ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Le programme de stabilisation macroéconomique devra garantir un environnement favorable à la croissance Photo: Juvenal Balán

Le premier jour de la 2e Période ordinaire de sessions de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire (ANPP), Manuel Marrero Cruz, membre du Bureau politique et Premier ministre a présenté les projections du gouvernement pour corriger les distorsions et relancer l'économie en 2024.
Marrero Cruz a expliqué que nous avons travaillé dans un scénario d'économie de guerre, avec toutes les complexités que cela implique, ce qui a entraîné une détérioration de la situation sociale et économique de la nation, due à un renforcement du blocus.
Il a ajouté que, malgré les campagnes de l'ennemi visant à démontrer que le siège économique n'a rien à voir avec le contexte dans lequel se développe le pays, mais plutôt avec l'incapacité du gouvernement, « le blocus fait du mal ».
Il a exprimé son insatisfaction quant au fait que nous n’ayons pas avancé dans la réduction de l'impact de ces phénomènes externes, et il a souligné la persistance de problèmes subjectifs et d'insuffisances qui, en 2024, devront être affrontés avec détermination.
Du point de vue du gouvernement central et de ses institutions, a-t-il déclaré, il est évident que les capacités à exercer un contrôle sur la mise en œuvre des politiques et des activités dans les secteurs de la branche, de l'économie et des services n'ont pas été articulées de manière adéquate, et « ce sont des questions que nous devons transformer en 2024 ».
Il a ajouté qu’il faut un ministère de l'Économie plus fort, qui exerce sa véritable fonction, tandis que celles qui l'ont éloigné de son activité principale doivent lui être enlevées.
Le chef du gouvernement a ajouté qu’il est également nécessaire de renforcer et de recadrer le travail du ministère des Finances et des Prix, étant donné les nombreux problèmes liés aux prix élevés et à la fraude fiscale, ainsi que dans d'autres secteurs tels que le Commerce extérieur.
Ceci, a-t-il expliqué, conduit à des distorsions qui violent le cadre institutionnel et les réglementations du pays, sans entraîner de risque juridique, administratif, fiscal ou pénal pour les contrevenants.
Il a souligné que la « mentalité importatrice » et l'accès au circuit des devises dans les secteurs productifs et commerciaux ont augmenté ; le déséquilibre historique de la balance commerciale s'est aggravé, ainsi que la baisse des revenus d'exportation, sans diminution significative des importations.
« Nous n’avons pas avancé dans l’application du principe de subventionner les personnes qui en ont besoin, et non les produits », et nous continuons à bénéficier d'un grand nombre de subventions de l'État, que nous devrons commencer à supprimer l'année prochaine.
Il a ajouté que la participation des investissements étrangers au développement de l'économie est insuffisante, et qu’il n’est pas accordé à cette question la priorité qu’elle mérite. De même, il n’y a pas d’encouragements à créer des affaires entre les différents acteurs économiques afin d’utiliser des capacités inemployées ou ayant un faible niveau d'exploitation.
Au sujet de la production agro-industrielle, et notamment celle de la production alimentaire, il a déclaré que nous n’avons pas atteint les niveaux nécessaires pour répondre aux besoins de la population et du pays, car des déficiences persistent dans le contrôle des terres et dans le processus de passation de contrats avec des formes de production non étatiques, qui sont majoritaires dans la production agricole, tandis que dans l'industrie sucrière, la production de canne à sucre n’a pas été récupérée.
Marrero Cruz a critiqué le fait que le plan économique annuel et le budget de l'État ne sont pas projetés en fonction des capacités, du potentiel et des besoins de développement du pays.
Il a souligné que des méthodes efficaces de régulation et de contrôle, direct ou indirect, des prix de gros et de détail ne sont pas garanties, tandis que des défaillances persistent dans le fonctionnement du système de gestion fiscale.
À propos du Programme de stabilisation macroéconomique, il a indiqué que celui-ci vise à rétablir l'équilibre macroéconomique, ce qui garantira un environnement favorable à la croissance économique, au développement et au processus de construction socialiste, en se réaffirmant comme la condition nécessaire à la croissance et en s'articulant avec le Plan national de Développement à l'horizon 2030.

