
L'évaluation de la mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution pour la période 2021-2026, ainsi que les Lignes de travail de l'organisation pour leur promotion et leur contrôle, ont été approuvées par le 6e Plénum du Comité central du Parti communiste de Cuba, le 24 mai.
L'organe du Parti, réuni dans la salle plénière du Palais de la Révolution, a approuvé les deux documents et d'autres décisions connexes, après une session de près de cinq heures au cours de laquelle a eu lieu une « analyse critique, juste et dans le cadre approprié », comme l'a décrite le membre du Bureau politique et Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, qui a souligné qu’en dépit du travail accompli, les résultats attendus par le peuple n'ont pas encore été atteints.
Comme tout au long de la journée, l'échange a été mené par le Premier secrétaire du Comité central du Parti et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, ainsi que par le président de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, Esteban Lazo Hernandez ; le Secrétaire à l'organisation du Comité central, Roberto Morales Ojeda et le vice-président de la République, Salvador Valdés Mesa, parmi d'autres membres du Bureau politique.
Le membre du Secrétariat du Comité central du Parti et chef du Département économique et productif, Joel Queipo Ruiz, a été chargé de la présentation de l'Évaluation de la mise en œuvre des Orientations de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution pour la période 2021-2026, qui a été suivie d'un examen de l'état de leur exécution à la fin de 2022, avec quelques mises à jour jusqu'en avril – soit deux ans de mise en place ou un peu moins de la moitié de la période établie pour leur réalisation – par le membre du Comité central et vice-Premier ministre, Alejandro Gil Fernandez.
Queipo Ruiz a rappelé que le 8e Congrès du pcc, tenu en avril 2021, « a chargé le Comité central, à travers les structures du Parti à différents niveaux, de promouvoir, contrôler et exiger la mise à jour du Modèle économique et social cubain de développement socialiste et son Plénum d'analyser avec la périodicité requise les progrès de la performance de l'économie, la mise en œuvre des Orientations et le respect du Plan national de développement économique et social jusqu'en 2030 ».
Il a indiqué que l'évaluation du respect des Orientations « a été l'un des objectifs des visites du Secrétariat et de la structure auxiliaire du Comité central dans les provinces ».
Il a également déclaré que, malgré la conception du système de macro-programmes, de programmes et de projets qui contribuent à la mise en œuvre et à la réalisation des Orientations, « les résultats obtenus ne répondent pas aux attentes pour garantir le développement économique et social ».
« Le blocus économique, commercial et financier du gouvernement des États-Unis, renforcé ces dernières années », a souligné Queipo Ruiz, « constitue le plus grand obstacle, mais en même temps il y a peu de propositions innovantes visant à minimiser son impact, et il y a encore des problèmes et un manque d'initiatives qui retardent les résultats escomptés ».
Il a expliqué que l'élaboration du rapport d'évaluation intègre les éléments fournis par les organismes de l'Administration centrale de l'État et les questionnements issus du vaste processus politique de consultation auquel le thème a été soumis dans 48 121 cellules du Parti et auquel ont participé environ un demi-million de militants de base.
Le chef du Département économique et productif du Secrétariat du Comité central a indiqué qu’à la suite des échanges dans les cellules, 1 214 types de signalements, entre problèmes, critères et insatisfactions, ont été répertoriés dans les bureaux provinciaux. Plusieurs propositions de solutions à la situation économique actuelle ont également été formulées dans les cellules.
En approfondissant les résultats du processus de débat sur les dix Orientations les plus signalées, il a indiqué que « 90 585 questionnements ont été formulés, dont 51,4% correspondent aux cellules du Parti des centres chargés de les mettre en œuvre, c'est-à-dire avec un regard vers l’intérieur et autocritique, et les 48,6% restants appartiennent au reste des centres, avec un regard vers l’extérieur ».
Cependant, a-t-il précisé, cela n'est pas homogène pour toutes les Orientations et, il a donné l’exemple, dans le cas du numéro 118,« relatif à la Politique de commercialisation des produits agricoles, seulement 40,1 % des signalements correspondent aux cellules du Parti des centres responsables de sa concrétisation, ce qui indique la nécessité de transformer les cellules en véritables unités de combat qui promeuvent, avec leurs actions, exigences et contrôle, l’exécution effective de la mise en œuvre des Orientations ».
À propos des Lignes de Travail pour l'impulsion et le contrôle depuis le Parti des Orientations adoptées au 8e Congrès, le membre du Secrétariat du Comité central a expliqué que leur objectif est de les implanter dans toutes les structures du Parti et des militants, de façon à ce qu'elles « aient un impact sur la façon de faire les choses différemment, et qu'elles aient un impact sur les causes et les conditions qui limitent l'avancée de chaque secteur de l'économie ».
