
« Nous traversons un moment extrêmement difficile », a déclaré le président du Conseil de Défense nationale (CDN), Miguel Diaz-Canel Bermudez, tout en reconnaissant que de graves perturbations persistent dans les provinces de l’est du pays après le passage de l’ouragan.
Lors d’une session de travail du CDN, tenue à Santiago de Cuba et diffusée dans l’émission télévisée Mesa Redonda (Table ronde), il a décrit la situation : « De nombreuses localités restent sans électricité ni eau potable. Des centaines de personnes sont encore évacuées et il reste un immense travail à accomplir dans toutes les zones qui ont été inondées. »
Il a ajouté que la menace des pluies persiste, en particulier à Holguin, Granma et Santiago de Cuba.
Face à cette situation, Diaz-Canel a appelé à renforcer la gestion locale avec l’appui direct de la population : « C’est le moment où la participation populaire est indispensable ; au milieu de la boue, des toits et des cultures perdues. »
Le président a souligné que les organisations comme les Comités de défense de la Révolution et la Fédération des femmes cubaines doivent jouer un rôle encore plus important, en insistant sur le fait que les dirigeants naturels du peuple se mobilisent pour travailler main dans la main avec les voisins afin de reconstruire ce qui a été détruit.
Évoquant l’héritage historique de la ville de Santiago, il l’a décrite comme « rebelle hier, hospitalière aujourd’hui, héroïque toujours ». Il a invité à se concentrer non sur ce qui a été perdu, mais sur ce qui peut être créé grâce à l’effort, au travail et à l’intelligence.
Le président a assuré que le Conseil de Défense nationale poursuivra son travail sans relâche pour la récupération, en tenant la population informée.
SITUATION DES PROVINCES
Manuel Marrero Cruz, chef de l’Organe économique et social du Conseil de Défense nationale, a affirmé que depuis le passage de l’ouragan les protocoles et systèmes de travail avaient été activés immédiatement, en fixant les priorités.
Et d’insister sur le fait que la première priorité a été la prise en charge des personnes sinistrées. Il a reconnu que, même si les ressources matérielles manquent, « ce dont on a le plus besoin, c’est de cette visite, empreinte de sensibilité, pour apprécier la situation et accompagner les personnes ».
Le nettoyage des routes et des voies de communication a été une autre action cruciale. Néanmoins, a-t-il reconnu, de nombreuses communautés restent isolées. Face à la destruction de plusieurs ponts, des itinéraires alternatifs ont été trouvés et, dans les cas les plus complexes, des hélicoptères permettent d’apporter une assistance.
L’assainissement et l’hygiène des villages sont essentiels, non seulement par nécessité, mais aussi pour « redonner du moral », lorsque les habitants constatent que l’impression de désastre commence à s’estomper, a-t-il dit.
PROGRÈS DANS LES SERVICES DE BASE
La restauration des infrastructures essentielles progresse grâce à des brigades venues de tout le pays. Marrero Cruz a fourni un rapport actualisé :
Électricité : Guantanamo dépasse les 98 % ; Santiago de Cuba atteint 44 % et Granma : 86,2 %
La principale difficulté est, dans bien des cas, de replacer les poteaux tombés, tâche rendue possible grâce aux réserves de l’État.
Télécommunications : Le Service général se trouve à 79,5 %. Téléphonie fixe : Holguin atteint les 89,3 %, alors que la téléphonie mobile de la province atteint 91,8 %
Marrero a aussi insisté sur le besoin de lutter contre les « personnes sans scrupules » qui augmentent les prix dans ce contexte : la consigne, a-t-il dit est de les « affronter avec fermeté ».
DISTRIBUTION DE L’AIDE : TRANSPARENCE ET DÉCISION COMMUNAUTAIRE
Concernant la distribution de l’aide internationale et des ressources, Marrero Cruz a précisé que les dons sont entièrement gratuits, alors que d’autres produits (non donnés) sont payants, ce qui crée parfois des confusions auprès de la population.
