
Dans le cadre d'un scénario marqué par une guerre économique assortie d’actions codifiées contre Cuba, une inflation internationale élevée, des déséquilibres macroéconomiques internes et des restrictions financières externes, l'économie cubaine a clôturé l'année 2023 avec une contraction de 1,9 %.
Ce chiffre, présenté par Joaquin Alonso Vazquez, ministre de l'Économie et de la Planification (MEP), faisait partie du rapport sur l'économie de l'année qui s'est achevée et sur son comportement dans la première moitié de 2024, devant la Commission des affaires économiques, dans le cadre des travaux préalables à la 3e Période ordinaire des sessions de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire, dans sa 10e législature.
Le débat a eu lieu en présence de Miguel Diaz-Canel Bermudez, Premier secrétaire du Parti et président de la République ; des membres du Bureau politique Esteban Lazo Hernandez, président du Parlement, et Ulises Guilarte, Secrétaire général de la Centrale des travailleurs de Cuba (CTC) ; de Jorge Luis Broche Lorenzo, membre du Secrétariat du Comité central et chef du Département économique et productif et du vice-Premier ministre, Ricardo Cabrisas Ruiz.
Alonso Vazquez a exprimé que, par rapport au modèle de 2019, dont les valeurs n'ont pas encore été atteintes, on observe un écart d'environ 10 %.
LE COMPORTEMENT DE L'ÉCONOMIE AU PREMIER SEMESTRE 2024
Le contexte du premier semestre se caractérise par un scénario complexe, un déficit budgétaire élevé et des émissions monétaires supérieures au niveau recommandé, des recettes en devises insuffisantes, des limitations en matière de carburant et d'énergie, une inflation élevée et persistante, et une insuffisance de relations efficaces entre les acteurs de l'économie.
Dans ce contexte, les actions à mener se concentrent sur les objectifs prioritaires du Plan 2024, les ajustements du Plan et du Budget aux conditions réelles et sur les progrès dans la mise en œuvre des projections du gouvernement pour corriger les distorsions et stimuler l'économie.
Selon le ministre, la production axée sur les exportations reste une priorité. Au second semestre, le Plan devrait dépasser le premier de 941 millions de dollars, « ce qui représente un défi ».
Alonso Vazquez a fait remarquer que seulement 58% des importations prévues ont été réalisées, en raison des limitations de devises, c’est pourquoi la priorité a été donnée aux aliments, au carburant, aux médicaments et à certaines fournitures médicales.
Et d’ajouter que 12 nouvelles entreprises, à l’investissement direct étranger, ont été approuvées en 2024, dont une dans la Zone spéciale de développement de Mariel.
On a observé que le plan de production agricole n’est pas respecté, a-t-il dit, dans la plupart des productions, à cause du manque d’engrais, de pesticides, de carburant, d’aliments pour les animaux, ainsi que de problèmes d'organisation et de gestion.
À propose de l'inflation, le ministre du MEP a déclaré que la tendance à la décélération depuis 2023 se maintient, mais avec une résistance à sa réduction à environ 30 %.
LES PRIORITÉS AU SECOND SEMESTRE
Alonso Vazquez a expliqué que les priorités pour le second semestre sont axées sur l'augmentation de la production nationale afin de répondre à la demande d'aliments, la poursuite du perfectionnement des bilans alimentaires au niveau municipal, la création de nouveaux produits exportables, la réduction des importations de biens pouvant être produits dans le pays, la priorité aux investissements qui augmentent les recettes en devises, la stimulation de l'activité productive et la progression vers la décentralisation des compétences, entre autres.
Dans le cadre du débat, Guilarte de Nacimiento, secrétaire de la CTC, a appelé à améliorer le niveau d'approvisionnement de la population, car « le plus grand impact sur l'économie cubaine est la perte des capacités et les répercussions sur les salaires ».
Par ailleurs, Cabrisas Ruiz a estimé que les obstacles doivent être affrontés avec nos propres efforts, en les transformant en opportunités. « Nous nous trouvons dans une situation complexe, c'est pourquoi, être des gestionnaires n’est pas suffisant, nous devons diriger les processus, examiner les stratégies et les décisions proposées. »
AMÉLIORER L'ÉCONOMIE EST LA PRIORITÉ DU GOUVERNEMENT CUBAIN
Garantir l’institutionnalité municipale, renforcer le travail à son compte et perfectionner le système comptable du pays en matière d'organisation ont été d'autres thèmes abordés par la Commission.
