
Le décret 109 sur le Système national de soin intégral de la vie a été publié le 15 octobre dans la 99e édition ordinaire du Journal officiel de la République de Cuba dans le but de placer les soins au centre d'un modèle de développement, dans lequel prévaudrait la coresponsabilité État-famille-communauté, en plus de reconnaître ces soins comme un droit humain, et un métier pour les personnes qui fournissent ces services.
Lors d'une conférence de presse, Maria Molina Gutiérrez, vice-ministre du Travail et de la Sécurité sociale (MTSS), a expliqué que le Système constitue un instrument doté d'une vision stratégique des soins, mise en œuvre sur la base d'un modèle qui facilite la cohérence et la coordination entre les politiques, les programmes et les actions. Il comprend l'articulation entre les organismes de l'Administration centrale de l'État, les organes locaux du Pouvoir populaire et le reste des acteurs économiques et sociaux, depuis le niveau national au niveau local.
Selon Molina Gutiérrez, le Système apporte les réponses nécessaires aux problèmes identifiés dans la société, dérivés de l'impact dans la dynamique démographique, de la division sexuelle du travail de soins – qui incombe principalement aux femmes – et du déficit d'institutions d’État qui offrent ces services de soins, une situation qui devient plus complexe dans les zones rurales.
En ce sens, le décret définit les soins comme la fonction sociale d'assistance et de soutien qui se matérialise par un travail, rémunéré ou non, visant à maximiser l'autonomie et le bien-être des personnes qui, en raison de leur âge, d'une maladie ou d'un handicap, se trouvent dans une situation de dépendance et ont besoin d'aide pour accomplir les actes essentiels de la vie quotidienne.
COMPOSANTES DU SYSTEME NATIONAL POUR LE SOIN INTÉGRAL DE LA VIE
Contribuer à redistribuer les soins entre les différents acteurs économiques et au sein des familles, reconnaître leur importance pour la durabilité de la vie, promouvoir l'autonomie et le bien-être des personnes qui nécessitent des soins temporaires ou permanents et reconnaître le travail non rémunéré et les contributions apportées par les aidants figurent parmi les principaux objectifs, a souligné la vice-ministre du MTSS.
Il est établi que les soins peuvent être dispensés par des personnes physiques et morales, étatiques et non étatiques, et que les services se répartissent en institutions avec hébergement, centres de jour, services à domicile, services à distance, transferts monétaires, renforcement des capacités, ainsi qu'en solutions et aides techniques.
Par ailleurs, des services de formation et des solutions de répit, des homologations, des congés payés et non payés et des services de soutien sont proposés aux aidants.
Selon la vice-ministre du Travail et de la Sécurité sociale, au-delà des services, le décret vise à transformer la société. Il comprend un volet formation qui contribue à changer la vision sexiste des soins et la responsabilité exclusive de l'État. « En outre, il prévoit des actions qui permettent de concilier la vie professionnelle et la vie de famille », a-t-elle ajouté.
À propos des mécanismes de mise en œuvre, de suivi et d'évaluation, Molina Gutiérrez a expliqué que le Système sera mis en œuvre par le biais de plans quinquennaux qui prévoient les actions à mener dans chacun des volets. De même, l'évaluation aura lieu tous les cinq ans et le suivi sera effectué annuellement, selon les étapes méthodologiques de définition d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs, de sélection des sources d'information, de collecte et d'analyse systématiques des données et de définition des mécanismes de retour d'information.
UN SYSTÈME POUR LA TRANSFORMATION
Magela Romero Almodovar, coordinatrice du Réseau cubain d'études sur les soins, a déclaré à la presse que Cuba fait actuellement partie d'un programme international avec une projection dans les soins, et ce grâce à de puissants précédents établis par la Révolution.
Concevoir ce système, a-t-elle expliqué, implique un changement dans la perception, les services et la manière d’organiser les soins. « Cela signifie reconnaître les soins comme un travail, un droit de l'Homme qui doit être respecté, garanti et transversal dans tous les cadres de protection.
« Il s'agit également de reprendre ce qui existe déjà comme précédent à Cuba et d'élaborer tout ce qui est possible en matière de transformations. Cela signifie aussi révolutionner la norme, la politique et la façon de faire et, à terme, cela implique de revenir aux enjeux qui transforment la vision du secteur et de l'université, afin d'en faire une réalité », a ajouté Romero.
QUELQUES PARTICULARITÉS
Le Système national de prise en charge intégrale de la vie repose sur des principes :
Durabilité et développement
Promotion de l'autonomie
Universalité
Progressivité
Flexibilité et résilience
Coresponsabilité sociale et de genre
Intersectorialité
Les politiques, les programmes et les actions en matière d'accès, de prestation et de jouissance des soins tiennent compte des droits, du genre, du parcours de vie et des approches intersectionnelles.
Aux fins de la prestation de services, il est donné priorité aux groupes suivants :
les enfants de moins de 13 ans qui en ont besoin, sans exclusion d'aucune sorte et en fonction de la couverture des services.
les personnes âgées et les personnes handicapées, le degré de fonctionnalité et de dépendance étant déterminé par le Système de santé, sur la base de l'instrument à établir.
les personnes qui, en raison d'une maladie ou d'un accident, ont besoin de soins temporaires ou permanents.
les soignants rémunérés ou non.
Il est établi que les organismes directeurs des branches et des activités, ainsi que les gouvernements locaux, sont responsables de l'émission des normes et des indications complémentaires pour la mise en œuvre du Système, conformément à leurs fonctions spécifiques.
Teresa Amarelle Boué, membre du Bureau politique du Comité central du Parti et secrétaire générale de la Fédération des femmes cubaines, et Marta Elena Feito Cabrera, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, ont assisté à la présentation du Système national de soin intégral de la vie.