Il a ensuite annoncé les projections du gouvernement pour l'année à venir :

AUGMENTER LES RECETTES DU PAYS EN DEVISES

Augmenter les exportations de biens et de services.
Redimensionner le marché des changes, intervenir sur le marché informel et contrôler le taux de change du pays, y compris la détermination du taux de change et la formation des prix.
Récupérer les flux d'envois de fonds.
Mettre en œuvre le nouveau mécanisme d'allocation et de gestion des liquidités pour tous les acteurs économiques.
Développer des processus de négociation avec les fournisseurs traditionnels et non traditionnels pour un approvisionnement stable en biens, en utilisant diverses formes de participation, de remboursement des paiements et des dettes
Mettre en œuvre de nouveaux projets commerciaux et des mécanismes permettant de récupérer les liquidités des comptes en monnaie numérique (MLC), fonds qui soutiendront les opérations commerciales et d'approvisionnement.
Promouvoir des affaires avec les personnes physiques et morales ayant une capacité financière pour l'importation et la commercialisation de matières premières et de produits intermédiaires ayant un impact favorable sur l'offre et donc sur la formation des prix sur le marché de gros et de détail, ainsi que l'utilisation de crédits financiers et commerciaux auprès de banques internationales ou d’établissements financiers.
Renforcer le commerce électronique avec des paiements depuis l'étranger, en garantissant un système qui assure aux producteurs l'accès aux devises nécessaires pour se réapprovisionner et produire de manière durable, afin d'offrir davantage de biens et de services à la population.
Poursuivre le processus de renégociation de la dette extérieure avec des pays stratégiques pour le développement économique et social du pays.
Accroître la participation des investissements étrangers, en donnant la priorité à la production alimentaire et à la transformation de la matrice énergétique, ainsi qu'en incorporant de nouveaux investissements liés à l'augmentation des sources d'énergie renouvelables, tout en progressant dans les négociations sur des projets concrets.

AUGMENTER LA PRODUCTION NATIONALE

Encourager la production nationale.
Veiller à l'utilisation rationnelle des terres et accroître la production alimentaire nationale.
Perfectionner et développer la procédure de passation de contrat avec les producteurs agricoles non étatiques.
Promouvoir les entreprises qui contribuent à la relance de l'industrie sucrière et à l'augmentation des rendements agricoles.
Atteindre un équilibre alimentaire, au niveau municipal, avec une plus grande participation de la production alimentaire nationale au panier familial de produits subventionnés.
Encourager la compensation des importations par des exportations, en pensant en tant que pays, sur la base de la possibilité d'importer des intrants et des produits essentiels pour l'économie, en échange de l'offre de certains produits et/ou services à l'étranger.
Stimuler l'importation de matières premières afin de favoriser la production nationale, en particulier la production agricole et alimentaire en général, tout en décourageant l'importation de produits finis.
Réduire, pour tous les acteurs économiques, de 50 % les droits de douane sur les importations de matières premières et de biens intermédiaires, en mettant l'accent sur la production agricole et autres aliments.
 Augmenter les droits de douane à l’importation de certains produits prêts à la vente, tels que le tabac, les cigares, le rhum, la bière et d'autres produits, alors que ce type de produits est fabriqué dans le pays
Mettre en place un mécanisme de financement différencié pour la production alimentaire nationale, en monnaie nationale et en devises étrangères, sur la base des revenus générés.

RÉDUCTION DU DÉFICIT BUDGÉTAIRE

Réévaluer les exonérations fiscales et l'impact réel qu'elles ont sur l'économie afin de bénéficier à la population, et supprimer celles qui ne sont pas justifiées, en veillant à la collecte des impôts et à l'augmentation des recettes du budget de l'État.
Progresser dans la mise en œuvre du principe de subventionner des personnes et non des produits, ce pour quoi un système plus équitable et plus efficace doit être mis en œuvre.
Mettre à jour le coût du panier familial subventionné et du panier des biens et services de référence, avec les prix des denrées alimentaires de production locale et ceux des aliments importés dans le Plan d'économie pour l'année 2024.
Mettre à jour les prix de détail et de gros des carburants.
Augmenter de 25 % le tarif de l'électricité dans le secteur résidentiel uniquement pour les gros consommateurs, c'est-à-dire ceux qui consomment 500 kilowattheures (kWh) ou plus, afin de contenir la demande.
Augmenter de 7 à 21,24 pesos le tarif de l'eau pour la population qui n'a pas de compteur, afin d'encourager les économies.
Décentraliser vers les gouvernements territoriaux le pouvoir d'approuver les prix de gros et de détail des médicaments naturels et traditionnels, produits localement et industriellement.
Augmenter les prix des cigarettes et des cigares
Modifier les prix du gaz liquéfié, en augmentant le prix de détail d'une bouteille de 10 kg de 180 pesos à 225 pesos, et d'une bouteille de 45 kg de 810 pesos à 1 014 pesos.
Appliquer de nouveaux tarifs pour les services de transport de passagers.
Prolonger les exemptions tarifaires pour l'importation de denrées alimentaires et d'articles de toilette par des personnes physiques.
Mettre à jour les valeurs de référence des logements afin d'appliquer les impôts liés à l'achat et à la vente de ces biens entre particuliers, et réglementer leur paiement au moment de l’officialisation du transfert de propriété.
Renforcer efficacement la réglementation et le contrôle des prix.
Progresser dans le perfectionnement de la gestion de l'administration fiscale.