Après avoir présenté les Lignes de travail, également adoptées par le 6e Plénum du Comité central, Queipo Ruiz a souligné qu'elles « favorisent l'attention politique différenciée des principaux cadres aux organisations de base des centres qui prennent des décisions dans la vie économique et sociale des territoires, ainsi que l'échange permanent avec les militants, les jeunes et la population en général, raison pour laquelle la préparation des cadres doit être renforcée ».
Il a rappelé les paroles du Premier secrétaire du Comité Central, Miguel Diaz-Canel Bermudez, lors de la clôture du 8e Congrès, lorsqu'il avait déclaré : « Pour atteindre ces objectifs, il est essentiel de renforcer la dynamique du fonctionnement du Parti et la proactivité de ses militants face aux problèmes les plus urgents de la société, en partant du principe que, en tant que Parti unique, le nôtre aura toujours le défi d'être toujours plus démocratique, plus attractif, plus proche du peuple dans son ensemble et pas seulement de son environnement immédiat. »
ÉTAT DE LA MISE EN ŒUVRE DES
ORIENTATIONS
Le vice-Premier ministre et ministre de l'Économie et de la Planification, Alejandro Gil Fernandez, a rendu compte de l'état d'avancement de la mise en œuvre des Lignes directrices de la politique économique et sociale du Parti et de la Révolution pour la période 2021-2026, approuvées lors du 8e Congrès. Selon la dernière clôture, sur les 201 Orientations, 13 n'ont pas progressé et 67 ont peu progressé, ce qui représente environ 40 % pour les deux catégories, tandis que 110 ont moyennement progressé (54,7 %) et 11 ont beaucoup progressé (5,4 %).
Nous sommes à mi-chemin de la mise en œuvre des Orientations pour la période 2021-2026, mais leur comportement est visible non seulement dans ces classifications, mais aussi dans la vie quotidienne du pays, a souligné Gil Fernandez.
Dans une évaluation critique de la performance de l'économie, le vice-Premier ministre a souligné l'absence des résultats attendus et nécessaires dans la production nationale – comme dans l'agro-industrie –, les exportations de biens et de services, les investissements étrangers et l'efficacité du processus d'investissement, entre autres.
Il en va de même pour la stabilisation macroéconomique, l'un des aspects les plus complexes à réaliser, dont les effets se traduisent par des niveaux élevés d'inflation, une distorsion des prix, une perte de pouvoir d'achat des salaires et des pensions, et une dépréciation de la monnaie dans le taux de change informel, entre autres conséquences négatives.
Dans sa présentation au 6e Plénum du Comité central, Gil Fernandez a donné des détails sur les 13 Orientations sans progrès (numéros 117, 118, 121, 122, 124, 129, 130, 146, 147, 148, 165, 166 et 186), principalement liées à la production agroalimentaire.
Bien que la mise en œuvre des Orientatiosn ne corresponde pas encore aux besoins du pays et aux demandes de la population, il a également salué les mesures visant à mettre en œuvre celles qui progressent le plus, telles que le rétablissement du marché des changes (malgré l'impact négatif du marché informel), la mise en œuvre progressive du perfectionnement des entreprises d'État (comme la création de filiales et de micro et petites entreprises d'État), la décentralisation du système salarial (qui concerne déjà plus de 500 entreprises), ainsi que les progrès réalisés dans la classification des entreprises d'État et la Loi sur l’entreprise.
Comme note positive, le ministre de l'Économie et de la Planification a indiqué qu'à la fin du mois d'avril, il y avait 285 entreprises déficitaires dans le pays, contre 500 il y a un an et demi. Il a toutefois reconnu que parmi celles qui sont encore déficitaires, certaines le sont non pas en raison d'une inefficacité avérée, mais parce qu'elles ont des prix plafonnés au niveau central, un problème qui a été résolu pour certaines d'entre elles qui déclarent aujourd'hui des bénéfices, même si, a-t-il précisé, cette décision a entraîné une augmentation des prix répercutée sur le produit.
Gil Fernandez a souligné les progrès réalisés dans les Orientations liées à la science et à l'innovation, au gouvernement et au commerce électronique, aux services de santé et d'éducation après l'entrée dans la phase post-pandémique de la covid-19, les actions de transformation dans plus d'un millier de quartiers, l'augmentation des mesures compensatoires pour les personnes et les familles en situation de vulnérabilité et dans d'autres domaines sociaux.
