ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Actuellement, l'internationalisation des économies et des chaînes d'approvisionnement est remise en question. C'est pourquoi de nombreux pays encouragent l'autosuffisance et l'approvisionnement auprès de pays proches et fiables, afin d'éviter les entraves à la production et l'impact de l’inflation Photo: Ricardo López Hevia

« De nombreux analystes affirment que nous vivons l’ère du désordre, un moment convulsif où convergent de multiples crises. De plus, tout s’écroule : l'économie, la politique, la technologie, l'environnement. C'est l'expression d'un capitalisme sénile qui puise des forces là où il n'y en a pas, précisément, pour maintenir son hégémonie. »
C'est ainsi que Faustino Cobarrubia Gomez, docteur en sciences économiques, chercheur au Centre d'étude de l'Économie mondiale et chef du Département du Commerce international et de l'Intégration économique, a décrit le contexte dans lequel évoluent actuellement la géopolitique et l'ordre mondial.
Lors d’un échange avec la presse le deuxième jour de la 14e Rencontre internationale des économistes sur la mondialisation et les problèmes de développement, Cobarrubia Gomez a souligné qu'il est de plus en plus évident que nous nous trouvons à un moment de transition géopolitique dans l'hégémonie mondiale, qui implique un déplacement de la suprématie occidentale à la suprématie orientale.
Il a souligné que ce n'est certainement pas la première fois que cela se produit dans l'histoire du monde. Cependant, dans ce contexte, cela se manifeste par des éléments nouveaux.
Premièrement, cette transition hégémonique coïncide avec une période de crises multiples : écologique, économique, politique, y compris une crise de civilisation, dans laquelle convergent de nombreux facteurs sociaux. Deuxièmement, l'axe de l'hégémonie se déplace, pour la première fois, des États-Unis vers l'est de la planète, comme en témoigne notamment la guerre commerciale et technologique entre la Chine et les États-Unis.
Dans ce contexte, où le capitalisme étasunien est à l’agonie, Cobarrubia Gomez a affirmé que sa seule alternative était les sanctions économiques. Or, celles-ci vont à l'encontre du pouvoir hégémonique, car « si un pouvoir hégémonique ne fait rien d’autre que sanctionner, le sanctionné ne voudra pas appartenir à la monnaie de ce pays ».
Cela ne fait qu'encourager les pays à créer leurs propres mécanismes et monnaies alternatives au dollar, ce qui fait que les États-Unis, avec ces sanctions, accélèrent leur déclin. Ironiquement, ils creusent leur propre tombe, a-t-il ajouté.
Le chercheur du Centre d'études a soutenu que, dans ces circonstances, nous devons trouver des solutions, car les conséquences de cette crise hégémonique retombent sur le dos des pays en développement.
Il a ajouté qu'à ce stade, il existe plus de questions que de réponses. Par contre, cette rencontre a la particularité de faire converger de nombreuses positions. Nous ne parlons pas seulement de tendances marxistes, mais nous dialogons y compris avec des tendances opposées.
« Traditionnellement, des universitaires néolibéraux et de différentes tendances ont été présents, et je crois que la solution réside précisément dans cela : dans l'écoute de tous, car ce qui est en danger, c'est l'Humanité. Il ne s'agit plus seulement d'un système ou d'un autre, mais de la survie de l'Humanité.
« Nous vivons tous dans ce monde, et c'est ensemble que nous devons trouver la solution, le chemin et la réponse. Il ne s'agit pas d'un conflit entre socialisme et capitalisme, mais de sauver l'Humanité », a-t-il affirmé.

LA MONDIALISATION CONTESTÉE
Arturo Huerta, professeur à la faculté d'Économie de l'Université nationale autonome du Mexique, a expliqué dans sa présentation que la problématique économique actuelle remet en question l'internationalisation des économies et des chaînes d'approvisionnement, raison pour laquelle de nombreux pays encouragent l'autosuffisance et favorisent l'approvisionnement auprès de pays proches et fiables, afin d'éviter les entraves au niveau de la production et d'éviter l'impact de l'inflation mondiale.
Il a souligné que, dans le contexte actuel, le commerce mondial n'est plus le moteur de nombreuses économies. Par exemple, la Chine, qui se développait autour du marché extérieur, a changé de stratégie depuis 2010 en faveur d'une croissance du marché intérieur.
Il a également évoqué l'austérité budgétaire et le non endettement, une décision qui limite les dépenses publiques et la prise en charge de problèmes environnementaux, de développement technologique, ainsi que la croissance de l'économie et la création d'emplois.