ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
https://www.youtube.com/watch?v=2VTG2pugRnk&ab_channel=NoticiasRCN 

Rarement un feu provoqué intentionnellement n’aura « brûlé » avec autant de force dans le cœur et dans la conscience d'un peuple que celui qui, le 12 janvier 1869, embrasa la ville de Bayamo, élevant au firmament de la nation un flambeau de liberté qui, 154 ans plus tard, nous illumine encore.
Il suffit de se remémorer ce sublime événement pour que les yeux s'écarquillent et que les émotions s'épanouissent face à la détermination inébranlable des habitants de Bayamo à se dépouiller de tout ce qu'ils possédaient pour défendre leur conquête la plus précieuse : l'indépendance.
Il ne pouvait pas en être autrement sur cette terre insurrectionnelle qui, depuis le 20 octobre 1868, dans la chaleur d'un hymne patriotique et d'une République en armes naissante dirigée par Céspedes, avaient goûté à l'émancipation de l'Espagne depuis plus de 80 jours.
Mais cette liberté sacrée, obtenue grâce au tranchant de la machette mambie et à l'union –  comme des frères de lutte – de riches patriciens et d'anciens esclaves noirs, fut mise en danger par l'avancée vers Bayamo des Espagnols, dirigés par le comte de Valmaseda, qui avaient vaincu les troupes cubaines au cours d’une bataille sanglante.
Face aux horreurs qui les attendaient, la réponse des enfants de la première ville libre de Cuba fut énergique et terrible : ils incendièrent la ville.
À tel point que quelques heures avant que Bayamo ne devienne un immense bûcher de fermeté et de patriotisme, lors d'une réunion dirigée par Pedro (Perucho) Figueredo, le jeune Joaquin Acosta, gouverneur de la ville, déclara : « Que les cendres de nos maisons disent au monde la fermeté de notre résolution de nous libérer de la tyrannie de l'Espagne ! Que la ville brûle plutôt que nous ne la soumettions à nouveau au joug du tyran ! »
Et la ville s’embrasa. Elle brûla pendant trois jours et, en y pénétrant, les Espagnols, stupéfaits, découvrirent que presque tout n’était qu’amas de cendres. Pendant ce temps, flottait dans l'air l'esprit patriotique d'un peuple qui, dans l'acte le plus sublime du sacrifice collectif, avait décidé de s’enfuir vers la mangrove sauvage et d'autres chemins incertains, avec la dignité comme unique bien et le ciel comme toit. Nombre d'entre eux furent victimes de la traque cruelle déclenchée à l'époque, ou périrent de faim et de maladie.
Cependant, ce feu n'a pas été vain. L’incendie de Bayamo est devenu un symbole incontournable qui allait attiser d'autres flammes futures dans la défense de la souveraineté et de la nationalité qui rayonnent aujourd'hui, comme des bannières de la Révolution, à l'horizon du peuple cubain.