ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Photo: Granma Archive

« Le général, comme l'appelaient ses amis, nous a quittés. Mais la bataille que Marx et Engels ont menée à la tête de l'armée innombrable du prolétariat se poursuit. Encouragés par leurs idées, par leurs slogans, les prolétaires de tous les pays se sont unis, ils continueront à renforcer leur union et finiront par vaincre ».
Tels furent les paroles de Paul Lafargue devant le cercueil de Friedrich Engels. Le médecin et penseur socialiste cubain, comme on le sait, fut non seulement le disciple et le gendre de Karl Marx, mais aussi son compagnon de lutte.
Engels, né en 1820, fut l'ami fidèle de Marx, avec lequel il partagea La Sainte Famille (1844/45), L'Idéologie allemande (1845/1846) et Le Manifeste du Parti communiste (1848). Quant à lui, il laissa des œuvres incontournables telles que L'Anti-Dühring (1877/1878), Le rôle du travail dans la transformation du singe en Homme (1876) L'origine de la famille, de la propriété privée et de l'État (1884), Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande (1890) .
Sa dimension intellectuelle, nourrie d'une pensée révolutionnée et révolutionnaire, nous a également légué l’idée que le matérialisme dialectique est l'une des plateformes méthodologiques indispensables des sciences sociales, ce dont il fait état dans son ouvrage Dialectique de la nature (1883).
Le docteur en sciences historiques Hassan Pérez Casabona souligne un aspect singulier du génie du penseur, dont l’actualité témoigne d’un raisonnement en avance sur son temps. En effet, il fait remarquer qu'Engels a encouragé la formation dans de multiples disciplines de ceux qui étaient appelés à mettre en œuvre les changements qui en finiraient avec l'oppression.
« Les révolutions bourgeoises du passé avaient seulement besoin que les universités leur fournissent des avocats, la meilleure matière première pour la formation de leurs dirigeants politiques, mais pour l'émancipation de la classe ouvrière, il faudra également des médecins, des ingénieurs, des chimistes, des agronomes et d'autres spécialistes, car il s'agit de maîtriser la direction, tant de la machine politique que de toute la production sociale, et cela ne s'obtient pas avec des phrases ronflantes, mais avec des connaissances solides », peut-on lire dans le message qu'il envoya en 1893 au Congrès des étudiants socialistes.
Alors que nous parlons aujourd'hui de science, de recherche, d'innovation et de cycles de R&D&I, il nous avait devancés dans le temps et avait très justement mis en lumière les jeunes qui, aujourd'hui comme hier, sont la force qui fera avancer l'Histoire.
Fidel avait vu cette lumière, si bien qu’il ouvrit la voie vers la somme de connaissances qui alimenta la Révolution cubaine, depuis le programme conçu dans sa plaidoirie lors de son procès après l’attaque de la caserne Moncada, lequel fut concrétisé dans la campagne d'alphabétisation de 1961, embryon, estimait-il, du pays d'hommes et de femmes de science que Cuba devait être.
La valeur de ce capital humain, du savoir de l'intelligence collective, est l'essence même du modèle de pays que nous sommes aujourd'hui, héritier des enseignements de Marti, de Lénine, de Marx et d'Engels que l’on retrouve, 130 ans après sa mort, dans sa conception des épopées révolutionnaires : la révolution est l'acte suprême de la politique.