ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Lors de ce Conseil des ministres, les priorités nationales en matière de science, de technologie et d'innovation ont été approuvées. Photo: Estudios Revolución

« Plus qu'une option, la science et l'innovation sont la voie à suivre dans la recherche de solutions alternatives aux problèmes auxquels nous sommes confrontés dans le pays », a souligné Manuel Marrero Cruz, membre du Bureau politique et Premier ministre, lors de la réunion du Conseil des ministres du mois de mai.
Lors de la réunion, présidée par Miguel Diaz-Canel Bermudez, Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République, les priorités nationales en matière de science, de technologie et d'innovation ont été approuvées, entre autres thèmes, ainsi que les formes de leur gestion.
« La formule pour sortir de la situation dans laquelle nous nous trouvons est d'utiliser la science, d'introduire ses résultats, d'appliquer des technologies, en innovant dans tous les aspects », a déclaré le ministre de la science, de la technologie et de l'environnement, Eduardo Martinez Diaz, en présentant devant la plus haute instance dirigeante de Cuba un document qu’il a qualifié de « prometteur », qui aborde des questions clés pour le développement du pays.
Les priorités, a-t-il dit, se concentrent sur les secteurs les plus importants, en raison de leur contribution immédiate à l'économie et à la société. Elles seront gérées par des Projets stratégiques de gouvernement qui ferment un cycle et qui, dans un premier temps, répondent aux problèmes économiques actuels.
Martinez Diaz a souligné que la première priorité est l'augmentation des recettes en devises provenant de l'exportation de biens et de services.
« Tous les produits exportables du pays doivent avoir des Projets spécifiques visant à résoudre les problèmes qui les affectent aujourd'hui, à savoir augmenter leur valeur ajoutée, réduire les coûts de production, améliorer les paramètres de qualité, entre autres. Les projets visant à développer de nouveaux produits exportables doivent être prioritaires. »
Le ministre a mentionné des lignes concrètes telles que l'augmentation de la production de nickel, la rentabilisation des revenus du tabac, le développement de produits biotechnologiques innovants, le renforcement du tourisme et la création de nouveaux produits, le développement de nouveaux services médicaux exportables, l'introduction de nouvelles technologies pour augmenter la production de sucre et de ses dérivés, ainsi qu'une stratégie financière pour soutenir les exportations et minimiser l'impact du blocus imposé par le gouvernement des États-Unis.
Un deuxième bloc de priorités vise la production d'énergie par l'installation de parcs solaires photovoltaïques et éoliens afin d’augmenter la capacité de production du Système électrique national (SEN), la transition énergétique dans le secteur du sucre et sa contribution au SEN, ainsi que l'augmentation de l'extraction du pétrole brut cubain et l'amélioration de sa qualité. Tout cela nécessite énormément de science et l'introduction de technologies, a-t-il ajouté.
Un troisième niveau de ces priorités nationales concerne l'alimentation, et dans l'avenir immédiat, l'introduction de technologies pour produire des aliments pour animaux, ce qui permettra d'augmenter la production de porc et d'œufs, ainsi que celles du lait et de la viande de bœuf.
Les Projets stratégiques gouvernementaux qui clôturent un cycle, a expliqué Martinez Diaz, auront un responsable national qui, avec l'équipe de travail, définira les objectifs avec des buts, des indicateurs, un chronogramme d'exécution et une analyse de faisabilité technico-économique.
Les tâches découlant de la mise en œuvre de ces projets seront considérées comme prioritaires pour tous les acteurs impliqués à chaque niveau – à savoir les Organismes de l’administration centrale (OACE), les Organismes supérieurs de direction d’entreprise (OSDE), les entreprises, les organismes chargés de la science, de la technologie et de l'innovation, les provinces et les municipalités.
Afin de garantir leur contrôle au plus haut niveau, leur mise à jour permanente et la prise de décision, les projets seront évalués par le Conseil national de l'innovation, un organe dirigé par le président de la République.

L'ÉCONOMIE ET LE BUDGET DE L'ÉTAT

La priorité doit être donnée aux projets de biotechnologie, aux industries du nickel, du tabac et du sucre afin de développer de nouveaux produits exportables Photo: Ricardo López Hevia

La situation de l'économie cubaine à la fin du mois d'avril – période évaluée à cette occasion par le Conseil des ministres – continue d'être très tendue, bien que l'on constate des améliorations dans certains indicateurs.