Pour garantir l’équité, il a expliqué que « c’est le groupe communautaire qui décide » à qui remettre les dons, car « c’est lui qui connaît réellement la situation de chaque famille ». Le processus doit être « transparent, sous contrôle populaire ». Les gens doivent savoir ce qui arrive et à qui cela a été remis
LOGEMENT : LE DÉFI STRUCTUREL
Marrero s’est arrêté sur le problème du logement, le qualifiant comme l’une des problématiques sociales les plus complexes dans le pays, y compris avant le passage de l’ouragan. Il a affirmé que sa récupération est « un processus complexe et progressif », et l’un des grands dommages causés par ce type de phénomène.
Il a donné une évaluation détaillée des dommages aux logements
Rapport initial : 149 397 logements touchés
Évaluations techniques réalisées : 70 239 logements ont été visités par des équipes de spécialistes.
Dégâts confirmés : 47 600 habitations (environ 68 % des logements évalués)
L’écart entre le rapport initial et la confirmation technique s’explique par le fait que certains ont déclaré des dommages qu’ils ont réparés eux-mêmes.
490 bureaux ont été ouverts pour que la population puisse faire le rapport des dommages subis, 40 000 fiches techniques ont été établies, et 365 points de vente de matériaux ouverts pour les plus touchés.
EAU : UN PROBLÈME CHRONIQUE AGGRAVÉ
Marrero Cruz a abordé la question critique de l’eau, signalant que « ce n’était pas un problème de l’ouragan » mais d’une sécheresse prolongée. À propos du rétablissement, il a indiqué que Guantanamo atteint 97 % ; Santiago de Cuba, avec ses deux systèmes : le Turquino : 53 % et Aguas Santiago : 60 %
Il a reconnu des difficultés dans la distribution par camions-citerne et a insisté sur le fait que « le contrôle devait être strict pour que l’eau parvienne en priorité à ceux qui attendent depuis le plus longtemps ». L’objectif, a-t-il dit, est qu’aucune famille ne manque d’eau, mais pour cela la gestion doit être ordonnée jusqu’au rétablissement complet des systèmes,
AGRICULTURE : ENSEMENCEMENT INTENSIF POUR RECUPÉRER LA PRODUCTION
Sur les 105 228 hectares touchés, le Premier ministre a déclaré que la réponse a été rapide : « 24 000 ont déjà été récupérés », et la stratégie repose sur un ensemencement urgent et intensif de cultures de cycle court.
« L’important, c’est que nous avons des graines », a-t-il dit et qu’en 30 jours, il est possible d’obtenir des légumes, de la patate douce, du potiron, des haricots et du maïs. Il faut insister, a-t-il dit, sur le « renforcement de l’agriculture urbaine, suburbaine et familiale », en encourageant la population à semer partout où il existe un espace disponible.
Les chiffres de progrès pour chaque activité évoluent « minute par minute », car un travail ardu a été mené, si bien que les chiffres rapportés peuvent avoir augmentés, y compris durant son intervention.
Face à la destruction des infrastructures, Marrero Cruz a précisé que des solutions alternatives ont été mises en place afin de garantir des services de base. Il a cité l’exemple des boulangeries qui, bien qu’elles aient perdu leur toit, ont continué à produire dans des locaux temporaires
Dans le secteur de l’éducation, des classes ont été installées dans des maisons dela culture, des salles de réunion et des logements privés, afin que les enfants n’interrompent pas leurs apprentissages, ce qui a nécessité l’aide des parents.
Le transport ferroviaire, a-t-il dit, reprend partiellement, avec des services ferroviaires provinciaux qui fonctionnent sur certaines routes, bien que le service national reste encore limité.
Marrero Cruz a répondu à ceux qui critiquent les visites officielles dans les zones sinistrés, affirmant que ces visites sont « nécessaires et indispensables » : elles répondent à l’enseignement de Fidel et Raul Castro d’être « aux côtés du peuple » dans les moments complexes.
« Nous avons vu un peuple qui a subi les impacts de l’ouragan, mais qui continue à faire confiance à la Révolution », a-t-il déclaré, reconnaissant les insatisfactions, mais soulignant la participation communautaire à la reprise.
Marrero Cruz a insisté sur la transparence comme principe incontournable : « Il faut parler clairement, écouter et informer sur ce que nous faisons, sans faire de promesses banales ». Bien qu'il ait admis que les progrès ne se feront pas à la vitesse souhaitée, il a conclu avec optimisme : « Progressivement, nous sortirons de cette situation. L'essentiel est que nous sommes vivants et que, vivants, nous remporterons la victoire ».
