ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
La caserne Moncada devenue le siège de l'horreur. Photo: Granma Archive

(...) Plus que la liberté et la vie elle-même pour nous, nous exigeons justice pour eux. La justice, ce n'est pas en ce moment un monument pour les héros et les martyrs qui sont tombés au combat ou qui ont été assassinés après le combat, pas même une tombe pour que reposent en paix, et ensemble, les dépouilles qui gisent dispersées dans les champs de [la province] d’Oriente, dans des lieux que, dans bien des cas, seuls leurs assassins connaissent. On ne peut pas parler de paix non plus pour les morts sur la terre opprimée. La postérité, qui est toujours plus généreuse envers les bons, élèvera ces symboles à leur mémoire et les générations futures feront revivre, le moment venu, l'hommage dû à ceux qui ont sauvé l'honneur de la Patrie en cette époque de honte infinie.
(...) pourquoi les atroces  tortures et l’assassinat en masse, barbare et dément qui ont coûté la vie à 70 jeunes prisonniers les 26, 27, 28 et 29 juillet n'ont-ils pas été courageusement dénoncés ? C'est vraiment un devoir inéluctable des présents, et ne pas le remplir est une tâche qui ne s'effacera jamais. L'histoire ne connaît pas de massacre semblable, ni durant la colonie, ni durant la République. Je comprends que la terreur ait paralysé les cœurs pendant une longue période, mais il n'est plus possible désormais de supporter le manteau de silence total que la lâcheté a étendu sur ces crimes épouvantables, cette réaction de haine basse et brutale d'une tyrannie innommable qui, sur la chair la plus pure, la plus généreuse et la plus idéaliste de Cuba, a assouvi sa vengeance contre le geste rebelle et naturel des enfants asservis de notre peuple héroïque. Il s'agit d'une complicité honteuse, aussi répugnante que le crime lui-même, et on peut supposer que le tyran se lèche les babines de satisfaction devant la férocité des bourreaux qui le défendent et la crainte qu'il inspire aux ennemis qui le combattent.
Il semblerait que le rétablissement des garanties et l’arrêt de la censure ont été accordés en échange du silence sur ces faits ; un pacte entre l'oppresseur et les porte-parole de l'opinion publique, un pacte exprès ou tacite, et cela est infâme, abominable, hargneux, répugnant.
On ignore la vérité, [la province] d’Oriente tout entière la connaît, tout le peuple en parle à voix basse ; il sait aussi, en revanche, que les accusations ignobles portées contre nous selon lesquelles nous avons été inhumains à l'égard des soldats étaient entièrement fausses. Lors du procès, le gouvernement n'a pu soutenir aucune de ses affirmations. Les vingt soldats, qui avaient été faits prisonniers à l'ennemi dès les premiers moments et les trente blessés qu’ils ont eu durant le combat, sont allés témoigner, sans qu’ils n’aient reçu la moindre offense verbale ; les médecins légistes, les spécialistes et même les témoins à charge se sont chargés de détruire les versions du gouvernement. Certains ont témoigné avec une honnêteté admirable. Il a été prouvé que les armes avaient été acquises à Cuba, qu'il n'y avait aucun lien avec les politiciens du passé, que personne n'avait été poignardé et qu'il n'y avait eu qu'une seule victime à l'hôpital militaire : un malade alors qu’il se penchait à une fenêtre. Le procureur lui-même, fait inhabituel, s’est vu obligé de reconnaître dans ses conclusions « le comportement honorable et humain des attaquants ».