Selon le ministre de l'Économie et de la Planification, Joaquin Alonso Vazquez, les exportations de biens affichent des chiffres inférieurs au plan prévu, mais présentent une certaine croissance par rapport à la même période de l'année dernière. Dans le cas du nickel, les prix sur le marché international s'améliorent et cette tendance devrait se maintenir.
Nous avons également des réserves à exploiter, a-t-il dit, dans l'exportation du charbon, également en raison de la hausse de son prix sur le marché mondial. La production de tabac mécanisé, a-t-il ajouté, s’améliore, à partir d'une stratégie de renforcement de sa main-d'œuvre.
Les services médicaux maintiennent une bonne performance, avec un dépassement cumulé de 7 %. D'autre part, les services touristiques en avril ont dépassé le plan de 6 %, et ont augmenté de 11 % par rapport à la même période en 2023.
Au sujet du processus inflationniste qui affecte la nation, le ministre de l'Économie et de la Planification a souligné que « l'inflation mensuelle a montré une légère décélération en avril : de 4,07 en mars à 2,13. Par rapport à mars 2023, l'inflation en glissement annuel, qui a atteint 46,4 %, a décéléré ». Ce résultat, a-t-il précisé, ne signifie pas que les prix baissent. Ils continuent de croître, mais à un rythme plus lent.
Au sujet des nouveaux acteurs économiques, jusqu'à la fin du mois d'avril, la création de 11 140 MPME a été approuvée, a-t-il précisé, dont 10 857 sont privées et 212 d’État, tandis que 71 sont des coopératives.
Au cours de cette période, 51 774 personnes sont entrées sur le marché du travail, 327 476 personnes en situation de vulnérabilité ont été prises en charge, ainsi que 62 840 mères de trois enfants ou plus.
Le ministre des Finances et des Prix, Vladimir Regueiro Ale, a ensuite souligné qu'à la fin du mois de mars l’exécution du Budget de l'État, était favorable avec un déficit de 34,12 milliards de pesos, soit 62,2 % de ce qui avait été planifié. Les provinces de La Havane, Sancti Spiritus et Matanzas ont des résultats excédentaires.
Les revenus bruts, a-t-il ajouté, dépassent de 4 % les prévisions, grâce au comportement favorable des résultats des entreprises, de l'impôt sur les bénéfices et du rendement des investissements de l'État, des aspects pour lesquels il existe encore des réserves et de nombreuses potentialités encore inexploitées.
Il a souligné que le système fiscal se rétablit en tant que principale source de revenus pour le Budget. Dans ce sens, il a ajouté que les contributions des formes de gestion non étatiques augmentent également.
Au sujet de la campagne de Déclaration sur l’honneur, ses résultats, a-t-il précisé, sont extraordinaires par rapport aux années précédentes,  ce qui a été obtenu grâce à la mobilisation des forces d'autres secteurs et à l'accompagnement des autorités du Parti et du gouvernement dans les provinces.
L’objectif de présentation par les contribuables de la Déclaration sur l’honneur concernant l'impôt sur les bénéfices a été atteint à 99,8 %.  Seules 34 entités (personnes morales) n'ont pas respecté la déclaration. Dans le cas des personnes physiques, 4 000 contribuables n'ont pas présenté la Déclaration sur l’honneur de l'impôt sur le revenu personnel. Dans tous les cas, les sanctions prévues sont appliquées : amendes, saisie des comptes bancaires et fermeture des établissements.
 À la clôture de la campagne, un processus de contrôle des revenus déclarés et des impôts payés a démarré.
Au sujet de l'évaluation de l'exécution des dépenses, le ministre a attiré l'attention sur la non-exécution des processus d'investissement et sur la nécessité d'ajuster les demandes financières aux capacités réelles de l'économie, tout en insistant sur le contrôle adéquat des processus de passation des marchés et de paiement des services et des biens acquis par les entreprises budgétisées, en favorisant les appels d'offres et la rigueur dans les prix.
EN PÉRIODE COMPLEXE, DAVANTAGE D'UNITÉ
Évaluant la situation économique que traverse l'Île, frappée par l'intensification du blocus qui touche tous les aspects de la vie de la nation, le Premier ministre a souligné que « dans une période complexe comme celle-ci, il faut beaucoup d'unité, comme l'a déclaré le général d'armée Raul Castro Ruz dans son discours à l'occasion du 65e anniversaire du triomphe de la Révolution cubaine ».
Indépendamment de la situation objective liée au manque de carburant et de devises, a-t-il estimé, il a été démontré qu'il existe des réserves que nous n'avons pas été en mesure d'exploiter, qu'il est possible de faire choses différentes et qu'elles ne sont pas faites.
