
Le 7 février, le Centre national de santé animale (Cenasa), du ministère de l'Agriculture, a confirmé la présence à Cuba, pour la première fois, de la grippe aviaire, variant a (H5N1), spécifiquement chez des oiseaux sauvages en captivité situés dans le Jardin zoologique de La Havane, situé avenue 26, dans la municipalité de Place de la Révolution.
À la suite d’une augmentation soudaine de la mortalité chez les oiseaux de cet établissement, les spécialistes ont suivi les protocoles établis pour ces cas et ont immédiatement contacté les autorités sanitaires. Après avoir examiné des échantillons prélevés sur plusieurs carcasses, il a été confirmé que les spécimens étaient infectés par le virus.
La grippe aviaire est répandue dans le monde entier. Elle se transmet entre oiseaux par contact direct avec un spécimen malade, des surfaces et des aliments contaminés par la salive, le mucus ou les fèces. Sur le continent américain, elle a été propagée par les oiseaux migrateurs originaires d'Amérique du Nord, plus précisément du Canada et des États-Unis, qui traversent la région chaque année en deux vagues : du nord au sud en automne et en hiver, et du sud au nord en été et au printemps. Avec un pic d'épidémies entre les mois d'octobre et de mars.
Selon le Dr Cristobal Arredondo Alfonso, directeur général du Cenasa, depuis 2021, une augmentation chez les cas enregistrés a été détectée, ce qui a provoqué les deux périodes épidémiques les plus graves de l'histoire de l'Amérique du Nord et de l'Europe. Aux États-Unis, plus de 40 millions de volailles sont mortes récemment ou ont été abattues, en l'espace d'un an, pour contenir la propagation de la maladie, entraînant d’énormes pertes économiques.
En Amérique latine, dix pays sont actuellement touchés : le Mexique, l'Équateur, la Bolivie, la Colombie, le Chili, le Venezuela, le Honduras, le Panama, le Pérou et maintenant Cuba. Cela a déclenché une crise à l'échelle du continent, car les produits avicoles sont les protéines les plus abordables dans la région, ainsi qu'un moyen de subsistance pour des millions de personnes, qu'il s'agisse d'élevage de basse-cour ou de masse, a fait remarquer le spécialiste.
« Deux couloirs migratoires passent par notre territoire, c'est pourquoi nous accueillons chaque année de grandes populations de ces oiseaux. Ils ont tendance à se concentrer dans les plans d'eau (lacs, lagunes, barrages) et les zones humides du pays, attirés par le climat et les conditions naturelles. » Un endroit où la présence de ces animaux est courante est le zoo de l’avenue 26, un phénomène qui, selon le Dr Arredondo Alfonso, explique pourquoi la maladie s'y est propagée.
COMMENT LA GRIPPE AVIAIRE EST-ELLE ARRIVÉE AU ZOO DE L'AVENUE 26 ?
Le docteur Pastor Alfonso, spécialiste au Centre national de santé agricole (Censa), institution partenaire de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), a déclaré à Granma qu'il s'agissait d'un processus naturel et inévitable, car il est impossible d'arrêter le flux des oiseaux migrateurs au-dessus et dans l'Île. Malgré cela, et bien que le virus n'ait jamais été détecté dans notre pays auparavant, un Plan national d'urgence a été mis en place depuis 2005, qui prévoit un contrôle et une surveillance constants de ces populations et dans les zones les plus à risque.
Grâce à l'application rapide et efficace des protocoles, qui prévoient l'abattage des oiseaux captifs infestés, l'assainissement du site et, dans le cas particulier du zoo, la mise en quarantaine des spécimens proches des foyers d'infection, mais qui, à ce jour, n'ont pas présenté de symptômes, l'événement est sous contrôle et ne compromet pas la situation sanitaire nationale.
La détection précoce des cas est la preuve que les mesures de précaution fonctionnent efficacement. La santé du pays aurait été fortement compromise si la maladie était entrée dans le pays et n'avait été détectée qu'après avoir subi des dommages massifs, a déclaré le Dr Teresita Quesada, spécialiste au Cenasa.
Normalement, tous les oiseaux se trouvant à proximité de ceux dont la présence du virus a été confirmée devraient être éliminés, mais certains des spécimens du zoo sont des espèces rares, menacés ou de peu ou unique présence dans le pays, de sorte qu'ils sont maintenus en isolement tant qu'ils ne présentent pas de symptômes.
Actuellement, un groupe de travail temporaire est actif, au sein duquel collaborent les ministères de l'Agriculture et de la Santé publique, la Défense civile, les gouvernements locaux, le Cenasa, le Censa et divers laboratoires.