 SITUATION DE L'EMPLOI

À la fin de 2023, le nombre de personnes ayant un emploi a baissé de 4 %, a indiqué le chef du gouvernement, raison pour laquelle des mesures seront mises en œuvre afin d'enrayer cette tendance, notamment les suivantes :
Encourager la création de nouveaux emplois, sur la base du développement de nouveaux investissements, de la récupération des capacités et des exigences du développement territorial.

Photo: José Manuel Correa

Renforcer et systématiser les foires de l'emploi en tant que méthode intégrée pour la gestion de la main-d'œuvre, visant à rapprocher les personnes des offres d'emploi et des cours de formation, avec la participation de tous les acteurs étatiques et non étatiques. Lors de la dernière foire, 7 027 personnes ont trouvé des offres d'emploi ou des cours de formation.
Étendre l'application de l'organisation salariale des entreprises, sans obligation d'appliquer l'échelle salariale unique (Décret 87/2023).
Appliquer des mesures visant à encourager l'incorporation et la permanence des travailleurs dans les secteurs prioritaires de l'activité budgétisée.
Réduire les niveaux d'informalité dans l'emploi, en promouvant un changement d'approche, afin que les personnes ne se retrouvent pas dans un état de vulnérabilité volontaire, du fait qu’elles n'ont pas droit à la sécurité sociale.

ACTEURS ÉCONOMIQUES

Pour avancer dans la transformation intégrale de l'entreprise d'État socialiste et relancer son activité économique, ce qui lui permettra de se consolider en tant qu'acteur principal de l'économie nationale, il est nécessaire de :
Perfectionner les structures et le fonctionnement des Organisations supérieures de la Direction des entreprises et des systèmes d'entreprises subordonnés.
Loi sur les entreprises, qui prend en compte, entre autres éléments, leur classification, en considérant les particularités et en renforçant l'autonomie de l’entreprise.
Élaborer la proposition pour l’attention institutionnelle au système d'entreprise.
Progresser dans la création de MPME d'État.
Promouvoir la création d'entreprises mixtes entre entité publique et MPME privée.
Approuver la norme juridique établissant les principes pour les relations entre les acteurs étatiques et les acteurs non étatiques.
Publier de nouvelles normes juridiques, non pas pour reculer, mais pour continuer à progresser dans la conduite et l'alignement des objectifs stratégiques.
Mettre à jour les activités non autorisées à réaliser par les acteurs économiques non étatiques.
Décentraliser progressivement la procédure d'approbation des nouveaux acteurs économiques vers les municipalités.
Créer l'Institut pour la protection des acteurs économiques non étatiques.
Éliminer les exonérations fiscales, de six mois et d'un an, accordées aux acteurs économiques non étatiques à l'occasion de leur établissement.
Étendre l'application de l’impôt sur les ventes à toutes les opérations effectuées par les MPME.
Reconnaître le taux de change de 1,00 USD = 120,00 CUP pour le calcul des taxes dans les opérations d'importation par les formes de gestion non étatiques.
Donner la priorité au contrôle des acteurs non étatiques qui déclarent des pertes.
Perfectionner les règles d'enregistrement et de détermination des fiches de coûts des formes de gestion non étatiques, afin d'éviter la sous-déclaration et la fraude fiscale.
Subordonner le développement des opérations de commerce extérieur par des acteurs économiques non étatiques à la détention et à la déclaration de fonds à liquidité réelle.
Réaliser une étude et sélectionner les formes de gestion non étatique ayant une capacité de liquidité du fait de la détention de biens propres, de crédits ou du soutien financier d’entreprises étrangères, afin de mener à bien des processus de négociation qui favoriseraient des enchaînements productifs avec les entreprises d'État.
 
DÉVELOPPEMENT TERRITORIAL

Mettre à jour les stratégies de développement territorial.
Faire progresser le processus de décentralisation territoriale des compétences.
Préparer la proposition de Décret-loi permettant la délégation de compétences.
Mettre à jour les normes juridiques relatives à la gestion stratégique du Développement territorial et les normes permettant de réorganiser les projets de développement local.
Renforcer la gestion des budgets locaux.
 
CONSOLIDER LE PROCESSUS DE BANCARISATION

Perfectionner le travail dans le secteur bancaire.
Normaliser les systèmes de paiement électronique au niveau national, en utilisant toutes les plateformes et tous les codes déployés au niveau national, et les mettre en œuvre sur les marchés agricoles et sur les marchés de produits et de services à la population.


