ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Le record de production de l'entreprise a été atteint en 1992, avec 1 654 000 vitroplants de banane. Photo: Rodolfo Blanco Cué

camagüey. – Scalpel en main, des hommes et des femmes dévoués à leur travail et soutenus par la science semblent faire de la magie dans la bio-usine, qui dépend de l'unité d'entreprise de base (ueb) Semillas Camagüey. Ils multiplient et multiplient encore jusqu'à atteindre une chaîne de production qui leur a permis, en près de 33 ans, de produire un total de sept millions de vitroplants de bananiers.

En accord avec la stratégie agricole du pays, les variétés les plus productives et les plus résistantes ont été clonées dans cette usine : Burro cemsa, Gran Enano, Pelipita, fhia-03, sh-3436 et fhia-01v1.

Ils travaillent actuellement sur le fhia-18, Pisang Ceylon et le clone Minivitro 2007. Ce dernier est une réalisation de Camagüey, avec un port bas, dérivé du fhia-18, et promet déjà de bons résultats.

En outre, ce centre a produit, grâce à la biotechnologie végétale, plus de cinq millions de vitroplants de canne à sucre, 60 000 d'ananas, 21 000 de tarots, ainsi que d'autres productions mineures de certaines cultures de consommation et d'ornement.

Le record de production de cette entreprise a été atteint en 1992, avec 1 654 000 vitroplants de bananiers. Aujourd'hui, elle n'a pas atteint ce niveau, mais elle cherche à stabiliser sa production afin de répondre à la demande.

Ce fut une idée de Fidel, se souviennent ses fondateurs. Il l'a lancée le 26 juillet 1989 et un an et demi plus tard, en décembre 1990, la bio-usine était prête. Sa mission était claire dès le départ et aujourd'hui, elle continue à produire des vitroplants d'espèces et de variétés de valeur pour la promotion des zones de production de cultures variées, d'arbres fruitiers, de légumes et de plantes ornementales.

UN PROCESSUS AUX NOMBREUX ACTEURS

Le point de départ se situe en dehors des laboratoires : un ouvrier agricole, machette à la main et avec un peu de pratique également, taille le tronc de l'arbre pour laisser ce qui est vraiment important, là où se trouve l'information génétique qui sera multipliée par la suite. D'un petit morceau de tronc naîtront, en huit mois, des centaines de plants prêts à être semés.

Un autre point essentiel avant d'arriver au laboratoire est la stérilisation des pots destinés au processus de production, ce qui garantit que des parasites ne s’introduisent pas durant le processus, ce qui pourrait ensuite gâcher de grandes productions, comme cela s'est produit l'année dernière avec une contamination qui a rompu le cycle et a même affecté une partie de la production de cette année.

« Ici, nous travaillons avec la rigueur d'un laboratoire. Dans la zone aseptique, il faut des intrants tels que des gants et des vêtements stériles, qui ont été très difficiles à acquérir ces derniers mois, ce qui nuit à la production, néanmoins, nous cherchons des variantes, et aujourd'hui nous avons du matériel pour réaliser le plan », a expliqué à Granma l'agronome Orlando Alvarez Téllez, directeur de l'UEB Semillas Camagüey.

Le milieu artificiel de culture dispose de tout ce dont la plante a besoin pour se développer. Photo: Rodolfo Blanco Cué

Le milieu artificiel de culture contient tout ce dont la plante a besoin pour se développer, explique Lizy Corella Marrero, spécialiste du secteur des milieux de culture. « Il est à base de sels inorganiques et d'hydrates de carbone, auxquels s'ajoutent des hormones végétales qui permettent d'orienter le développement des bourgeons en fonction de la phase dans laquelle ils se trouvent, qu'il s'agisse de l'établissement, de la multiplication ou de l'enracinement », a ajouté la spécialiste, qui travaille à la bio-usine depuis 31 ans.

« Les avantages des vitroplants sont nombreux, car ils offrent la possibilité de multiplier des espèces qui ont naturellement très peu de capacités à le faire. À partir d'une plante mère de bananier, on ne peut obtenir que quatre propagules par an, alors qu'avec la micropropagation, il est possible d'obtenir entre 3 000 et 5 000 plantules à partir d'une plante mère », explique Bernardo Varona Socarras, actuellement chef de la maintenance et l'un des plus expérimentés dans ce domaine, car il n'y a guère de secteurs de l’entreprise dans lesquels il n'ait pas travaillé.

