ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
La résolution qui mettra en œuvre le nouveau mécanisme de gestion, de contrôle et d'attribution des devises est en cours d'évaluation. Photo: Estudios Revolución

Le programme de gouvernement visant à corriger les distorsions et à relancer l'économie cubaine a centré ses travaux sur « la proposition opérationnelle du marché des changes, sur l'analyse des schémas fermés d'autofinancement en devises et sur la définition du calendrier de mise en œuvre du nouveau mécanisme de gestion, de contrôle et d'attribution des devises », selon la Première vice-ministre de l'Économie et de la Planification, Mildrey Granadillo de la Torre, lors de cette réunion du mois de mars.
Lors de cette réunion, présidée chaque mois par le Premier secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, et dirigée par le membre du Bureau politique et Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, depuis le Palais de la Révolution, la vice-ministre a présenté le vaste programme qui oriente l’action du gouvernement pour surmonter la situation économique difficile que le pays traverse, en raison du renforcement sans précédent du blocus économique, commercial et financier imposé par le gouvernement des États-Unis.
Du fait de sa complexité, a-t-elle dit, il est procédé à des précisions du programme de mise en œuvre du nouveau mécanisme de gestion, de contrôle et d'attribution des devises, tandis que la Résolution qui le mettra en œuvre est en cours d'évaluation.
De même, la révision des schémas fermés d'autofinancement en devises approuvés pour l'année, se poursuit ; cela concerne des secteurs tels que la santé, la biotechnologie, le tabac, le tourisme, l'énergie, entre autres.
Au sujet de la proposition opérationnelle pour le marché des changes, qui prévoit la transformation de la gestion des taux de change officiels, elle a souligné que les risques et les conséquences sont étudiés en profondeur. À cette fin, des réunions ont été organisées par le ministère de l'Économie et de la Planification, avec la participation de membres du Groupe économique du gouvernement et de spécialistes qui, au sein de l'Association nationale des économistes et des comptables de Cuba, ont formulé collégialement  des propositions pour le fonctionnement du marché des changes.

COMPORTEMENT DE L'ÉCONOMIE
Le ministre de l'Économie et de la Planification, Joaquin Alonso Vazquez, en présentant le comportement de l'économie à la fin du mois de février, a souligné que celle-ci a maintenu un rythme d'exécution lent, qui sera très favorablement influencé par la mise en œuvre des décisions importantes énoncées par Granadillo de la Torre.
À la fin du mois de février, a-t-il expliqué, les exportations de marchandises étaient inférieures aux prévisions. Par contre, des produits comme le tabac, la langouste, la civelle, le rhum et les produits biopharmaceutiques ont obtenu des résultats conformes aux prévisions. Quant aux exportations de services médicaux, elles respectent les prévisions et sont en augmentation, ce qui n'est pas le cas du tourisme et des télécommunications.
Concernant la production agricole en particulier, dans un contexte économique complexe, le ministre a précisé qu’« il y a un changement par rapport aux périodes précédentes, le plan est respecté dans presque tous les secteurs, bien que tous ne soient pas en croissance », notamment les œufs, qui « maintiennent un niveau de décroissance ». Le bilan alimentaire de production nationale a augmenté au cours de la période, cependant, il reste insuffisant pour répondre à la demande, a-t-il déclaré.
Quant aux indices d'inflation, il a indiqué que, bien que la courbe continue à diminuer par rapport à la même période de l'année dernière, les prix ont augmenté de 2 % en février.
Si on analyse les prix par type de marché, a-t-il poursuivi, on constate que les plus fortes hausses de prix se produisent sur les marchés agricoles. Il y a beaucoup d'intermédiaires, toute la chaîne incorpore des marges, et nous devons continuer à les rompre, a déclaré le ministre. Cela conduit à l’augmentation des prix, a-t-il souligné, plus importantes dans les provinces centrales, puis dans les provinces orientales et, dans une moindre mesure, dans les provinces de l’ouest du pays.
À propos du système d’entreprises, Alonso Vazquez a déclaré que les bénéfices augmentent, mais que 316 entreprises ont clôturé l’année avec des pertes, soit 69 de moins qu'au cours de la même période de l'année dernière.
« En raison de cette situation, des contrôles sur place ont été effectués de manière plus approfondie, auxquels participent les organismes qui ont un impact sur les solutions », a-t-il déclaré.
Dans ce contexte économique difficile qui a affecté, évidemment, les indicateurs sociaux, le ministre de l'Économie et de la Planification a indiqué qu’à l’heure actuelle 313 201 personnes vulnérables sont actuellement prises en charge, de même que 63 756 mères de trois enfants ou plus, la priorité étant donnée à un peu plus d'un millier d'entre elles qui vivent dans des communautés soumises à des processus de transformation.
À ce moment de la séance de travail, le Premier ministre, Manuel Marrero Cruz, a déclaré : « nous devons passer à une autre étape, dans laquelle nous approfondirons ces aspects subjectifs, ce que, malgré les problèmes réels affectant le comportement de l'économie, nous pourrions mettre en œuvre, les alternatives à appliquer qui nous permettraient de réduire l'impact sur la population et d'améliorer l'économie du pays ». C’est pourquoi le Conseil des ministres demandera des rapports sur l'avancement des objectifs du Programme de gouvernement, en particulier sur les objectifs deux et trois, liés à l'accroissement et à la diversification des revenus externes du pays, ainsi qu'à l'augmentation de la production nationale, en mettant l'accent sur l'alimentation.

