ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
L'adolescence est une période de découvertes et d'amélioration qu'un mariage précoce peut interrompre. Photo: Endrys Correa Vaillant

Holguin.– Capable de convaincre et non d'imposer des considérations, une qualité qui relève du don de la parole et qui va de pair avec de solides connaissances, le Docteur en sciences juridiques Leonardo Pérez Gallardo, président de la Société cubaine de Droit civil et familial, a tenu ici des réunions avec divers secteurs de la société pour discuter du nouveau Code des familles, qui sera soumis à un référendum populaire le 25 de ce mois.
Granma a profité d'un de ces moments pour que ce professeur de la Faculté de Droit de l'Université de La Havane explique pourquoi il est important que le Code interdise le mariage aux personnes de moins de 18 ans.
« La première version, rendue publique le 15 septembre 2021, prévoyait la possibilité, sous réserve d'une autorisation judiciaire, de contracter le mariage pour les mineurs de moins de 18 ans, la femme et l'homme ayant plus de 16 ans. »
« Cette question avait été débattue par la commission qui a travaillé sur le Code des familles. Cuba est redevable aux conventions internationales, notamment la Convention relative aux droits de l'enfant. Il ne faut pas oublier que le mariage des adolescents a toujours été critiqué pour les conséquences néfastes qu'il peut avoir. »
« Les appréciations avaient envisagé que l'interdiction du mariage des adolescents n'entre pas en conflit avec l'autonomie progressive, car celle-ci cherche la possibilité de réaliser des actes qui, en tout cas, seront bénéfiques et ne conduiront pas à l'abandon de l'école ou du projet de vie à un âge précoce », a-t-il signalé.
« Les statistiques montrent que dans notre pays, il existe un nombre relativement important d'adolescents qui se marient, principalement des femmes. Rappelons que le Code de la famille qui nous régit encore permet aux femmes de se marier à l'âge de 14 ans et aux hommes à l'âge de 16 ans. »
« Tout d'abord, cette prise de position est discriminatoire. Il est entendu que les femmes sont plus matures en raison de la puberté, et qu'elles peuvent donc assumer certaines responsabilités dès l'âge de 14 ans. Mais la plupart des filles dans une telle situation ne terminent pas leurs études pré-universitaires. De plus, il peut y avoir de la prostitution derrière tout ça. Il peut aussi y avoir la possibilité de procréer et d'avoir des enfants, c'est-à-dire qu'elles seront confrontées à la maternité adolescente. »
Le professeur Leonardo Pérez a rappelé que le débat lors de la consultation spécialisée a été très intéressant, avec l'intervention, essentiellement, du personnel de Santé publique. « Les médecins en général, les pédiatres et les gynécologues ont abordé les conséquences néfastes, notamment les décès maternels, dans le cas des adolescentes. Il y a même eu des situations de certaines d’entre elles qui, après avoir eu des enfants, ne veulent pas assumer la maternité. »
Le processus de consultation, a-t-il ajouté, a consisté à écouter les avis des fonctionnaires du ministère de l'Éducation, des enseignants, en particulier des enseignants pré-universitaires, et de la Fédération des femmes cubaines, qui a réalisé des études intéressantes sur la maternité des adolescentes. En outre, il n'a pas été oublié qu'il existe des recherches très utiles sur le sujet, menées par le Centre d'études démographiques de l'Université de La Havane.
« Pour cette raison, la décision de formaliser le mariage à 18 ans a été soumise au Bureau politique du Parti communiste de Cuba, et une modification a été proposée à la prochaine version du Code des familles, conformément aux exigences des conventions internationales et à la position adoptée par une grande partie des directives juridiques du continent, concernant la suppression de tout type d'autorisation, même exceptionnelle, qui permettrait le mariage des adolescents. »
« Cela ne signifie en aucun cas que les relations sexuelles des personnes de moins de 18 ans sont interdites. La responsabilité parentale joue un rôle important à cet égard. »
À ce propos, il a ajouté que l'autonomie progressive est également essentielle dans la manière dont les adolescents qui décident d'avoir des relations sexuelles à un âge inférieur à 18 ans sont éduqués et accompagnés. Mais cela ne doit pas être considéré comme une manière de légitimer le mariage, car le mariage n'a pas pour fonction de légitimer les relations sexuelles ou la procréation d'un enfant.
La morale dans cette optique : à Cuba, le mythe du mariage précoce des adolescents et des femmes est plus grand que ce que la société accrédite scientifiquement.
« Le mariage ne doit pas être formalisé à un âge où la vie ne fait que commencer. Le mariage a de profondes implications juridiques et, pour y parvenir, il faut avoir atteint une maturité que la loi fixe à 18 ans », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « Ces raisons figuraient parmi les plus impérieuses pour la suppression du mariage pour les personnes n'ayant pas atteint cet âge. »
 
PRÉCISIONS :
Les défis à relever pour réduire les mariages précoces à Cuba
Visualiser l'écart entre les sexes en ce qui concerne le mariage précoce. Analyser cet écart comme une lacune dans l'exercice des droits des adolescentes.
Accélérer le processus de révision des lois en vigueur afin d'introduire les changements proposés.
Étendre les programmes d'intervention communautaire aux enfants et aux adolescents pour mieux les préparer à la prise de décision.
Travailler au renforcement de l'autonomie des filles et des femmes afin qu'elles deviennent plus autonomes physiquement, économiquement et politiquement.
Source : Rapport de recherche présenté en juillet 2021 par le Centre d'études démographiques de l'Université de La Havane.