ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
La lutte contre la pandémie a exigé une impulsion scientifique dans différentes branches et, grâce à sa capacité d'innovation, elle a proposé des solutions de grande envergure, notamment les vaccins cubains. Photo: José Manuel Correa

Le système de gestion du gouvernement cubain, basé sur la science et l'innovation, établit l'interaction nécessaire des scientifiques et des organismes scientifiques avec les gouvernements et les entreprises en vue de rechercher des solutions pour le développement du pays.

La lutte contre la pandémie de COVID-19 en est un exemple clair : elle a exigé une impulsion scientifique dans différentes branches et, grâce à sa capacité d'innovation, elle a proposé des solutions de grande envergure, notamment des vaccins cubains, à l’efficacité avérée.

Afin de donner un aperçu détaillé des transformations prévues destinées à renforcer le rôle de ces secteurs vitaux dans la recherche de solutions durables aux problèmes du pays, Granma international a interrogé le Dr Eduardo Martinez Diaz, ministre de la Science, de la Technologie et de l'Environnement.

– Quelles sont les actions mises en œuvre pour renforcer le Système national de la science, de la technologie et de l'innovation ?

– Cuba est un pays disposant de peu de ressources naturelles et son développement dépend, dans une large mesure, de l'application des résultats de la science, de l'introduction de nouvelles technologies et de l'innovation permanente. Pour atteindre cet objectif, une série de 18 actions seront mises en œuvre.

Il s'agit, par exemple, d'intégrer les projets de science et d'innovation en vue de la résolution de problèmes concrets, de définir des priorités car certaines questions doivent trouver des réponses efficaces à court terme et nous devons le faire par le biais de la science, ainsi que parvenir à une plus grande exhaustivité dans la conception et l’exécution des projets, associées à l’interconnexion efficace entre les acteurs impliqués.

Ces mesures visent également à encourager l'introduction d'incitations morales et économiques pour tous les participants aux projets de recherche, de développement et d'innovation, y compris les étudiants, les détenteurs de brevets et ceux qui apportent des contributions significatives à l'économie et à la société.

La science et l'innovation ont besoin de ressources. Nous avons besoin de plus d’investissements dans la recherche, c'est pourquoi il est prévu de diversifier les sources de financement en monnaie nationale et en devises étrangères. Il convient de tirer davantage parti de la coopération internationale et de la négociation des actifs immatériels, qui sont créés lors de la mise en œuvre des projets.

Face à la situation économique difficile à laquelle le pays est confronté, les ressources doivent être utilisées pour résoudre les problèmes les plus pressants de la vie nationale, d'où l'urgence de définir des priorités.

Cela ne signifie en aucun cas que nos centres scientifiques ne travailleront que sur ces questions. Nous disposons d'un portefeuille de thèmes de recherche importants, mais à l'heure actuelle, nous devons identifier les plus urgents.

Les actions approuvées visent également à promouvoir une solide culture en matière de propriété intellectuelle, en mettant l'accent sur la protection des brevets. Par ailleurs, une feuille de route sera établie pour l'application des résultats non enregistrés, qui, de façon étayée, auraient fait l'objet d'analyses de faisabilité économique et technique et qui auraient de réelles possibilités d'être utilisés dans la production et les services.

Le fait de citer en dernier les actions liées au renforcement des sciences fondamentales, des sciences sociales et humaines et des sciences économiques, ainsi que celles destinées à promouvoir la nouvelle biologie et l'intelligence artificielle, la stricte rigueur dans le débat scientifique et l'établissement d'indicateurs qui mesurent de manière objective l'impact réel de la science et de l'innovation sur le Produit intérieur brut ne les rend pas moins importantes. Nous avons déjà commencé à travailler sur la loi cubaine sur la science et l'innovation.

– Quels sont les projets de science et d'innovation considérés comme prioritaires ?

– Tout d'abord, ceux liés à l'augmentation des recettes en devises provenant des exportations de biens et de services ; à la production d'énergie, en insistant sur l'énergie générée par des sources renouvelables, ainsi qu’à l'augmentation de la production alimentaire.

Par exemple, le nickel est l'un de nos produits d'exportation, si bien que parvenir à une plus grande efficience dans les processus d'extraction aurait un impact direct sur l'augmentation des dividendes provenant de cette activité. Les projets liés à cet objectif doivent être prioritaires

Un autre axe de recherche très important est la mise au point de nouveaux médicaments, susceptibles de résoudre un problème de santé, lesquels auraient un fort potentiel de commercialisation sur le marché international, en raison de leur originalité et de leur grande efficacité.

De même, nous mettons l'accent sur la création de nouveaux produits touristiques, qu'ils soient de nature universitaire, écologique, sanitaire ou culturel, bien conçus et identifiés par un nom commercial ou une marque, en utilisant pour ce faire la science et l'innovation.

Tous les secteurs exportables du pays ont besoin de projets spécifiques qui apportent des réponses durables dans le temps aux problèmes qui les affectent aujourd'hui, qui améliorent les paramètres de qualité, leur donne de la valeur ajoutée et les rendent compétitifs. Dans l'immédiat, il est indispensable de développer une stratégie financière pour soutenir ces productions.

Le nickel est l'un de nos produits d'exportation, si bien que parvenir à une plus grande efficience dans les processus d'extraction aurait un impact direct sur l'augmentation des dividendes de cette activité Photo: Juan Pablo Carreras / AIN

– Les modalités de gestion de ces priorités ont-elles été définies ?

– Lors de la réunion du Conseil des ministres du mois de mai, il a été décidé de gérer ces priorités à travers des projets stratégiques de gouvernement, de cycles fermés.

Ce concept est comme une « avenue » sur laquelle se déplacent des projets spécifiques de science et d'innovation, des programmes d'investissement, des modèles d'entreprise, des innovations organisationnelles, qui ferment des cycles productifs et commerciaux. Jusqu'à présent, 12 projets de ce type ont été approuvés dans une première phase au niveau national.

L'un d'entre eux consiste à introduire des technologies pour augmenter la production de lait et de viande bovine. Avec cette forme de gestion, nous cherchons à appliquer des techniques de gestion intégrée, où les objectifs sont définis, les calendriers établis, les responsables désignés et nous établissons également des indicateurs, avec leurs objectifs spécifiques.

L'idée est d'analyser chaque problème qui affecte le développement de l'élevage dans notre pays et de le résoudre grâce à la science et à l'innovation. Son développement ne peut relever de la seule responsabilité d'un ministère ou d'un système d'entreprise. Il s'agit d'un projet de pays dans le cadre duquel les parties concernées doivent êtreinterconnectées, travailler dans le même sens et assurer les tâches et les activités qui leur incombent.

Si nous réalisons avec succès ces 12 projets stratégiques de gouvernement de cycle fermé, nous augmenterons les recettes en devises, la production d'énergie avec une forte composante fournie par les sources renouvelables, et la production d'aliments pour la population. Nous sommes convaincus que nous pouvons atteindre ces résultats.