CINQUANTE-QUATRE MUNICIPALITÉS EXCÉDENTAIRES
« Les résultats de l'exécution du Budget de l'État à la fin du mois de février montrent un excédent de 480 millions de pesos, ce qui est un résultat favorable, puisque nous avons réussi à surmonter le déficit prévu de 13 733 millions de pesos », a informé le ministre des Finances et des Prix, Vladimir Regueiro Ale, lors du Conseil des ministres.
Ceci est dû, a-t-il expliqué, à « un dépassement des recettes et à la non-exécution des dépenses que nous devons respecter ». Nous obtenons un résultat positif également sur le compte courant, « en d'autres termes, le bilan des recettes courantes avec le financement des dépenses de cette nature est positif », a-t-il expliqué.
Les budgets locaux enregistrent aussi de bons résultats, notamment dans les provinces de La Havane, Matanzas et Villa Clara ; à la clôture de cette période, 54 municipalités obtiennent un excédent budgétaire, et nous observons des potentialités dans d'autres municipalités, à partir d’une meilleure gestion de la dette fiscale, a-t-il ajouté.
Regueiro Ale a souligné les impacts positifs des mesures fiscales associées à la mise en œuvre du Programme de gouvernement visant à corriger les distorsions et à stimuler l'économie, notamment l'impôt spécial sur les carburants, les cigarettes et les cigares, sur la transmission des biens et des héritages, et la vente de véhicules en dollars.
Le Premier ministre a souligné qu'« il existe un potentiel beaucoup plus important à exploiter, et nous pouvons continuer à augmenter les recettes ». Il a par ailleurs mis en garde contre le fait que des éléments clés des programmes sociaux ne sont pas exécutés. « Nous ne voulons pas économiser cet argent, nous voulons l'utiliser à bon escient, dans le cadre des différents programmes sociaux », a-t-il dit.

PLUS DE RIGUEUR DANS LE COMMERCE EXTÉRIEUR
Les dommages économiques causés au pays par des irrégularités dans les opérations de commerce extérieur exigent une analyse rigoureuse dans la délimitation des responsabilités, qui peuvent être administratives et pénales également, a averti le Premier ministre, lors de l'évaluation d'un rapport sur cette question durant le Conseil des ministres.
« Une mesure disciplinaire n’est pas suffisante, c’est son application, au-delà de la responsabilité matérielle, si bien que les hauts dirigeants doivent répondre de l'analyse, de l'application des mesures et de leur suivi, jusqu'à ce que les dommages soient réparés », a indiqué Marrero Cruz.
Ses propos faisaient suite au document présenté par le ministre du secteur, Oscar Pérez-Oliva Fraga, qui a signalé que 13 organismes et entités avaient rapporté des dommages économiques dans l'exécution de leurs opérations de commerce extérieur.
Parmi les principales causes, il a indiqué le non-respect de la signature des contrats avec des clients et des fournisseurs ; la superficialité dans la sélection des clients et des fournisseurs ; les déficiences dans les clauses de paiement des contrats, ainsi que dans l'analyse préalable des voies de recouvrement possibles ; la lourdeur, la dispersion et le retard des formalités ; le manque de rigueur de la part des entreprises de commerce extérieur pour garantir l'extraction des conteneurs et la gestion insuffisante dans le recouvrement des exportations.
Plus de 95 % des dommages économiques, a précisé le ministre, correspondent, entre autres, à des dépenses dues à des retards, d’où des difficultés sur la gestion des importations de navires de denrées alimentaires et de combustibles, des problèmes de logistique et d’habilitation, d'enlèvement et de retour des conteneurs.
En raison de cette situation, les contrôles sur place ont été approfondis, avec la participation des organisations impliquées dans les solutions », a-t-il déclaré.