Par contre, où étaient nos blessés ? Il n'y en avait que cinq au total. Quatre-vingt-dix morts et cinq blessés. Une telle proportion est-elle concevable dans une guerre ? Qu'est-il advenu du reste ? Où étaient les combattants détenus du 26 au 29 ? Santiago de Cuba connaît bien la réponse. Les blessés ont été arrachés des hôpitaux privés, voire même des tables d'opération, et achevés immédiatement après, parfois même avant de sortir de l'hôpital (2 prisonniers blessés sont entrés vivants avec leurs gardes dans un ascenseur et en sont ressortis morts). Ceux qui avaient été détenus à l'Hôpital militaire ont reçu des injections d'air et de camphre dans les veines. L'un d'entre eux, l'étudiant en ingénierie Pedro Miret, a survécu à ce procédé mortel et a tout raconté. Seuls cinq, je le répète, sont restés en vie, dont deux ont été courageusement défendus par le Dr Posada, qui n'a pas permis qu'ils soient enlevés dans [l’Hôpital] de la Colonia española. Ces combattants étaient José Ponce et Gustavo Arcos. Trois autres doivent leur vie au capitaine Tamayo, médecin militaire qui, avec le geste courageux d'un professionnel digne, pistolet à la main, a transféré les blessés Pedro Miret, Abelardo Crespo et Fidel Labrador de l'hôpital militaire à l'hôpital civil. Même ces cinq, ils ne voulaient pas les garder en vie. Les chiffres sont d’une éloquence irréfutable.
Quant aux prisonniers, on aurait très bien pu placer à l'entrée de la caserne Moncada cet écriteau qui figurait sur le linteau de L'Enfer de Dante : « Abandonnez tout espoir ». Trente d’entre eux ont été assassinés la première nuit. L'ordre a été donné à trois heures de l'après-midi par le général Martin Diaz Tamayo, qui a déclaré que « c'était une honte pour l'Armée d'avoir eu trois fois plus de pertes au combat que les assaillants et qu'il fallait dix morts pour chaque soldat ». Cet ordre était le résultat d'une réunion entre Batista, Tabernilla, Ugalde Carrillo et d'autres chefs. Pour atténuer des difficultés légales, le Conseil des ministres, le dimanche dans la nuit, a notamment suspendu l'article 26 des Statuts qui établissent la responsabilité du garde quant à la vie du détenu. L'ordre a été exécuté avec une horrible cruauté. Lorsque les morts ont été enterrés, ils n'avaient ni yeux, ni dents, ni testicules, et leurs propres assassins les avaient même dépouillés de leurs vêtements, qu’ils exhibaient ensuite sans vergogne. Des scènes d'un courage indescriptible se sont déroulées parmi les combattants torturés. Deux jeunes femmes, nos héroïques compagnes Melba Hernandez et Haydée Santamaria, ont été détenues à l'Hôpital civil où elles travaillaient en tant qu’infirmières de premiers secours. À cette dernière désormais à la caserne, à la tombée jour, un sergent du nom d’Eulalio Gonzalez, surnommé le Tigre, les mains ensanglantées, lui a montré les yeux qu'ils venaient d’arracher à son frère ; plus tard, ils lui ont annoncé qu'ils avaient tué son fiancé, également prisonnier. Remplie d'une indignation infinie, elle a fait face aux assassins et leur a dit : « Il n'est pas mort, car mourir pour la Patrie, c'est vivre. »

José Luis Tassende fut l'un des combattants massacrés lors de l’attaque de la caserne Moncada. Photo : Senén Carabia Carrey 

Elles n'ont pas été assassinées, les sauvages se sont arrêtés face à la femme. Ce sont des témoins exceptionnels de ce qui s'est passé dans cet enfer.
Aux environs de Santiago de Cuba, des forces sous les ordres du commandant Pérez Chaumont ont assassiné 21 combattants qui étaient désarmés et dispersés. Beaucoup ont été contraints de creuser leur propre tombe. Un courageux [combattant] a retourné sa pioche et  a blessé l'un des assassins au visage. Il n'y a pas eu de tels combats à Siboney ; les seuls qui conservaient des armes s'étaient retirés avec moi dans les montagnes, et l'Armée n’est entrée en contact avec nous que six jours plus tard, lorsque, dans un moment d’inadvertance, nous avons été surpris complètement endormis et épuisés par la fatigue et la faim. Le massacre avait désormais cessé face à l'énorme clameur populaire. Même ainsi, seul le miracle d'un officier scrupuleux et le fait qu’il ne m’ait reconnu qu'une fois à l'hôpital empêcha que nous soyons assassinés.