Nous sommes conscients, a-t-il dit, des problèmes objectifs auxquels le pays est confronté lesquels affectent l'ensemble de la structure des entreprises, mais nous sommes également conscients de la différence qui existe entre certaines entreprises et d'autres. Cette différence est la marque de la personne qui dirige cette OSDE, cette entreprise, non pas parce qu'elle est particulièrement douée, mais parce que c’est quelqu’un qui a la capacité d'écouter son collectif et de rassembler toute cette intelligence créative.
Chaque jour nous démontre qu’il existe des expériences encourageantes, nous démontre que vraiment, c'est possible, mais cela reste des exceptions, nous devons les généraliser, a souligné Marrero Cruz.
En outre, il a invité à rester aux côtés du peuple, à faire face aux problèmes, en expliquant, sans promettre des choses que nous ne sommes pas en mesure de garantir. L'enthousiasme ne peut pas manquer, avec toute l'objectivité du monde, mais avec la conviction que nous pouvons résoudre beaucoup de difficultés.
Il a notamment appelé le secteur des entreprises à communiquer davantage avec la population, une responsabilité qui n'incombe pas seulement au Parti et aux autorités gouvernementales, mais à tout le monde. Nous sommes à un moment qui exige beaucoup de communication, ce n’est pas le moment de rester dans son bureau, a-t-il ajouté.   
Évaluant la situation énergétique complexe du pays, le Premier ministre a déclaré : « chaque fois que c'est possible et contrôlable, nous devons opter pour le télétravail, le travail à distance, le changement d'emploi, le travail en continu dans les bureaux ».
Tout ce qui nous permettra d'économiser des heures de consommation d'énergie contribuera sans aucun doute à réduire la demande et, de ce fait, à augmenter la production. Les systèmes des centres de travail ont été déconnectés le samedi et le dimanche, « ce qui nous permet de réduire la demande d'environ 200 mégawatts ».
Marrero Cruz a évoqué les mesures qui doivent également être prises dans le secteur non étatique pour réduire la demande. Les gros consommateurs non étatiques seront identifiés, a-t-il dit, on leur rendra visite, la situation leur sera expliquée et des décisions seront prises avec eux. Là, a-t-il précisé, nous disposons d'une réserve importante en matière d'économies d'énergie.
Le Premier ministre a demandé aux gouvernements territoriaux d'apporter un plus grand soutien – en matière d'alimentation, de transport, de toute sorte d’attentions – aux travailleurs de l’Union électrique, des collectifs qui travaillent de jour comme de nuit, afin de pouvoir soutenir le système et de chercher des solutions.
PRISE EN CHARGE DES PERSONNES EN ERRANCE
Après dix ans d'application de la politique de prise en charge des personnes en errance, le Conseil des ministres a approuvé sa mise à jour, sur la base de la situation actuelle du pays.
Comme l'a expliqué la ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Marta Elena Feito Cabrera, l'errance est définie comme le « trouble du comportement humain multicausal, qui constitue un mode de vie caractérisé par l'instabilité et l'insécurité du lieu de résidence, le manque de soins personnels et d'autonomie économique, ainsi que l'absence d'un projet de vie favorable. En général, on constate une transgression des règles de coexistence et de discipline sociale ».
Il existe actuellement neuf centres de Protection sociale dans les provinces de Pinar del Rio, La Havane, Matanzas, Villa Clara, Ciego de Avila, Camagüey, HolguIn, Granma et Santiago de Cuba, où ces personnes font l'objet d'une évaluation clinique et où leurs problèmes sont pris en charge.
Un nouveau centre est prévu cette année dans la province de Las Tunas. Dans les territoires où ils n'ont pas été mis en place, il existe des équipes multidisciplinaires dans les institutions de santé.
Sur un peu plus de 3 700 patients accueillis dans ces centres de protection sociale, 87 % sont des hommes ; 50 % ont entre 41 et 59 ans ; 30 % sont des personnes handicapés ; 24 % souffrent de troubles psychiatriques ; 30 % ont une consommation élevée d'alcool ; et 38 % ont moins de 60 ans et n'ont pas de domicile fixe, a indiqué Feito Cabrera.
Cette nouvelle politique approuvée par le Conseil des ministres ratifie la responsabilité des conseils d'administration municipaux en matière de prévention, de soins, de contrôle, de suivi et de prise de décision concernant la prise en charge des personnes en errance.