STRATÉGIE DE COMMUNICATION POLITIQUE
Lors de cette session, le Conseil des ministres a eu des détails sur la Stratégie de communication politique qui, selon Marydé Fernandez Lopez, vice-présidente de son Département idéologique, avait été préalablement approuvée par le Bureau politique.
Elle ratifie le fait que le Parti « organise et guide les efforts communs dans la construction du socialisme et dans l'avancée vers la société communiste, et travaille à préserver et à renforcer l'unité patriotique des Cubains et à développer des valeurs éthiques, morales et civiques », a souligné Fernandez Lopez.
Cette Stratégie s’appuie sur des processus de communication dialogiques, transparents et responsables, gérés de manière intégrée et stratégique, qui trouvent leur canal dans les pratiques de communication politique qui sont devenues un axe transversal pour construire la confiance, articuler des discours et mobiliser des volontés, a-t-elle expliqué.
« Par conséquent, nous avons besoin d'une Stratégie de communication politique efficace qui permette d'établir une connexion avec les audiences, de former des valeurs, d'éduquer des sensibilités, de gérer des perceptions... ».
La Stratégie approuvée repose sur trois piliers fondamentaux : « la crédibilité, basée sur des faits ; l'empathie, alignée sur les préoccupations des citoyens et la résilience, qui est la capacité à s'adapter et à répondre aux contextes changeants de notre société ».
En outre, il s'agit d'un outil d'articulation et de coordination pour comprendre, concevoir, mettre en œuvre et évaluer la communication en tant qu'axe transversal et ressource stratégique dans l'élaboration et le perfectionnement des politiques et des plans de développement, tant au niveau national que local, et leur socialisation en temps opportun, a déclaré la responsable adjointe du Département idéologique.
« Elle doit combiner des canaux médiatiques, en tirant parti des outils d'enregistrement et d'analyse des données et de l'Intelligence artificielle, avec la rétroalimention directe du contexte en temps réel pour ajuster les messages et hiérarchiser les questions. Elle doit anticiper et gérer les crises, en désamorçant les rumeurs et les fausses nouvelles, et en renforçant la crédibilité. ».
Lors de la présentation de la Stratégie aux membres du Conseil des ministres – qui comprenait des questions telles que l'analyse de la situation du pays, les matrices d'opinion, les publics, les lignes de message, entre autres éléments – Fernandez Lopez a déclaré que « la communication politique doit être régie par le respect de la vérité, l'inclusion de diverses voix et l'engagement envers le système socialiste ».
Elle a ajouté qu'elle devait inclure l'ensemble de la société et qu'elle devait projeter les processus de communication en tant qu'organisation nationale, provinciale, municipale et de base, avec les militants du Parti communiste.

AUTRES POINTS À L'ORDRE DU JOUR

Le Conseil des ministres a approuvé, lors de cette séance de travail, la proposition de bien-fondé et l'avant-projet de Décret-loi sur les douanes, ainsi que sa prochaine présentation au Conseil d'État.
Comme l'a expliqué Nelson Cordovés Reyes, chef de l'Administration générale des douanes de la République (AGR), son objectif est de « réglementer l'organisation des Douanes et leur fonctionnement en ce qui concerne la formalisation, l'autorisation, l'utilisation et le contrôle des régimes douaniers ; le dédouanement des marchandises et leurs moyens de transport, les expéditions, les voyageurs et leurs bagages, ainsi que le respect des normes qui influent sur l'activité de la douane à la frontière ».
Le texte, a-t-il dit, correspond aux postulats constitutionnels et à la législation en vigueur, notamment en matière administrative, fiscale, financière et de commerce extérieur.
Les membres du Conseil des ministres ont également pris connaissance de la mise en œuvre de la politique de perfectionnement du Système national d'audit ; ils ont également approuvé la politique de création du Service de gestion territoriale de l'emploi, qui facilitera un meilleur accès à un emploi de qualité.