ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Photo: Estudios Revolución

Camagüey. – Manuel Marrero Cruz, membre du Bureau politique et Premier ministre, a évoqué l'importance de clarifier les concepts afin de savoir « vers où nous devons aller », au cours d'un échange qui, comme ceux réalisés dans d'autres parties de Cuba, cherche de nouvelles façons de faire pour que la société puisse aller de l’avant.
« Nous avons dit au peuple que cette année devait être meilleure », a déclaré le chef du gouvernement lors de la réunion avec les autorités du territoire, qui était présidée par le Premier secrétaire du Comité central du Parti et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, et à laquelle participait également le membre du Bureau politique et Secrétaire à l'organisation du Comité central du Parti, Roberto Morales Ojeda.
Ces journées de réflexion collective font suite à celles qui ont eu lieu dans toute l'Île en janvier 2023, au cours desquelles les dirigeants du pays ont discuté, avec les autorités de chaque territoire, de ce qui pouvait être fait de plus pour le bien-être de Cuba.
À l'issue de la réunion du 16 mai à Camagüey, le Premier ministre s'est entretenu avec l'équipe de presse de la Présidence. Au cours de ce dialogue, le chef du gouvernement a fait part de ses réflexions sur le sens et l'importance des réunions qui ont eu lieu ces derniers jours.
Sa première réflexion a porté sur la nécessité d'expliquer au peuple en quoi consiste ce système de travail, et il a rappelé qu’« à l'approche de l'année 2023, conscients que nous allions être confrontés aux mêmes défis que les années précédentes – à savoir l'intensification du blocus, la crise économique provoquée par la pandémie, la détermination des ennemis de la Révolution à la détruire, la crise en Europe –, en voyant ces préoccupations, ces défis auxquels nous allions être confrontés, le Président et Premier secrétaire du pays a décidé de se rendre dans chaque province afin de demander aux principaux acteurs, à ceux qui prennent réellement les décisions, un extra, pour voir comment faire les choses différemment, et pas un peu plus de la même chose, en cherchant des solutions basées sur nos propres potentialités, sur ce qui dépend de nous ».
Marrero Cruz a souligné que « dans ces réunions, dans les rencontres que nous avons faites en janvier, des engagements ont été pris », et il a indiqué que cela a donné lieu à un travail approfondi, auquel les universités ont participé et qui a permis d'identifier des potentialités : « Quatre mois se sont écoulés et le Président a décidé qu'il était temps de voir ce qui s'était passé ».
 
QU'AVONS-NOUS TROUVÉ ?

« Qu'avons-nous trouvé ? », a déclaré le Premier ministre à la presse, avant d'ajouter : « Des expériences très intéressantes. Nous avons constaté qu'un travail important a été réalisé, nous avons identifié dans quel domaine des progrès ont été réalisés et dans quels non ». Il a précisé que ces récents échanges n'ont pas été de simples réunions de travail, « mais des rencontres pour lesquelles nous nous sommes bien préparés : nous avons d'abord envoyé uen équipe préparatoire – composée du Parti, c'est-à-dire du Comité central, et du gouvernement de la République – pour effectuer des vérifications, puis nous sommes venus prêts à écouter les gens, mais aussi avec les éléments nécessaires, qui nous ont permis de discuter des questions de manière objective ».
« Nous avons donc vu des expériences très intéressantes, nous avons vu des choses dans lesquelles des progrès ont été réalisés. » Malheureusement, a-t-il ajouté, « ces bonnes expériences, dans de nombreux cas et dans de nombreux endroits, restent des exceptions et on ne parvient pas à les généraliser. Je pense que c'est l'une des principales préoccupations et insatisfactions ».

PRODUIRE DES ALIMENTS

« En matière de production d’aliments – bien qu'il y ait des progrès dans plusieurs territoires – nous ne parvenons pas à satisfaire la demande de la population », a déclaré le Premier ministre, en faisant référence, tout d'abord, « à la production agricole, il y a un élément très important, que nous avons identifié et analysé dans chaque territoire : la production agricole alimentaire du pays a une structure dans laquelle 80 % est produite par une gestion privée, et non par des entreprises d'État ».
Le chef du gouvernement a rappelé que « les terres ont été remises, et continuent d'être remises, à des particuliers, à des coopératives. Cependant, les objectifs ne sont pas toujours atteints, et donc qui est responsable ? À qui le peuple exige-t-il de garantir les aliments ? Au gouvernement. Et le gouvernement, par l'intermédiaire des entreprises d’État, doit arriver jusqu’à ces producteurs, il doit passer des contrats pour garantir la distribution des aliments ».
Marrero Cruz a indiqué qu'à Camagüey, par exemple, « nous avons constaté que les niveaux de passation de contrat sont faibles en matière de production laitière ». Et sur ce point, il n'a pas manqué de dire que 70 % du lait consommé à Cuba aujourd'hui doit être importé, « et pourtant, dans le pays, du lait est produit pour lequel il n’est pas passé de commande, il est détourné et ne va pas aux enfants et aux personnes qui en ont besoin ».
Il s'agit d'une question importante, a-t-il ajouté, qui « est une question de discipline, d'exigence, de gestion des contrats, de paiement des agriculteurs pour la production, et aussi d'exigence de production, parce que le gouvernement a donné ces terres et, par conséquent, il y a un engagement et une mission, qui est de garantir la production pour le peuple ».
 
