ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Il n'est aucun droit, aussi petit soit-il, qui ne mérite pas d'être défendu, il n'est aucun droit, aussi insignifiant soit-il, qui ne mérite pas de protection juridique. Photo : affiche de la campagne Code oui

Un directeur de la construction dans une entreprise en Caroline du Nord, aux États-Unis, a reçu la désagréable nouvelle qu'il avait été licencié de son emploi chez Aurora Pro Service, parce qu'il était athée.

Les travailleurs de l'entreprise sont tenus de participer à des séances de prière quotidiennes, avec des lectures de la Bible, des chants chrétiens, et durant lesquelles des requêtes professionnelles sont adressées à Dieu, notamment pour les travailleurs dont les patrons estiment que leur rendement est insuffisant. Une façon pour le moins particulière de traiter les questions d’ordre professionnel.

Le travailleur licencié avait refusé de participer aux séances religieuses, ce qui a conduit d'abord à la réduction de moitié de son salaire, puis à son licenciement.

Il existait déjà un précédent : une autre employée avait été licenciée auparavant pour le même motif, lorsqu'elle avait exprimé son désaccord à l'égard de cette pratique, en raison de sa position agnostique.

D’aucuns n’ont pas manqué d’apporter leur soutien aux décisions de licenciement de l'entreprise. « Avant que quelqu'un ne vienne travailler à Aurora, il est informé que nous organisons des séances de prière tous les matins. C’est obligatoire. À ce moment-là, il a la possibilité d'accepter ou de refuser le poste. Il prend la décision de l'accepter, en sachant à quoi il s'engage. »

Le patron ne se cache pas pour affirmer : « nous sommes une entreprise qui encourage la prière et qui incite ses employés à exprimer ouvertement leur foi, et à se discipliner mutuellement. »

Mais la question n'est pas anecdotique, et l'entreprise peut certainement se sentir soutenue par le climat d'intolérance religieuse qui règne aux États-Unis.

En juin 2022, la Cour suprême de ce pays a donné raison à un entraîneur sportif scolaire qui obligeait ses élèves à prier sur le terrain. Selon la Cour suprême, cela ne violait en rien la liberté de religion des étudiants.

La décision a ignoré les plaintes des élèves et des parents qui estimaient que cette habitude de l'entraîneur Joe Kennedy de prier avec ses élèves après le match de football américain créait une pression injustifiée sur les jeunes garçons pour les inciter à participer à ses activités religieuses. Le précédent est d'autant plus dangereux qu'il s'agit d'une institution publique et non d'une école privée.

Un district du Missouri, aux États-Unis, a réintroduit les châtiments corporels dans les écoles publiques. Cette pratique est légale dans 19 États du pays.

« Si un adulte en frappe un autre, c'est juridiquement considéré comme une agression », considère Elizabeth T. Gershoff, professeure à l'université du Texas, mais « lorsque c'est un enseignant qui frappe un enfant, ces États et ces écoles nous disent que c'est correct. Nous accordons moins de protection aux enfants qu'aux adultes. »

La légalité de ces procédés a été établie par la Cour suprême des États-Unis qui, en 1977, a jugé que le fait de punir physiquement les élèves dans les écoles était constitutionnel. Par la suite, aucune Cour suprême n'a remis en question cette décision.

C'est cette même Cour qui, en 2022, a invalidé le droit constitutionnel des femmes à avoir accès à un avortement sûr.

Annulant un précédent datant de 1973, la Cour suprême des États-Unis a retiré la protection fédérale à l'avortement légal, déclenchant une avalanche de propositions législatives et de lois étatiques visant à restreindre ce droit.

Au moins un membre de cette Cour, le juge Clarence Thomas, a laissé entendre qu'ils n'avaient pas l'intention de s'arrêter là en matière de limitation des droits, et qu'ils se penchaient sur d'autres protections fédérales qu'ils considéraient comme injustifiées.

Le problème de limiter des droits, c’est qu'une fois que le génie de l'intolérance s'échappe, il est difficile de le rentrer de nouveau dans la lampe. Et dans ce processus, ce sont les gens qui en subissent les conséquences.