Elle stipule que le gouvernement des provinces qui ne disposent pas d'un Centre de protection sociale doit évaluer la pertinence de sa création et propose d’élaborer le protocole de détection, d'information et de transfert des personnes en errance.
Elle propose également l'orientation vers le centre éducatif ou sanitaire le plus proche des mineurs détectés en errance, afin de vérifier leur état de santé, de leur apporter les soins nécessaires et d'informer les autorités correspondantes.
Elle charge également le gouvernement provincial de faciliter, en vue de la prise en charge des personnes en errance, âgées de moins de 60 ans et sans domicile fixe, l'accès à la réhabilitation face à  la dépendance à l'alcool et à d'autres addictions par le biais de soins de santé spécialisés, d'offres d'emploi ou de cours de formation, ainsi que l'attribution de logements temporaires, de foyers de transition, la remise de logements ou l'approbation de subventions pour leur réparation ou leur construction, a déclaré le ministre.
Le vice-Premier ministre Jorge Luis Perdomo Di Lella a rappelé quant à lui que le processus de d’accueil des personnes ayant ces comportements doit être mené avec intégralité ; les personnes qui vont dans les centres de protection sociale ne sont pas détenues, ni soumises à un régime pénitentiaire provisoire, elles s'y rendent pour être prises en charge, ce qui est un concept important.
Dans ces centres, a-t-il expliqué, le problème de la personne est classé, pris en charge et une solution lui est proposée. L'objectif fondamental est la réinsertion de la personne dans sa famille, d'exiger la responsabilité familiale qui est souvent perdue, bien que certaines personnes soient seules et sont sous la responsabilité de l'État : c'est à cela que servent les institutions établies. Ces centres ne sont pas faits pour qu'ils y vivent pendant des années, a-t-il ajouté.

LA LANGUE DES SIGNES SUR LA VOIE DE LA LÉGALISATION
Lors de cette session, le Conseil des ministres a approuvé la proposition présentée par le ministère du Travail et de la Sécurité sociale concernant la politique et l’avant-projet de décret-loi visant à légaliser la langue des signes cubaine, ce qui « bénéficie du soutien total de notre communauté de sourds », a indiqué Feito Cabrera.
Les pratiques quotidiennes à Cuba démontrent la valeur sociale, la légitimité et l'authenticité de la langue des signes cubaine, qui la présentent comme une politique publique qui garantit l'inclusion de toutes les personnes sourdes.
La démonstration des valeurs sociales authentiques de la langue des signes cubaine – en tant que première langue et langue naturelle des personnes sourdes dans notre pays – la nécessité et l'utilité de son utilisation pour accéder au savoir et au développement intégral, ainsi que l'importance de la reconnaissance de ses valeurs linguistiques et culturelles, sont des arguments pour établir son statut d'un point de vue juridique.
Alejandro Marzo Peña, président de l'Association nationale des sourds de Cuba, a remercié le Conseil des ministres pour la sensibilité dont il a fait preuve en approuvant cette proposition de décret-loi. Il s'agit d'une norme très importante pour la communauté sourde, laquelle reconnaît la langue des signes comme notre héritage. Cela facilitera le développement de la langue des signes sur le plan politique, éducatif et dans tous les contextes, a-t-il ajouté.
Avec cette étape importante, le Conseil des ministres exerce l'initiative législative et présente au Conseil d'État l’avant-projet de décret-loi visant à établir la légalisation de la langue des signes cubaine.
POINTS À L'ORDRE DU JOUR
La réunion du Conseil des ministres, qui a lieu à la fin de chaque mois au Palais de la Révolution, a également approuvé la proposition de politique de Transformation numérique, le Programme numérique cubain, ainsi que la Stratégie pour le développement et l'utilisation de l'intelligence artificielle à Cuba.
Les résultats du Programme national de promotion de la femme, trois ans après sa mise en œuvre, et les lignes de travail pour l'année en cours ont également été présentés.
Le ministère du Commerce intérieur a rendu compte de sa gestion à la plus haute instance du gouvernement, dans une période complexe du fait du manque d’approvisionnement du réseau étatique des commerces, du non-respect des politiques et des programmes, du nombre croissant d'acteurs qui pratiquent des activités liées à ce secteur et à la persistance de causes et de conditions propices à des faits délictueux.
L'exécution des travaux de transvasement de l'eau dans le centre et l'est de l'Île a également été évaluée : il s’agit d’une œuvre hydraulique de grande envergure qui continue d'avancer, y compris au milieu de la situation économique difficile que connaît le pays