ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Toutes les technologies disponibles dans le pays sont utilisées pour relancer la production d'électricité. Photo: Studios Revolucion

« Le gouvernement travaille aujourd'hui avec une priorité qui prime sur toutes les autres priorités infinies de l'État socialiste engagé envers le peuple et cette priorité est précisément la résolution des problèmes liés à la production d'électricité », a déclaré le président de la République, Miguel Diaz-Canel Bermudez, dans le dernier podcast (le 31e ), Depuis la présidence.

Le ministre de l'Énergie et des Mines, Vicente de la O Levy, ainsi qu'Alfredo Lopez Valdés, directeur général de l'Union électrique, étaient présents aux côtés du président.

Faisant référence à l’émission télévisée La table ronde qui s'est récemment tenue sur ce sujet, le Premier secrétaire du Comité central du Parti a souligné qu'elle avait suscité des opinions diverses, qu'il a jugées essentielles pour les arguments qui seraient présentés dans le podcast, et qui ont servi de point de départ pour fournir des informations et des réponses concrètes.

DONNÉES COMPARATIVES ET NÉCESSAIRES

Pour commencer, le président a partagé quelques indicateurs très illustratifs.

« La demande un matin de mars, a atteint 2 580 MW, alors que celle d'aujourd'hui s’élève parfois à 3 050 MW. Cela signifie que la demande quotidienne a augmenté de 470 MW », a-t-il expliqué. Le président a fait remarquer que les plus de 3 000 MW n'étaient pas des chiffres habituels dans le pays, à cet horaire.

Et de poursuivre : « Par ailleurs, en mars, la disponibilité était de 1 790 MW, et aujourd'hui, nous sommes à 1 900 MW. Autrement dit, nous avons un peu plus de disponibilité qu'à ce moment-là. Au mois de mars, avec ces rapports entre la demande et la disponibilité, le déficit était de 827 MW. Aujourd'hui, le déficit est de 1 200 MW. En d'autres termes, le déficit a augmenté de 373 MW pendant la journée, ce qui représente une augmentation considérable.

« Pendant la nuit, en mars, nous avons atteint des pics de demande de 3 250 MW. Aujourd'hui, nous en sommes à 3 500, soit 250 MW de plus. Pendant la nuit, nous avons eu des disponibilités similaires d'environ 1 960 MW durant ces deux périodes. Par conséquent, le déficit en mars, la nuit, était de 1 154 MW, alors que nous sommes maintenant à un déficit supérieur à 1 600, oscillant entre 1 500 et 1 600 MW. À savoir que le déficit a augmenté de plus de 440 MW ».

À cet égard, le ministre du Minem a ajouté : « même si nous entrons dans la période estivale, la demande moyenne atteint des niveaux qui n'avaient jamais été atteints auparavant, à savoir 3 000 MW. Ces niveaux sont extrêmement élevés. »

Parmi les causes de ce phénomène, il a identifié le manque de gaz, qui fait augmenter la demande d'environ 200 à 250 MW, en raison de la cuisson des aliments. Il a également évoqué l'augmentation des températures et le non-respect des plans de consommation électrique dans certaines organisations (dont 14 Organisations supérieures de direction d’entreprise  – OSDE – identifiées).

Le ministre a déclaré que les provinces respectaient leur plan de consommation, déjà réduit, mais que La Havane présentait un non-respect important dans le secteur résidentiel, et au sein du secteur résidentiel, les entreprises privées.

De la O Levy a expliqué que le calendrier d'intégration des parcs photovoltaïques, 13 entre février et avril, est respecté, mais a souligné que « la croissance de la demande et de la consommation a fait que cette nouvelle intégration n'est pas perceptible ». À cela s'ajoute le fait qu'« il existe un niveau de production distribuée affecté par le manque de combustible », même s'il a précisé que le plan du gouvernement ne perd pas de vue l'avancement de ce programme. Il a précisé qu'« une quantité importante de production distribuée avait été incorporée. Nous disposons aujourd'hui de plus de 1 000 MW en production distribuée, techniquement disponibles », mais, comme l'a fait remarquer le président, ils n'ont pas pu être utilisés.

« Si nous disposions de cette production distribuée, avec du combustible, en plus des parcs installés aujourd'hui, la journée serait totalement différente », a déclaré le ministre, ajoutant que, si nous n’en disposions pas, la journée aurait été identique à la nuit, avec un déficit d'environ 1 600 MW.

QUE PENSE LA POPULATION DES PARCS SOLAIRES ?