COMMERCE ET GASTRONOMIE

En matière de commerce et de gastronomie, a déclaré Marrero Cruz, nous nous sommes heurtés à un problème « dont nous sommes conscients » : l'offre est encore insuffisante et la majeure partie de l'offre gastronomique est concentrée dans le secteur privé, « avec des prix élevés, si bien que nous avons également discuté en profondeur de cette question, qui intéresse beaucoup le peuple, à savoir la situation en matière de prix. Nous avons vu quelques expériences intéressantes, mais elles ne sont pas généralisées non plus ».
Par ailleurs, le Premier ministre a souligné : « Nous devons exiger la fiche de coûts et éviter ces prix abusifs. Que se passe-t-il dans l'agriculture ? D'abord le producteur vend à un prix, ensuite il y a une série d'intermédiaires qui ne font rien, qui ne font qu’acheter et revendre, et au final il y a deux grands affectés, celui qui produit au soleil tous les jours, qui est le moins payé, et celui qui paie le plus aux intermédiaires, c'est-à-dire le peuple.
« Et nous avons vu de nombreux exemples. Aujourd'hui, nous l'avons vu à Camagüey : un producteur qui vend le potiron directement à six pesos la livre, alors que sur les marchés, le prix est de 40 pesos la livre. »
Marrero Cruz a souligné que « c'est un problème qu'il nous appartient de résoudre, dans chacune des municipalités, avec chacun des cadres. »

 AUTRES QUESTIONS VITALES

« Nous avons discuté de la question du logement », a déclaré le chef du gouvernement. Il s'agit d'une préoccupation importante de la population. Des progrès sont réalisés dans différents aspects, mais même s’il y a eu un manque de ciment et d'acier, la production locale de matériaux de construction est également parfois faible, ce qui signifie que l’on pourrait avancer davantage dans ce programme.
À propos de « la manière dont nous garantissons la mise en œuvre de toutes les politiques sociales, en particulier celles destinées aux personnes les plus vulnérables », le Premier ministre a expliqué : « Nous avons identifié les besoins des mères qui travaillent, notamment le manque de jardins d'enfants, et nous demandons aux entreprises de prendre en charge les maisons d'enfants pour résoudre ce problème en collaboration avec les gouvernements, et  ainsi, d'une manière ou d'une autre, nous avons abordé les principaux aspects qui ont un impact sur la population.
« Ces réunions ont été difficiles, avec des discussions animées, mais je pense qu'elles ont été très encourageantes. Nous avons également abordé un sujet qui préoccupe beaucoup le peuple, à savoir la criminalité ». Sur ce dernier point, Marrero Cruz a souligné l'importance de « constater que des biens qui parfois manquent ou qui parfois ne peuvent pas être garantis à la population sont revendus dans la rue, parfois volés à une entreprise, à une usine, à des prix abusifs pour le peuple ».
Ces marchandises, a-t-il dit, devraient « être vendues aux prix établis et dans les établissements qui leur sont destinés ». À cet égard, il a prévenu qu'il ne s'agissait pas seulement d'une question relevant du ministère de l'Intérieur : « Il s'agit d'une question qui nous concerne tous, qui demande une plus grande exigence, un plus grand contrôle interne, où chacun doit prendre de soin de ce qui dépend de lui et, surtout, de ce qui doit être garanti à la population ».
« Nous avons lancé un appel fort dans ce sens, et il y a une question clé qui est le rôle que la municipalité doit jouer ». Dans cette situation, a-t-il dit, elle doit avoir plus d'autonomie pour « répondre aux besoins de sa population, et voir comment il est possible d’exploiter toutes les potentialités de la municipalité pour résoudre les problèmes de sa propre population ».
Un changement de mentalité est nécessaire, a souligné Marrero Cruz, « les gens ne doivent pas avoir peur d'affronter les difficultés dans la recherche de solutions ».
« Nous sommes convaincus, et nous le démontrons, nous le voyons, nous sentons que nous pouvons réellement faire des choses, que oui – malgré ce blocus, malgré toutes les limitations que nous avons en matière de devises pour acquérir des moyens et des matières premières à l'étranger  – il est vraiment possible de faire beaucoup de choses lorsque l’on travaille de manière cohérente, lorsque l’on cherche avec une pensée différente ».
Pour conclure, il a souligné : « Nous devons gagner toutes ces batailles qui se gagnent depuis les territoires, et nous avons la conviction que nous pouvons aller de l'avant, et être en mesure de donner au peuple la réponse qu'il attend de nous. »