Le 27 à minuit, au Km 39 de la route Manzanillo-Bayamo, le capitaine en chef de la localité a étranglé les jeunes Pedro Félix, Hugo Camejo et Andrés Garcia, en les traînant sur le sol, attachés par le cou à une « jeep », les laissant tous les trois pour morts. L'un d'entre eux, le dernier, a pu se rétablir au bout de quelques heures et présenté plus tard par Mgr Pérez Serantes, il a rapporté l'histoire.
Au petit matin du 28, près de la rivière Cauto, sur la route de Palmas, les jeunes Raul de Aguiar, Andrés Valdés et un autre, ont été abattus par le lieutenant-chef du poste Alto-Cedro, le sergent Montes de Oca et le caporal Maceo, qui ont enterré leurs victimes dans un puits situé sur la rive de la rivière près d'un lieu connu sous le nom de Bananea. Ces  jeunes hommes avaient réussi à entrer en contact avec des amis à moi qui leur étaient venus en aide ; on apprit plus tard le sort qui leur a été réservé.
Il est totalement faux que les cadavres identifiés à ce jour – moins de la moitié du total – aient été une tâche du Département des empreintes digitales. Dans tous les cas, ils ont toujours procédé à relever le prénom et les données personnelles des victimes avant de les tuer et ensuite, ils révélaient progressivement les noms.
Ils n’ont jamais donné la liste complète. Ils n’ont identifié, par leurs empreintes digitales, qu’une partie de ceux qui sont morts au combat, quant aux autres ils n’ont pas réussi à le faire. La souffrance et l'incertitude qu’ils ont causées aux proches par ces procédés sont indescriptibles.
Nous avons dénoncé ces faits et d'autres similaires, avec tous les détails, lors du procès en présence des soldats qui, armés de mitraillettes et de fusils, remplissaient la salle d'audience dans une attitude manifestement coercitive. Ils ont été eux-mêmes impressionnés par le récit des atrocités qu'ils avaient commises.
J’ai été exclu du procès à la troisième séance, en violation de toutes les lois de procédure, pour m'empêcher, en tant qu'avocat, d'éclaircir les faits, si bien que le procès a été un véritable scandale, de fait il a été pris en charge par d'autres avocats.
À partir du témoignage découlant de nos dénonciations, trois affaires pour meurtre et tortures ont été instruites : la 938, la 1073 et la 1083 sur 1953, auprès tribunal d’Instance du Nord de Santiago de Cuba, ainsi que plusieurs autres pour violation continue des droits individuels.  Nous les avons déjà toutes confirmées auprès du tribunal d’Instance de Nueva Gerona. Nous avons accusé Batista, Tabernilla, Ugalde Carrillo et Diaz Tamayo d'être les auteurs de l'ordre de tuer les prisonniers, ce que nous savons avec certitude, et comme exécuteurs le colonel Alberto del Rio Chaviano et tous les officiers, les unités et les soldats qui se sont le plus distingués dans l'orgie de sang.
Sauf dans le cas de Batista, selon les lois en vigueur, il appartient aux tribunaux civils de juger les auteurs de ces actes, et à ce jour, l’Audience de Santiago de Cuba a observé une attitude très ferme à cet égard. Il ne fait aucun doute que le silence qui entoure ce procès est la plus grande faveur que l'on puisse faire aux criminels et l'incitation la plus efficace pour qu'ils continuent à tuer sans aucune retenue. Évidemment, je n’espère pas la moindre possibilité de sanction pénale. Non, c'est absurde sous un régime où les assassins et les tortionnaires peuvent vivre librement, porter des uniformes et représenter l'autorité tandis que des hommes honnêtes souffrent de détention et de prison pour avoir commis le délit de défendre la Constitution que le peuple s'est donnée, la liberté et le droit. Pour eux, il n'y a ni prison, ni verdict, ni même de tribunaux. Ils pourront jouir, en outre, d'une impunité morale absolue sans qu'aucune voix virile ne s'élève pour les accuser, alors que tant de jeunes gens sont morts généreusement pour les combattre, alors que tant d’entre eux souffrent des ignominies de la prison (...).