ARRÊTER LA PROPAGATION DES ARBOVIROSES
La docteure Carilda Peña García, vice-ministre de la Santé publique, a indiqué que la population des provinces de l’est du pays est confrontée à une situation complexe en raison de la progression du chikungunya, une maladie hautement symptomatique qui provoque une forte fièvre et une inflammation des articulations, laissant des séquelles pouvant rendre les patients invalides pendant la phase chronique.
Elle a précisé que, dans le cadre du protocole établi pour la prise en charge des arboviroses, un ensemble de mesures spécifiques a été mis en place pour lutter contre ce phénomène, parmi lesquelles la mise en place de groupes de travail temporaires chargés de l'analyse technique et scientifique, et la réalisation d'essais axés sur le contrôle du vecteur transmetteur.
Elle a ajouté qu'il existe un protocole établi qui intègre la prise en charge des groupes les plus vulnérables, tels que les personnes âgées de plus de 75 ans et les nouveau-nés, tout en soulignant que des médicaments et des vaccins contre les virus respiratoires sont disponibles pour ces groupes.
Un travail est mené auprès des adultes vivant seuls, « un protocole que nous testons sur le terrain afin de protéger cette population qui est également fortement touchée ».
Selon la vice-ministre, la stratégie de contrôle du vecteur est « la pierre angulaire pour gagner cette bataille » contre le moustique qui transmet la maladie.
Il existe environ 600 machines de fumigation disponibles dans toutes les provinces du pays, dans le but d'atteindre le plus rapidement possible les lieux où le niveau de transmission est le plus élevé.
Elle a souligné l'importance de la communauté en fonction de la détection de foyers potentiels au sein des foyers grâce à la lutte contre la prolifération des moustiques dans les familles et les lieux de travail.
RÉTABLISSEMENT DU SERVICE ÉLECTRIQUE
À propos de la situation complexe du réseau électrique dans ces provinces, Alfredo Lopez Valdés, directeur général de l'Union électrique, a indiqué que le service devrait être rétabli dans les prochains jours dans la municipalité chef-lieux de Santiago de Cuba, puis dans le reste des provinces.
Dans le cas de Guama, l'une des municipalités les plus touchées par l'ouragan Melissa, une ligne est en cours d'installation avec l'aide d'un contingent du ministère des Communications, en plus d'un groupe électrogène. Des brigades de plusieurs provinces du pays travaillent à cette tâche et resteront sur le territoire jusqu'à ce que le service soit complètement rétabli.
SANTIAGO : TROIS PRIORITÉS
Dans son intervention, la présidente du Conseil provincial de Défense de Santiago de Cuba, Beatriz Johnson Urrutia, a indiqué que les actions menées dans la province se concentrent sur trois priorités, dont l'une consiste à achever avant le 28 novembre le nettoyage, y compris l'élagage et le ramassage, des arbres qui restent non seulement dans la ville, mais aussi sur l'ensemble du territoire.
Elle a ajouté qu'ils travaillent également dans le domaine de la santé, précisant que quatre municipalités sont touchées par une épidémie d'arboviroses, principalement liées à la dengue et au chikungunya, et que les efforts se concentrent donc principalement sur les programmes de santé prioritaires.
De même, a-t-elle ajouté, la province est passée d'un état de sécheresse totale, avec une situation très complexe au niveau des réservoirs, à de graves inondations.
Cela s'explique en partie par les inondations provoquées par la tempête tropicale Imelda, puis, quelques semaines plus tard, par le passage de l'ouragan Melissa. La troisième priorité consiste donc à remédier aux principaux dégâts causés dans la province.
GRANMA : VIGILANCE HYDROLOGIQUE
La vice-présidente du CDP de Granma, Yanetsy Terry Gutiérrez, a expliqué que dans la province, quatre des 13 municipalités sont déjà revenues à la normale, et qu'au cours des dernières 48 heures, la surveillance hydrologique a été renforcée en raison des pluies enregistrées principalement dans les zones montagneuses.
D'une manière générale, 333 personnes sont toujours hébergées dans huit centres et 91 familles comptant 185 membres sont prises en charge, celles-ci ayant été relogées dans des locaux publics adaptés à cet effet, a-t-elle dit.