À partir des explications du ministre, Diaz-Canel a mentionné « des opinions très critiques, voire très méfiantes, concernant les investissements que nous avons réalisés dans l'énergie solaire photovoltaïque ». Il a énuméré plusieurs idées issues de ces opinions : « Les panneaux solaires produisent déjà plus de MW, mais à quoi servent-ils ? Pourquoi les coupures de courant ne s'améliorent-elles pas ? J'aimerais tellement que les panneaux solaires fonctionnent, pour voir si notre situation s’améliore vraiment ! On a inauguré plusieurs parcs solaires dans le pays, mais on ne constate aucune amélioration au niveau de l'électricité ».

À la question du président, à savoir s’il y a eu une réelle avancée ou non, le ministre du Minem a fait référence à son entretien détaillé pour le journal Granma, dans lequel il expliquait sur quelle plateforme reposait cette stratégie.

Il a indiqué qu'en raison de la baisse sensible aussi bien des importations que de la production nationale de pétrole, il était devenu indispensable de trouver une solution définitive pour réduire le carburant, et que la solution la plus rapide, avec de moindres investissements, la plus facile à mettre en œuvre et la plus productive était l'énergie photovoltaïque. « Nous développons également l'énergie éolienne. Mais elle est plus coûteuse et les investissements nécessaires sont plus importants », a-t-il précisé. « Nous avons dit : nous allons nous lancer rapidement dans le domaine des énergies renouvelables. La vie  montre des signes de reprise », a déclaré Vicente de la O Levy.

« Et nous allons augmenter la production de gaz », a ajouté le Premier secrétaire du Comité central du Parti.

« Exactement », a déclaré le ministre. « La courbe du pétrole commence déjà à remonter, les valeurs sont désormais supérieures à celles des mois précédents, et le gaz fait l'objet d'une stratégie. Nous allons produire davantage grâce aux forages et aux réparations qui sont en cours. »

Il a souligné que cela se fait sans abandonner d'autres axes spécifiques, tels que la remise en état de la Base des superpétroliers [détruite après un incendie], qui fait également partie de cette stratégie. Il a également mentionné des conditions essentielles, telles que la remise en état du pétrole de Cupet, le stockage et la logistique.

En substance, en ce qui concerne les parcs solaires photovoltaïques, il a expliqué que la stratégie était la bonne et que, de même qu’en mai, cinq parcs seront également intégrés en juin. Au cours de ce même mois, une centrale thermoélectrique entrera en service après avoir fait l'objet d'une réparation majeure ; puis, en juillet, d'autres parcs continueront d'être intégrés et une autre centrale thermoélectrique entrera en service. Et ainsi de suite.

LE BLOCUS : LA TRAQUE MALADIVE INCESSANTE

À propos de la baisse des importations de carburant sur l'Île, le ministre a rappelé que le Venezuela, l'un de nos principaux fournisseurs, a également subi de sévères sanctions, dont des mesures coercitives, a ajouté le président.

Diaz-Canel a donné une explication sur les ponts tendus entre Cuba et le Venezuela, et a affirmé : « nous avons trouvé ensemble une formule. Une formule que nous n'allons pas expliquer pour qu'ils ne nous pourchassent pas », et il a dénoncé précisément la traque financière et la traque énergétique.

Au sujet des effets du blocus, le ministre a dénoncé le fait que, souvent, nous disposons de l'argent nécessaire aux opérations, mais qu’il n'arrive pas à destination. Il a évoqué le navire de gaz liquéfié qui est actuellement en cours de déchargement à Santiago, et l'a utilisé comme exemple concret de la traque dont le secteur fait l'objet.

« Nous avons eu le  cas de spécialistes qui travaillaient dans des centrales thermiques avec nos ingénieurs ; ils ont reçu un coup de téléphone. Ils ont dû fermer leur boîte à outils et partir ; d'autres spécialistes ont été appelés dans les aéroports parce qu'ils venaient travailler sur l'une de nos unités ».

« Telle est la perversité de ce blocus, qui n’existe pas, pensent certains », a déclaré le Président.

MIEUX PLANIFIER ET VEILLER À LA RATIONALITÉ

« La croissance de la demande est importante », a estimé le directeur général de l'Union électrique de Cuba, Alfredo Lopez Valdés. Il a insisté sur la nécessité d'un plan restrictif pour les consommateurs étatiques et les autres acteurs qui font partie des circuits prioritaires, et de le contrôler quotidiennement : « Nous avons le droit de demander à ceux qui font partie de ce circuit qui ne s’arrête pas d'utiliser l'électricité de manière rationnelle ».

À cet égard, le chef de l'État a souligné le rôle que doivent jouer les conseils énergétiques, tant provinciaux que municipaux.

Alfredo Lopez a affirmé: « si nous parvenons en juillet et août à améliorer la disponibilité du carburant et à rationaliser la consommation d'électricité dans le pays, cela réduira évidemment le nombre de coupures de courant, permettra la rotation et facilitera la planification ».

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