Comme l'a affirmé une analyste : « aujourd'hui, vous pouvez vous réjouir parce qu'ils n'ont pas donné à quelqu'un d'autre un droit que vous pensez être incorrect, qu'il s'agisse du mariage égalitaire, de l'avortement ou autre, mais demain, ils viendront pour un droit qui est important pour vous, et alors vous voudrez la sympathie et le soutien de ceux à qui hier vous avez refusé les vôtres ».

Le problème devient tellement grave que le magazine étasunien New Lines n'a pas hésité à titrer un article récent « La guerre étasunienne contre la femme ».

On peut y lire : « lorsque la Cour suprême des États-Unis a invalidé la défense fédérale du droit à l'avortement, annulant ainsi des décennies de soins de santé génésique, les femmes du monde entier ont senti la menace immédiate qui pesait sur leurs choix personnels et leur bien-être, suffisamment proche pour défiler dans les rues et exiger d’être protégées de la vague obscurantiste de misogynie qui semble s'être abattue sur la femme étasunienne. »

L’intolérance est une arme politique. L'ancien président de ce pays a qualifié une journaliste qu'il n'appréciait pas pour ses prises de position d'être un être qui saignait « par le bas ».

Le procès tellement médiatisé que celui de Johnny Deep et d'Amber Heard, divulgué ad nauseam par tous les médias existants, a été utilisé, à partir d'un cas concret et particulier d'abus, comme justification de la droite la plus intolérante, pour plaider contre les droits de la femme et contre les avancées en matière de protection des femmes victimes de violence qui ont été obtenues dans diverses sociétés.

L'image de la femme indépendante, projetée comme une menace vampirique et diabolique contre la société, est amplement revenue dans le cadre de la campagne qui s’est déchaînée autour du procès.

Vous qui pourriez croire que nous sommes épargnés par l'intolérance, en tant qu’arme politique, ne vous laissez pas abuser, nous ne le sommes pas. Il suffit d’observer les campagnes de haine déclenchées contre la proposition du nouveau Code des familles.

Les logiques qui les sous-tendent suivent les mêmes schémas de peur et d'intolérance que ceux que nous observons aux États-Unis : des accusations selon lesquelles le Code – qui ne fait que protéger un éventail plus large de droits – est une attaque, inexistante, contre la famille ; des affirmations, sans aucun fondement logique, sur le fait que l'extension du concept de mariage aura pour conséquence, non seulement la destruction de la famille, mais aussi l'homosexualisation de la société et l'imposition de préférences sexuelles aux enfants et aux adolescents, des mensonges qui cherchent à générer de la panique à travers la répétition de l’absurdité selon laquelle la nouvelle loi abandonnera les enfants, un argument semblable à l’infâme opération de la CIA qui aboutit, au début de la Révolution, à l'envoi de milliers d'enfants aux États-Unis, les séparant de leurs familles ; des manipulations mensongères pour faire croire que la proposition du Code désarme les parents dans leur fonction éducative et leur supprime la capacité à imposer la discipline qu’exige toute éducation des enfants et des adolescents.

Ces mêmes personnes à l'origine de ces campagnes contre la proposition du Code des familles ne se limitent pas à affirmer, sur les réseaux sociaux, que si elles parviennent à rejeter la proposition, elles s’opposeront au droit des femmes au contrôle des naissances, à affirmer également comme seule légitimité ce modèle de famille dans lequel la femme doit être subordonnée à l’homme, dans une soumission indiscutable, entre autres intolérances.

Des décennies de progrès en matière de justice sociale et d'émancipation sont en jeu. Il n’est aucun droit, aussi petit soit-il, qui ne mérite d'être défendu, il n'est aucun droit, aussi insignifiant soit-il, qui ne mérite la protection juridique.

Toute bataille pour une société plus juste, émancipée et inclusive, et avec plus de droits, est une bataille pour la Révolution. Ne nous laissons pas abuser.