Elle a précisé que plus de 53 communautés de Granma restent inaccessibles par les voies traditionnelles, mais que des alternatives ont été recherchées pour assurer le maintien sur les lieux de leurs habitants, tout en poursuivant le travail avec des brigades locales et d'autres territoires à la remise en état des infrastructures routières, en particulier des routes de montagne.
Terry Gutiérrez a indiqué que parmi les principaux dommages, on trouve des effondrements complets ou partiels de logements, des dégâts aux toits et aux sols causés par les inondations, principalement dans les municipalités de Rio Cauto, Cauto Cristo et Jiguani, qui pourraient s'aggraver à mesure que les techniciens du logement effectuent leurs visites.
En ce qui concerne les infrastructures, les dommages les plus importants concernent les matelas, d'autres effets personnels et les appareils électroménagers.
GUANTANAMO : LA REPRISE PROGRESSE
Le président du Conseil provincial de défense, Yoel Pérez Garcia, a déclaré que le soutien aux familles qui ont perdu leur logement, dont beaucoup ont été relogées dans des campements temporaires, se poursuit. Il a souligné qu'ils travaillent selon le principe de laisser tout en meilleur état qu'avant la catastrophe météorologique.
Dans le domaine sanitaire, il a confirmé l'existence d'une transmission de maladies dans plusieurs municipalités, des protocoles complets étant appliqués avec la participation de la communauté. Il a salué les efforts des travailleurs du secteur électrique, même si des défis persistent dans les zones montagneuses.
Concernant la distribution de l’eau, des alternatives sont utilisées pour atteindre les rares endroits qui ne sont pas desservis. Dans le domaine alimentaire, la distribution de produits de base et les dons internationaux se poursuivent.
Le secteur de l'éducation montre des progrès, toutes les institutions fonctionnant grâce à des solutions alternatives là où il y a des dégâts. La situation est similaire dans le système de santé, dont les unités maintiennent leurs services malgré les dégâts.
En matière de transport, il ne reste plus qu'à relier une localité par voie ferrée. Les autorités ont souligné la nécessité de contrôler les prix afin d'éviter la spéculation dans les moments difficiles.
HOLGUIN ET LAS TUNAS : TRAVAIL SANS RELÂCHE
Le président du Conseil provincial de Défense d’Holguin, Joel Queipo Ruiz, a indiqué que, par mesure de prévention face à l'arrivée de l'ouragan Melissa, des centaines de milliers de personnes ont été mises à l'abri, grâce à des évacuations vers des centres d'accueil et des transferts vers des logements sûrs.
Concernant l'approvisionnement en eau, l'un des problèmes les plus urgents, il a précisé qu'une partie importante de l'approvisionnement de la population touchée par l'interruption du réseau avait été rétablie. Dans plusieurs municipalités, qui étaient déjà confrontées à la sécheresse avant la tempête, l'accès à l'eau est aujourd'hui garanti en plus grande quantité.
Queipo Ruiz a également souligné que la plupart des usagers disposent désormais d'un service électrique, même si des interruptions persistent dans les municipalités particulièrement touchées par les inondations.
Quant aux télécommunications, le service a été rétabli pour de nombreux usagers. « Avec la même force qu'un ouragan », a déclaré le fonctionnaire, les travaux de remise en état des jardins potagers, des boulangeries et des épiceries de l’État avancent, tandis que le panier alimentaire de base est distribué « avec le soutien des formes de production locales, réparties dans toute la province ».
Dans la province de Las Tunas, où des milliers de personnes ont été mises à l'abri, les dégâts sont moins importants que dans d'autres régions de l'est du pays.
Osbel Lorenzo Rodriguez, président du Conseil provincial de Défense, a précisé que le service électrique avait été entièrement rétabli, même si quelques coupures ponctuelles persistent. Dans le secteur des télécommunications, tous les services ont été rétablis.
À propos des infrastructures routières, il a reconnu des dommages mineurs, sans interruption significative de la circulation. Dans le secteur agricole, les dégâts ont également été légers et une aide a été reçue pour accélérer la reprise. En outre, le panier alimentaire de base est en cours de distribution et « la feria agro-commerciale aura lieu prochainement », a-t-il conclu.








