
villa clara. – Sans doute, peu de ceux qui la voient en dehors des heures de travail peuvent imaginer qu'elle est prête à braver la chaleur étouffante du mois d'août, à grimper sur un poteau et à réparer une panne électrique.
Vêtue de sa combinaison de travail, avec casque, bottes et tout l'équipement de sécurité qui accompagne un métier comme celui de monteuse de lignes électriques, on peut voir tous les jours Aliuska Lores Ramirez, de Santa Clara, la première femme à exercer ce travail à Cuba, rejointe par une femme de La Havane et une autre de Santiago de Cuba.
Arriver jusque-là n'a pas été facile. Pendant trois ans, elle a travaillé comme inspectrice au bureau commercial Capiro. Cependant, elle ne sait pas si c'est parce qu'elle a vu le travail quotidien de son mari Yordany Rodriguez, monteur de lignes à la compagnie d'électricité de Villa Clara, ou pour bien d'autres raisons, qu'elle a eu l'envie d'exercer un jour ce métier difficile.
« Je me suis souvent demandé pourquoi je ne pouvais pas faire ce métier, alors que je savais que j'étais en mesure de le faire, jusqu'au jour où j'ai trouvé le courage de dire à mes supérieurs que je voulais commencer le cours de monteuse de lignes », explique Aliuska qui, pendant plusieurs années, a reçu un refus pour toute réponse.
« C'est un travail d'homme, jeune fille. Tu n’y peux rien, n'essaie même pas, car c'est trop dangereux pour une femme, me disaient mes collègues, y compris mon époux » confie-t-elle, et elle se souvient comment, après quatre ans de persévérance, elle a été approuvée pour le cours de formation de monteuse de lignes.
Là, pendant six mois, elle a vécu l'une des plus belles expériences de sa vie, dit-elle. « J'étais entourée d'hommes. Ils tentaient de me protéger, mais j'ai imposé mes critères et je n'ai toléré aucune différence, en m’entraînant avec les autres collègues, parce que je savais que le succès de mon futur travail dépendait de cette expérience. »
Son diplôme en poche, Lores Ramirez a commencé à exercer la profession de ses rêves, et elle n'oublie pas la première fois qu'elle est allée travailler avec l'équipe. « Ce jour-là, lorsque nous sommes arrivés sur le lieu de la panne, un électricien s'est apprêté à grimper sur le poteau et je me suis interposée pour lui dire "n'essaie même pas, cette tâche m'incombe aujourd'hui", et aujourd'hui encore, j’exécute le travail avec eux », raconte cette femme forte.
À propos de ses relations avec le reste de ses collègues, tous des hommes, elle dit qu'elles sont très agréables, basées sur le respect et la considération, sans permettre qu’on la sous-estime ou qu’on lui donne les tâches les plus faciles. « Je fais tout ce que fait un monteur de lignes », dit-elle avec fierté.
Parmi les plus grands défis de son travail, elle se souvient de la première fois qu'elle a dû escalader un poteau de la ligne de 110 kV avec des crampons. « Quand je suis arrivée en haut, je me suis dit : "si j'ai réussi à faire ça, je pense qu'il n'y a pas d'objectif impossible pour moi". »
Aliuska a trois enfants, dont la plus jeune, Anyelin, est très enthousiaste à l'idée de suivre les traces de sa mère, ce qui la remplit de satisfaction, tout comme la compréhension qu'elle reçoit de son époux, qui la comprend désormais et la conseille sur la meilleure façon d'exercer son métier.
Le fait de n'avoir eu aucun accident depuis qu'elle est linière lui a donné beaucoup de confiance et d'optimisme, cependant, elle reconnaît qu'elle a encore beaucoup à apprendre et qu'il lui reste un long chemin à parcourir pour réaliser son rêve de devenir instructrice, un échelon plus élevé dans cette carrière.
Au sujet de sa vie personnelle, elle nous dit que c'est très difficile parce que presque tous les jours elle rentre tard et fatiguée à la maison, mais elle fait tout avec plaisir parce que c'est ce qui lui plaît. Ainsi, la complexité et la dureté du travail ne l'empêchent pas de trouver du temps pour tout le reste.
Elle affirme également que le jour le plus heureux de sa vie sera celui où l’on parviendra à éliminer les vestiges de discrimination qui existent encore dans la société, malgré les grands progrès réalisés en matière d’autonomisation des femmes à Cuba. « À ce moment-là, nous ne serons pas seulement trois, mais beaucoup plus de femmes qui rejoindront la profession de monteuses de lignes électriques dans notre pays. »