Ces braves qui sont allés vers la mort avec le sourire du bonheur suprême sur leurs lèvres brûlées par la flamme du devoir, ont eu raison de mourir parce qu'ils ne sont pas nés pour se résigner à la vie hypocrite et misérable de cette époque, et ils sont morts, en fin de compte, pour cette raison, parce qu'ils n'ont pas pu s'adapter à la réalité indigne et répugnante.
Ces considérations me font venir à l’esprit les idées viriles qui ont agité leurs pensées inquiètes, cette révolte indignée contre la médiocrité d’un égoïsme si répugnant, ce désir de donner un exemple de faire quelque chose de grand pour leur Patrie. Chaque jour qui passe justifie davantage la raison de leur sacrifice.
Il y a quelques jours, ce fut la commémoration du 27 novembre [1871]. Tous ceux qui ont écrit et parlé sur le sujet ont adressé leurs paroles furieuses et féroces, aussi pleines d’adjectifs ronflants que d'indignation feinte contre les volontaires qui ont fusillé ces huit étudiants, mais ils n’ont pas prononcé un seul mot pour condamner l'assassinat de soixante-dix jeunes hommes, aussi purs que ces derniers, de la tête aux pieds, honnêtes, idéalistes... Innocents ! Et dont le sang est encore chaud sur le cœur de Cuba. Que l'anathème de l'histoire tombe sur les hypocrites ! Les étudiants de 71 n'ont pas été torturés, ils ont été soumis à un pseudo procès, ils ont été enterrés dans des lieux connus et ceux qui ont commis une telle horreur se croyaient en possession d'un droit vieux de quatre siècles, reçu de la main divine et consacré par le temps, légitime, inviolable, éternel, selon des croyances désormais abolies par l'homme. Ce sont neuf fois huit jeunes qui sont tombés à Santiago de Cuba sous la torture et le plomb, sans procès d'aucune sorte, au nom d'une usurpation illégitime et abhorrée de 16 mois, sans Dieu et sans loi,  en violation des traditions cubaines les plus nobles et des principes humains les plus sacrés, qui a ensuite dispersé les restes de ses victimes dans des lieux inconnus, dans la République que nos libérateurs ont fondée pour la dignité et la décence de l'homme, l'année même du centenaire de l'Apôtre. Quel était le crime ? Accomplir ses prédications : « Quand il y a beaucoup d'hommes sans dignité, il y en a toujours d'autres qui ont en eux la dignité de beaucoup d'hommes, ce sont ceux-là qui se rebellent avec une force terrible contre ceux qui volent leur liberté aux peuples, ce qui est voler leur liberté aux hommes. » Quel a été l'intérêt lésé ? L'ambition démesurée d'un groupe de Caïns qui exploitent et asservissent notre peuple au profit exclusif de leur égoïsme personnel.
Si la haine qui a inspiré le massacre du 27 novembre « naissait en bavant du ventre de l'homme », selon une expression de Marti, quelles entrailles ont-elles engendré le massacre des 26, 27, 28 et 29 juillet ? Plus encore, je n’ai eu connaissance d’aucun officier de l'Armée cubaine qui ait brisé son épée, renoncé à son uniforme ; le seul honneur de cette Armée consistait à « tuer 10 jeunes gens pour chaque soldat mort au combat », c'est ce que son État-major attendait de lui (...).
Le rétablissement de la Constitution de 1940, conditionnée évidemment à la situation anormale, était le premier point de notre proclamation au peuple. Une fois la capitale d’Oriente sous contrôle, six lois fondamentales au contenu profondément révolutionnaire seraient décrétées sur le champ, qui aurait pour but de rendre les petits colons, les fermiers, les métayers et les agriculteurs précaires définitivement propriétaires de la terre, l'État indemnisant les personnes qui auraient subi un préjudice ; la consécration du droit des ouvriers à la participation aux bénéfices finaux de l'entreprise ; la participation des colons à 55 % du rendement de la canne à sucre (ces mesures, comme c’est normal, devaient être compatibles avec une politique dynamique et énergique de l'État, intervenant directement dans la création de nouvelles usines, en mobilisant les grandes réserves du capital national, en brisant la résistance organisée de puissants intérêts).
