se consacrer principalement à la vente de matières premières, d'intrants, d'équipements et d'autres biens qui stimulent la production nationale, ainsi que la fourniture de certains produits finis, par exemple : aliments, produits de soin, ligne économique, système d'installation électrique avec des sources d'énergie renouvelables.
- Encourager ces entités à préfinancer des producteurs nationaux qui rempliraient les conditions pour devenir des fournisseurs. « Les modalités d'investissements étrangers elles-mêmes peuvent vendre et commercer ces produits en gros.
- Appliquer un régime financier différencié à ces entités permettant de garantir la stabilité de la chaîne d'approvisionnement, y compris l'autorisation de réaliser des ventes en monnaie librement convertible (MLC) et elle a ajouté que les liquidités obtenues par le pays, par le biais des taxes et autres revenus associés à ces entreprises, seront utilisées pour stimuler la production nationale.
- Faire en sorte que les modalités d'investissements étrangers établies dans le pays pour la fourniture de biens et de services, qui disposent des conditions pour le faire, puissent vendre dans le segment du commerce de gros, y compris aux formes de gestion non étatiques, aux organisations non gouvernementales, aux ambassades, aux représentations commerciales et aux succursales à Cuba.
La Première vice-ministre du Mincex a signalé que ces décisions modifient considérablement le rôle des investissements étrangers dans le commerce intérieur, et qu'avec cela, l'État cubain entend avoir une influence immédiate sur les problèmes de pénurie que connaît le pays, ainsi que contribuer à améliorer les offres dans les boutiques en MLC et en monnaie nationale.

IMPACT DE CES MESURES SUR LE COMMERCE INTÉRIEUR

Le secteur du commerce a également besoin d'investissements étrangers, si bien que les mesures adoptées constituent une grande opportunité, mais elles impliquent aussi une très grande responsabilité pour qu'elles aient les résultats immédiats attendus par la population, a souligné Betsy Diaz Velazquez, ministre du Commerce intérieur (Mincin).
« C'est-à-dire, l'effet de la mesure, qui doit commencer par les ventes en MLC, doit avoir un effet sur l'augmentation des offres en CUP et, ainsi, contrecarrer la hausse excessive des prix et stabiliser l'offre, ce qui est l'une des plus grandes difficultés auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui », a-t-elle souligné.
La ministre a évoqué les opportunités dans le secteur et, à cet égard, elle a signalé qu'il existe plus de 27 000 entrepôts dans l'ensemble de l'économie, dont 1 905 dans le secteur du commerce et 478 d’entre eux sont des entrepôts frigorifiques, qui permettent de compléter la chaîne d'approvisionnement sans rompre la chaîne du froid.
En outre, nous disposons de plus de 2 000 unités de vente au détail, sans compter les entrepôts, les magasins et le réseau de chaînes de boutiques, tous dotés d'infrastructures sous-utilisées et détériorées du fait du manque d’approvisionnement, de sorte qu'il existe  encore un espace pour intégrer ces décisions, a-t-elle ajouté.
Auparavant, la politique visait à développer le commerce de gros avec les investissements étrangers et, exceptionnellement, le commerce de détail, mais ces décisions éliminent ce caractère, même si le marché étatique doit garder la priorité, a-t-elle déclaré.
Par conséquent, le principe de toutes les affaires que nous mettrons sur pied permettra au préalable de renforcer la production nationale, de créer des enchaînements productifs et de se traduire par offres de biens et de services à la population, a-t-elle déclaré.
La ministre du Commerce intérieur a précisé que dans le secteur du commerce de gros, trois formes d'investissement sont possibles : les associations économiques internationales, les sociétés à capital 100% étranger et les entreprises mixtes. Dans le cas du commerce de détail, il s'agira exclusivement d’entreprises mixtes
Elle a ajouté que ces propositions commerciales seront classées par ordre de priorité et proposées aux entreprises qui sont restées dans le pays pendant ces temps difficiles.

ENCOURAGER LES EXPORTATIONS DE BIENS ET DE SERVICES

La Première vice-ministre du Mincex a souligné que le monopole de l'État sur le commerce extérieur comprend le contrôle de cette activité et l'exécution par des entités étatiques des opérations d'exportation et d'importation, et c'est une chose à laquelle nous n'avons pas renoncé et ne renoncerons pas.
« La question est d'utiliser des formes qui permettent de protéger le pays des risques que comportent les mesures associées à cette question », un avertissement lancé par le général d'armée Raul Castro Ruz lors du 8e Congrès du Parti.
Elle a souligné, à cet égard, que les mesures qui seront adoptées doivent encourager les exportations de biens et de services et éliminer les obstacles qui les limitent ou les entravent.

Autres mesures annoncées :

- Continuer à encourager la création de micro, petites et moyennes entreprises (MPME) étatiques visant le développement de l’activité d'importation et d'exportation pour la vente de produits en gros.
- Autoriser certains acteurs économiques non étatiques à exercer, de façon directe, des activités de commerce extérieur, sous le contrôle du Mincex.
L'autorisation d'exporter sera accordée aux entités qui produiront des biens et des services ayant des possibilités d'exportation et dans lesquels les ventes directes à l'étranger peuvent être facilitées.
La faculté d'importer sera accordée dans les cas où l'exercice de cette activité directement permet la conclusion de contrats avantageux qui contribueront à obtenir de biens et de services dans l'économie nationale à de meilleures conditions en matière de prix et autres.
- Veiller à ce que les acteurs économiques qui interviendront dans ces activités disposent de leurs propres flux différenciés et exécutables pour les importations et les exportations, de manière qu'ils n'exercent pas de pressions supplémentaires sur la demande de devises du pays.