La multiplication se produit à travers le phénomène de l'organogenèse, a expliqué Nelson Vega Rubio, agronome et directeur de l'usine. « Ce processus consiste en la génération induite de bourgeons axillaires, suivie de leur individualisation afin qu'ils puissent entamer un nouveau cycle de vie », explique-t-il.

Aujourd'hui, les vitroplants de bananier qui sortent de la bio-usine de Camagüey sont principalement destinés à l'entreprise La Cuba à Ciego de Avila et à l'agriculture locale. Les plants de la variété Gran Enano sont reconnus au niveau national pour leur haute qualité génétique, et bénéficient de la norme de qualité ISO 9001-2015, qui garantit la certification de la traçabilité du produit.

MULTIPLIER LES NOUVEAUX HORIZONS

La bio-usine de Camagüey a parmi ses projets les plus immédiats celui de commencer la multiplication de vitroplants de pommes de terre. Cela exige une plus grande rigueur, de nouvelles techniques et de nouvelles connaissances, a ajouté Varona Socarras, qui est chargée de préparer la zone qui sera consacrée à ces nouveaux efforts.

« La pomme de terre a ses spécificités. La température et l'éclairage sont des éléments clés du processus, c'est pourquoi nous préparons une chambre d'adaptation dotée des conditions exigées par ce produit, avec un système d'air qui nous permet de maintenir une température stable entre 18 et 20 degrés Celsius, et un circuit que nous avons mis au point pour que la lumière s'allume automatiquement pendant 16 heures et s'éteigne pendant huit heures. »

La technique est semblable, mais différente, précise le spécialiste. « La pomme de terre a la capacité de reproduire la tige de sa réserve, on la divise et on la plante dans le milieu de culture pendant environ 30 jours, et on répète la division. Elle continue à produire la tige. On calcule que, pour un coefficient de multiplication de un, on peut obtenir quatre à cinq divisions. Ensuite vient la phase de durcissement pendant 15 jours, et nous gagnons du temps, car il n'y a pas de phase d'enracinement. Ensuite, on passe à l'ensemencement pendant quatre mois, et c'est de là que naît la semence pré-catégorisée.»

Le professeur, comme beaucoup l'appellent là-bas, ajoute qu'il est très confiant dans les résultats, car la pomme de terre est une plante qui réagit correctement in vitro. Elle ne porte que des produits de base et elle a une grande capacité d’adaptation.

Comme avantages, il a souligné l'obtention d'une semence nationale que le pays ne devra pas importer. La variété qui sera multipliée se comporte très bien dans le climat cubain.

Il est également prévu de transformer la bio-usine en micro-entreprise d'État, afin qu'elle jouisse d'une plus grande autonomie et que les travailleurs tirent davantage de bénéfices de la production et des ventes réalisées.      

C’EST EX VITRO QUE TOUT SE DÉCIDE    

Dans ce type d’usine, tout le monde est indispensable pour qu'elle fonctionne comme une horloge : les travailleurs qui préparent le milieu de culture, ceux qui sont chargés de la sélection, du traitement et de l'introduction des souches, ceux qui travaillent dans la zone aseptique, qui passent des heures et des heures à les multiplier, jusqu’à ceux qui ont pour mission d'adapter les vitroplants à l'environnement naturel (ex vitro). En cas d'échec de l’un d’entre eux, c'est toute une année de travail qui peut être perdue.

L'inventivité a n’a pas fait défaut à cette étape. Faute de boîtes conçues pour l'adaptation, celle-ci se fait directement dans les plates-bandes, ce qui implique une plus grande responsabilité pour des travailleurs comme Yaisel Batista Sanchez, qui jusqu'à présent ne s'occupait que des légumes destinés à l'autoconsommation de la cantine, et qui est désormais impliquée dans le processus de production.

Trois autres travailleurs agricoles sont présents au niveau de la phase d'adaptation et, plus tard, des semis destinés à la vente. Yariel Sarduis Fuentes est l'un d'entre eux, et il connaît l'importance de son travail, qui peut sembler le plus difficile, mais qui a aussi sa technique.    

Entre anciens et nouveaux projets, soutendus par beaucoup de science, la bio-usine de Camagüey cherche à enchaîner les processus et à fermer véritablement le cycle, ce qui apporterait des produits plus résistants, de meilleure qualité et avec des rendements plus élevés.

La diversification de la production serait une autre façon d'apporter des plants de qualité aux champs cubains, qui en ont grandement besoin, afin d’obtenir de meilleures récoltes.