Il est important de souligner que, du fait que la transmission s'est faite chez des oiseaux sauvages en captivité et non chez des volailles, selon les critères de l'OMSA, Cuba conserve son statut de pays indemne pour cette maladie.
QUE SE PASSERAIT-IL SI LE VIRUS SE PROPAGEAIT AUX VOLAILLES ?
Les conséquences d'une propagation aux élevages de volailles seraient désastreuses, notamment pour l'économie, a déclaré Yolanda Capdevila, spécialiste en épidémiologie au Cenasa. « Bien que la volaille ne soit pas massivement élevée à Cuba pour la consommation de sa viande, elle l'est pour la production d'œufs. Si le virus se propageait dans un centre de production, cela impliquerait l'abattage de tous les oiseaux présents sur le site, qu'ils présentent ou non des symptômes, ainsi que l'élimination de tous les aliments pour animaux. Les pertes économiques seraient très élevées, et cela entraînerait également une augmentation des prix des œufs, qui sont déjà élevés sur le marché intérieur. »
En raison de ces risques élevés, toutes les exploitations avicoles ont renforcé la rigueur des mesures de biosécurité déjà en place. Il s'agit notamment de l'installation de filets anti-oiseaux, de l'utilisation de filtres sanitaires pour le personnel avant d'avoir accès aux zones d'élevage, du changement complet de vêtements et de chaussures avant de pénétrer dans ces zones, et de la surveillance et du suivi constants en cas de mortalité accrue ou de présence de symptômes respiratoires chez les oiseaux, ainsi que le contrôle total de la mobilité des volailles dans l'Île.
À cet égard, la Dre Quesada a expliqué que la mesure la plus importante et le seul moyen d'éviter la contagion est d'éviter tout contact entre les volailles et les oiseaux sauvages. Elle a également déclaré que les mesures nécessaires à cet effet sont en place dans tout le pays depuis des années et qu'elles ont été renforcées à l'heure actuelle, en raison de la situation spécifique à laquelle nous sommes confrontés.
CONSÉQUENCES POUR LES HUMAINS
L'Organisation mondiale de la santé (oms) qualifie de « négligeable » le risque de grippe aviaire pour l’être humain, le taux d'infection étant faible. La transmission de la maladie aux personnes n'est pas impossible, mais les statistiques indiquent qu'elle est peu probable.
Les travailleurs des élevages de volailles sont les plus susceptibles d'entrer en contact avec le virus et de le transmettre aux volailles de basse-cour. Jusqu'à présent, à l'échelle mondiale, il n'y a pas de risque sanitaire pour la population qui ne se trouve pas à proximité de ces lieux, qu'il s'agisse d'exploitations agricoles, d'arrière-cours ou de maisons particulières.
QUE FAIRE AVEC UN ANIMAL INFECTÉ ?
Si l’on détecte une augmentation soudaine de la mortalité ou la présence de symptômes respiratoires chez les volailles ou les oiseaux sauvages, il ne faut pas les toucher et il faut immédiatement prévenir les centres de santé animale ou les instituts de médecine vétérinaire les plus proches. Les contacts de ces derniers sont disponibles sur les réseaux sociaux ou les sites officiels du ministère de l'Agriculture et du Cenasa. Si cette option n'est pas possible, il convient de prévenir le gouvernement local.
Les autorités spécialisées sont chargées d'enlever les carcasses ainsi que d'abattre le reste des oiseaux sur le site concerné, en respectant toujours les valeurs du bien-être animal, une mort rapide et sans douleur. Les carcasses d'oiseaux morts ne peuvent pas être jetées dans les rues ou dans des sources d'eau telles que les rivières ou les ruisseaux. En aucun cas, la viande ou les carcasses de ces animaux malades ne peuvent être consommées, conformément aux dispositions de la Loi 148 sur la souveraineté alimentaire et la sécurité alimentaire et nutritionnelle, ni utilisées pour des rites religieux.
Une fois qu'un animal est infecté ou a été en contact avec un animal infecté, il doit être abattu, car il s'agit d'un virus à mutation rapide et il n'existe aucun traitement ni vaccin.
Les institutions demandent à la population d'éviter le transfert et le commerce d'oiseaux vivants, qu'ils soient sauvages en captivité ou d’élevage, sans l'autorisation des autorités vétérinaires, ainsi que la chasse, la capture d'oiseaux sauvages, et l'exposition ou la vente de ceux-ci dans des foires et autres lieux similaires.