PERFECTIONNER L'ACTIVITÉ GOUVERNEMENTALE

Le Premier ministre a expliqué que la dynamique actuelle implique les migrations internes et externes, ce qui conduit à la perte de personnel qualifié à des postes clés.
À propos de la structure du gouvernement, des mesures doivent être mises en œuvre pour redimensionner le secteur budgétisé, comprenant les structures du gouvernement central, provincial et municipal, a-t-il dit. À l'heure actuelle, 51% de la main-d'œuvre se trouve dans le secteur budgétisé, et 49% dans le secteur des entreprises.
Il a ajouté, comme autre mesure, l'élaboration de la proposition de Politique et l’avant-projet de loi « sur l'organisation de l'administration centrale de l'État ».
Concernant le travail avec les cadres, il a précisé qu'il était essentiel, notamment pour ceux qui évoluent dans des situations défavorables. Il a ajouté que le personnel a diminué, avec une augmentation des démissions, principalement à la recherche de meilleurs salaires
Le chef du gouvernement a réaffirmé la tolérance zéro du pays à l'égard des illégalités, de sorte qu'une attention particulière sera accordée aux facteurs sociaux, aux indisciplines et aux pratiques négatives, qui se sont enracinés dans la société et qui génèrent diverses manifestations de comportements délictueux.
Il a ajouté que la priorité sera également donnée à la mise en œuvre des propositions relatives à l'étude de la violence dans ses différentes manifestations, dans le cadre d'une vision préventive globale, ainsi qu'au maintien du rejet extrême du trafic et de la consommation de drogues.
 
PRISE EN CHARGE DES PERSONNES HANDICAPÉES

Marrero Cruz a indiqué que l'Association cubaine des personnes souffrant de déficiences intellectuelles a été constituée en 2023 et que les bases de la Loi sur le handicap sont actuellement en cours d'élaboration. Il a ajouté que la reconnaissance légale de la langue des signes cubaine, en tant que langue naturelle de la communauté sourde, est prévue pour 2024.
Concernant le Programme pour la promotion de la femme, il a déclaré qu'un travail sera mené sur la consolidation des politiques publiques et sur la stratégie globale de prévention et de prise en compte de la violence de genre.
L'attention du gouvernement pour l'année à venir se concentrera sur la réduction des écarts entre les genres et du fait de la couleur de la peau dans tous les secteurs (politique, économique, socioculturel, scientifique-technologique et environnemental).
De même, des actions ayant un impact plus important sur l’enfance, l’adolescence et les jeunes et leur durabilité seront mises en œuvre afin de faire progresser la politique adoptée.

DYNAMIQUE DÉMOGRAPHIQUE

Fin 2022, la population vieillissante atteignait 22,3 % et l'indice synthétique de fécondité (nombre d'enfants par femme) 1,41 %, la tendance étant qu'il y a plus de décès que de naissances, a déclaré Marrero Cruz.
C'est pourquoi la priorité pour 2024, a-t-il dit, est la mise en œuvre du système national de prise en charge intégrale de la vie, la création d'un plus grand nombre de foyers pour enfants et l'augmentation des capacités des foyers de personnes âgées et de maisons de retraite.
Le programme du logement occupe également une place importante, ainsi que la consolidation des actions dans les zones rurales, afin d'améliorer la qualité de vie de la population et de contribuer à stopper la migration vers les villes.
Il a souligné que des mesures seront mises en œuvre pour améliorer la situation des secteurs de la Santé et de l'Éducation, du point de vue du revenu des travailleurs, de la stimulation morale, de l'amélioration des conditions de travail et de vie.
Il est possible d'énumérer quelques dispositions dans le secteur de la Santé, telles que le paiement pour les gardes de nuit, le paiement supplémentaire pour l'exposition et la complexité, le paiement pour les années de service et pour l'effort maximal.
Dans le secteur de l'Éducation, il est prévu de revenir au salaire à l'ancienneté, de tenir compte de la surcharge des enseignants et autres paiements supplémentaires, a-t-il dit.
Selon le chef du gouvernement, il est important de comprendre que les ressources les plus sûres dont nous pourrons disposer seront celles que nous serons capables de produire, c’est pourquoi il est nécessaire d'augmenter l’exigence de travailler, de travailler plus et de travailler bien.
Nous sommes conscients que les actions et les mesures qui seront appliquées n'auront pas un grand impact dans l'immédiat, mais nous irons de l'avant avec la conviction que c'est la voie correcte pour améliorer la situation actuelle. « Nous avons l’engagement d’atteindre les objectifs proposés », a-t-il conclu.