Tout en dressant un bilan complet de la mise en œuvre des Orientations de la Politique économique et sociale du Parti et de la Révolution pour la période 2021-2026, il a déclaré que dans ce processus « nous sommes à mi-chemin, mais nous ne sommes pas sur la bonne voie ; nous devons resserrer les rangs et accélérer le rythme ».
Il a évoqué les difficultés rencontrées pour augmenter la production dans un contexte de déséquilibres macroéconomiques, et vice-versa. Cependant, il a souligné les réserves qui existent dans le pays. Et nous allons, a-t-il dit, dans le sens de favoriser l'augmentation de la production nationale, d'attirer les devises étrangères avec durabilité et vers des mesures qui aideront à augmenter l'offre de biens et de services à la population dans l'avenir immédiat.
Rien ne nous tombera du ciel et il n'y a pas de magie, ce qu’il y a, c'est un énorme blocus, a déclaré le vice-Premier ministre, mais en même temps, a-t-il ajouté, nous avons entre les mains un groupe de mesures qui n'ont pas donné tous les résultats escomptés, mais qui ont un grand potentiel. Et oui, a-t-il ajouté, il y a une issue, il y a une solution pour continuer à faire progresser le développement économique et social de notre pays.
EN DISCUSSION
L'état de la mise en application des Orientations de la Politique économique et sociale a été soumis à la discussion des membres du Comité central du Parti lors de son 6e Plénum, au cours duquel sont intervenus des représentants des territoires, des ministères, du monde universitaire et d'autres sphères.
Betsy Diaz Velazquez, membre du Comité central et ministre du Commerce intérieur, a abordé les Orientations relatives au commerce, à la gastronomie et aux services professionnels et techniques, des domaines dans lesquels la population est très insatisfaite et où, en premier lieu, les prix très élevés sont signalés, a-t-elle reconnu.
Cependant, a-t-elle souligné, nous ne sommes pas restés les bras croisés, et il reste beaucoup de choses à faire, y compris agir avec beaucoup plus d’ardeur et sans hésitations contre ceux qui violent les règles et les droits.
Mayra Arevich Marin, membre du Comité central et ministre des Communications, a parlé quant à elle de la mise en œuvre des Orientations dans ce secteur. Elle a commenté, tout en reconnaissant des limitations, des résultats tels que l'augmentation de la densité téléphonique, avec plus de 7,4 millions d'abonnés mobiles et numériques, le fait que 68 % de la population (6,6 millions de personnes) ont accès à Internet, les processus de transformation numérique et d'autres questions telles que la qualité du service Internet, qui doit être progressivement améliorée.
L'universitaire Carlos César Torres Paez, membre du Comité central, tout en reconnaissant que le blocus est le principal obstacle au développement du pays, a critiqué le manque de persévérance pour faire face à cette agression permanente et intensifiée en s’appuyant sur la créativité, l'innovation, la systématisation en vue de mettre en œuvre une utilisation plus importante de la connaissance et l’emploi du savoir spécialisé.
Il a également évoqué, entre autres thèmes, la nécessité de promouvoir, d'exiger et de contrôler, à partir des cellules du Parti, le respect de tout ce qui a un impact sur la mise en œuvre des Orientations de la Politique économique et sociale du Parti et de la Révolution approuvées lors du 8e Congrès.
Aucune mesure isolée, a-t-il ajouté, ne produira les résultats dont le pays a besoin, c'est pourquoi une profonde transformation intégrale est également nécessaire, sans abandonner l'essence du modèle socialiste cubain.
Nous avons encore beaucoup de réserves, a souligné Carlos Torres Paez, pour qui les progrès dans la transformation du modèle économique exigent un changement important dans la conception du Plan de l'économie et l’affectation de ressources, ainsi que dans des structures existantes, telles que les organisations supérieures de gestion des entreprises, en renforçant le territoire, la municipalité.
La Contrôleuse générale de la République, Gladys Bejerano Portela, membre du Comité central, a souligné pour sa part que les documents du Congrès du Parti contiennent toutes les questions débattues dans le Plénum, et qu'il faut donc se concentrer sur le respect des accords passés, et le faire avec qualité et efficience.
La question fondamentale, le problème fondamental ici, a-t-elle dit, est de produire, si nous ne produisons pas, nous n'irons pas de l'avant.
Le membre du Bureau politique et chef du gouvernement, Manuel Marrero Cruz, après avoir évalué les causes qui nuisent au décollage de l’économie dont la population a besoin et qu'elle réclame, a souligné que, malgré ces contretemps, il est effectivement possible de faire des choses, et que nous devons par conséquent nous concentrer sur la réalisation de tout ce qui dépend de nous.