Une autre loi déclarait la révocation de tous les fonctionnaires judiciaires et administratifs, municipaux, provinciaux ou nationaux qui auraient trahi la Constitution en jurant les Statuts. Enfin, une loi qui préconisait la confiscation de tous les biens de tous les détourneurs de fonds de toutes les époques, préalablement à une procédure d'enquête d’urgence.
(...) nous avions un programme courageux et avancé qui constituait, en soi, un élément essentiel de la stratégie révolutionnaire. Le gouvernement s'est chargé de faire disparaître tous ces documents.
Le peuple n'en a rien su, car nous avions fait le choix de ne pas prendre les stations de radio jusqu’à ce que nous ayons assuré la forteresse afin d’éviter tout massacre du peuple en cas d'échec. L'enregistrement du dernier discours de Chibas devait être diffusé en permanence, ce qui aurait permis de témoigner instantanément d'une explosion révolutionnaire totalement indépendante des personnages du passé.
Notre victoire aurait signifié une montée immédiate de l’Orthodoxie au pouvoir, d'abord provisoirement, puis par des élections générales.
Cela est tellement vrai quant à nos objectifs que, même si nous avons échoué, notre sacrifice a signifié un renforcement des véritables idéaux de Chibas, au vu du nouveau cours des événements.
Les pusillanimes diront que nous n'avions pas raison en considérant juris et de jure le critère de la réussite ou de l'échec. Cela est dû à de cruels détails de dernière minute, tellement simples que cela rend fou d'y penser. Les chances de succès étaient à la mesure de nos moyens. Si nous les avions eus, je ne doute pas que nous aurions combattu avec 90% des chances (...).
Ce que l’on mesure au moment de lancer le combat pour la liberté, ce n'est pas le nombre des armes ennemies, mais le nombre de vertus au sein du peuple. Si cent jeunes gens courageux sont tombés à Santiago de Cuba, cela ne signifie rien d’autre que, dans notre patrie, il y a cent mille jeunes gens prêts à tomber également. Cherchez-les et vous les trouverez, guidez-les et ils iront de l'avant, aussi dur que soit le chemin ; les masses sont prêtes, elles ont seulement besoin qu’on leur montre la véritable route.
Dénoncer les crimes : c’est un devoir ! C'est une arme terrible ! C'est un pas en avant formidable et révolutionnaire ! Les procès sont déjà engagés, les accusations sont toutes ratifiées. Demandez le châtiment des assassins ! Exigez leur emprisonnement ! Nommez un accusateur privé, s'il le faut ! Empêchez par tous les moyens qu'ils soient arbitrairement transférés à la juridiction militaire ! Des précédents très récents favorisent cette campagne. La simple publication des dénonciations aura des conséquences terribles pour le gouvernement. Je le répète, car ne pas le faire est une tache indélébile (...).
Consacrez l'intégralité du résultat de la collecte à aider les veuves et les proches des morts. Nous, Nous n'avons besoin de rien, nous ne voulons rien. Il va de soi que nous ne fêterons pas Noël, car nous avons l'intention de ne pas boire, pas même de l’eau ce jour-là, en signe de deuil. Faites-le savoir, car je crois que de cette façon l'objectif sera plus noble et plus humain. Il n’y a aucune raison que des prisonniers comme nous aspirent aux joies de Noël ; nous préférons que ceux qui ont perdu leurs êtres chers et le soutien de famille ne soient ni expulsés ni ne souffrent de la faim (...).
J'espère qu'un jour, dans la Patrie libre, nous parcourrons ensemble les champs de l'Oriente indomptable pour recueillir les ossements héroïques de nos compagnons afin de les rassembler dans un grande tombeau à côté de celui de Marti, comme les martyrs du Centenaire qu’ils sont. Une tombe dont l’épithaphe sera une pensée de Marti : «  Aucun martyr ne meurt en vain, et aucune idée ne se perd dans l'ondoiement et le tourbillon des vents. Ils l'éloignent ou la rapprochent, mais il reste à jamais le souvenir de l'avoir vue passer... »

*Lettre de Fidel, envoyée de l'Île des Pins, le 12 décembre 1953.