Le ministre de l'Économie et de la Planification a expliqué que parmi les mesures promues figure la décentralisation des compétences vers les municipalités, un processus qui favorise le développement local durable, en tirant parti des potentialités productives des services du secteur étatique et non étatique.
Il a souligné que cette année la production, la transformation et la commercialisation de produits alimentaires restent une priorité de travail, « car il s'agit de l'axe principal de la stratégie de développement municipal ».
Alonso Vazquez a affirmé que, dans le cadre du processus de décentralisation des compétences dans le système des entreprises étatiques et agro-industriel de la municipalité, le système pour l’alimentation au niveau local est un élément fondamental. Ainsi, 61 entreprises et 530 unités d’entreprise en progrès ont été identifiées dans 148 municipalités, lesquelles pourraient faire partie de ce système.
Il a également expliqué qu'au 25 juin, 113 entreprises de travail à son compte ont été autorisées dans 107 municipalités, dont 37 étaient des transferts d'activités et 76 avaient été créées à partir d'entreprises de base dans le cadre du système alimentaire local.
« 1 553 coopératives agricoles qui font partie du processus sont en relation avec ces entreprises, 31 619 unités de production de base, 1 023 coopératives de crédit et de services ».
Le ministre du secteur a estimé qu'il y avait un manque de coordination et de formation : « Il y a un problème objectif de faible niveau de production pour répondre à la forte demande de produits de base. Il existe, cependant, d'autres potentialités qui ne sont pas exploitées et il y a eu un manque de contrôle sur la destination de la production en fonction des prévisions dans les stratégies de développement municipal entre mai et juin. »
À PROPOS DU TRAVAIL À SON COMPTE
Au sujet du travail à son compte (TCP), Marta Elena Feito Cabrera, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, a souligné que dans le cadre du décret-loi sur l'exercice du travail à son compte, qui réglemente les dimensions du TCP, des ajustements ont été apportés au délai d'approbation des projets de travail concernant des activités, Par ailleurs, les obligations dans l'utilisation des comptes bancaires ont été renforcées, de même que le respect des dispositions en matière de prix et de déclaration de la légalité des fonds.
Concernant le décret-loi sur les contraventions dans l'exercice du travail à son compte, sur les micro, petites et moyennes entreprises et les coopératives non agricoles, Feito Cabrera a précisé que de nouvelles contraventions ont été ajoutées et que les montants des amendes ont été adaptés à la gravité des infractions sur la base d'un système de quotas.
Un nouveau critère de récidive a été associé aux contraventions, a-t-il dit, tandis que la responsabilité est renforcée par la réglementation et le contrôle du travailleur à son compte par les organes de l’Administration centrale (OACE), les entités nationales, conformément à leurs fonctions et au rôle des gouvernements provinciaux.
À la fin du mois de mai dernier, on comptait 598 270 personnes travaillant à leur compte, dont 37 % de femmes et 18 % d'hommes. Parmi les activités les plus représentatives, on trouve l'hébergement et la restauration, l'industrie manufacturière, l'agriculture, l'élevage, la sylviculture et la pêche, l'information, la communication et les télécommunications.
LE RENFORCEMENT DE LA COMPTABILITÉ
Dans l'analyse des questions liées à la comptabilité, le ministre des Finances et des Prix, Vladimir Regueiro Ale, a signalé que la procédure de travail contenant les éléments de révision, d'analyse et de traitement de l'information dans les états financiers et les notes annexes au bilan a été mise à jour, ce qui contribue à la qualité des opinions sur les états financiers et à l'interprétation des résultats ou des évaluations dans les conseils d'administration et les assemblées d'affiliés.
Il a ajouté qu'il est nécessaire de hiérarchiser la dotation en personnel, de s'occuper et d'améliorer les locaux et les conditions de travail dans les services comptables, économiques et financiers, et de donner la priorité à la participation aux conseils d'administration des entreprises, des organismes de l’administration centrale de l’État (OACE) et des Organisations supérieures de gestion d’entreprise (OSDE), qui sont chargés d’analyser la mise en œuvre des stratégies pour le renforcement de la comptabilité.
« Il convient de réduire les causes qui motivent la non-émission des états financiers de leurs entreprises subordonnées dans les cinq jours calendaires de chaque mois, et effectuer des suivis auprès des organes et organismes qui présentent des entreprises récidivistes dans l'indiscipline de la présentation des états financiers au Bureau national des statistiques (ONEI) », a-t-elle déclaré.
Gladys Maria Bejerano, contrôleuse générale de la République de Cuba, a annoncé qu’un exercice de contrôle simultané sera mis en place au cours de l'élaboration du budget 2025, ce qu’elle a présenté comme une expérience innovante.