Cher ambassadeur Miguel Diaz Reynoso,
Compañeros de la direction du Parti, du gouvernement, de l'État, des Forces armées révolutionnaires, du ministère de l'Intérieur et de nos organisations de masse et sociales,
Cher Abel,
Chers amis,
Chers jeunes Cubains,
Lorsque j'ai été invité à prendre la parole lors du lancement de ce projet 25 pour le 25, depuis Cuba, simultanément avec une présentation semblable de la chère présidente Claudia Sheinbaum, depuis le Zocalo, à Mexico, j'ai immédiatement accepté, pour trois raisons :
Premièrement, l'initiative venait d'un pays frère auquel nous devons beaucoup et que nous aimons particulièrement. Deuxièmement, il s'agit de livres imprimés, avec des auteurs et des œuvres connus et d'autres que nous aimerions beaucoup lire. Et troisièmement, bien que cela puisse aussi être la première raison, ce projet est destiné à des jeunes de 15 à 30 ans de plusieurs pays de Notre Amérique.
Je vous remercie donc pour m’avoir offert cette opportunité, chers Claudia, Paco, ambassadeur et Abel ; merci également à l'équipe de la Casa de las Américas qui a accueilli cet événement culturel comme si c’était le sien.
En tant qu'ingénieur de formation, je suis passionné par la technologie et j'apprécie les progrès considérables qui sont réalisés chaque jour dans le monde numérique, mais je n'ai jamais pu me détacher de mon amour pour les livres imprimés ni de l'émotion que je ressens en tournant les pages avec impatience pour absorber les connaissances qu'ils renferment.

Je pense qu'il n'y a rien de tel qu'un bon livre pour libérer l'imagination. Et s'il s'agit d'un livre imprimé, au plaisir de la lecture s'ajoute alors celui de chérir des idées et des phrases auxquelles on s'identifie profondément, au point de les marquer dans ces livres qui vieillissent à nos côtés, remplis de notes.
Nous devons remercier le gouvernement mexicain, sa présidente et en particulier Paco Ignacio Taibo II, qui connaît si bien Cuba et à qui nous devons tant de bons livres, de nous avoir inclus dans ce beau projet.
Il s’agit d’un acte de justice envers la Révolution cubaine et son leader historique, le commandant en chef Fidel Castro Ruz, qui a résumé dans une phrase emblématique la volonté jamais abandonnée de promouvoir la lecture comme source fondamentale de savoir, lorsqu'il déclara : « Nous ne disons pas au peuple : crois ! Nous lui disons : lis ! »
De cette volonté naquit l'une des premières institutions culturelles de la Révolution, le 31 mars 1959. Je parle de l'Imprimerie nationale, dont le premier livre n'est autre que L'Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche, de Miguel de Cervantes Saavedra, avec des illustrations de Pablo Picasso et Gustavo Doré. Dans cette imprimerie, dirigée par Alejo Carpentier, génie de nos lettres, ont également été imprimés les manuels et les textes de base de la grande Campagne d'alphabétisation qui, en moins d'un an, fit de Cuba un territoire exempt d'analphabétisme et, pour toujours, un pays passionné par la lecture et toujours avide de connaissances.
Ceux qui ont vécu l'effervescence de ces journées racontent que, lors d'un discours public, alors que se préparait la campagne d'alphabétisation, Fidel promit de récompenser ceux qui apprendraient à lire et à écrire et qui rédigeraient une lettre au ministère de l'Éducation de leur propre main. La récompense était un livre d'histoire et de géographie de Cuba et quelques notions sur le monde.
Nombreux sont ceux qui soulignent la lutte infatigable du Commandant en chef pour élever constamment la culture du peuple comme une étape fondamentale sur la voie du développement, mais sans aucun doute, il le faisait aussi comme un moyen de rapprocher tout le monde du plaisir extraordinaire que procure la lecture, en tant qu'acte d'émancipation humaine par la connaissance. « Être cultivé est la seule façon d'être libre », affirmait José Marti, et Fidel travailla sans relâche pour concrétiser ce précepte dans la conscience nationale, depuis la première année de la Révolution jusqu'à son départ physique.
Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature et l'un des auteurs du Projet 25 pour le 25, avec une œuvre consacrée à l'épopée cubaine en Afrique, comme l'a expliqué l'ambassadeur, entretenait une amitié particulière avec Fidel, qui se traduisait par un goût commun pour les livres et qui est très bien rendue dans le documentaire présenté ici.
Je me suis un peu étendu dans mes propos en assumant l'objectif déclaré du Projet 25 pour le 25, qui est de rapprocher les plus jeunes du goût de la lecture, et pas seulement par obligation scolaire.
Sachez que des leaders tels que José Marti et Fidel Castro réussirent, grâce aux livres, à acquérir une culture encyclopédique qui éblouit leurs contemporains. Réalisant ses rêves, la Révolution cubaine n'a cessé de stimuler la création et la production littéraires, depuis l'Imprimerie nationale qui est devenue l'Institut cubain du livre jusqu'aux très révolutionnaires maisons d'édition provinciales et aux campagnes et foires du livre qui, avec le temps, sont devenus de véritables fêtes du livre et de la lecture dans tout l'archipel cubain.
D'après ce qu'on m'a expliqué, l'un des objectifs du Projet 25 pour 25 est de prendre une partie du temps des jeunes, qui se concentrent aujourd'hui presque entièrement sur les réseaux sociaux, les jeux vidéo et les contenus audiovisuels courts, de plus en plus banals et simplistes, en leur offrant une alternative vraiment enrichissante. Il ne s'agit pas bien sûr d'interdire les activités ludiques, mais d'ouvrir de nouvelles voies dans l'appropriation des connaissances et de montrer que la littérature peut être amusante et émotionnellement intense, jusqu'à ce que lire devienne une option attrayante et non une obligation scolaire.
Cette collection peut sans aucun doute avoir un impact important sur les jeunes d'Amérique latine et des Caraïbes, notamment en matière d'accès aux livres et à la littérature latino-américaine contemporaine et du 20e siècle, en supprimant l'un des principaux obstacles à la lecture dans les pays les moins développés : le coût des livres et le manque de bibliothèques bien fournies. La gratuité du projet donne la possibilité aux adolescents et aux jeunes qui n'ont jamais pu acheter un livre d'un auteur latino-américain dans certains pays de les avoir physiquement entre les mains et de les partager avec leurs pairs.
En passant en revue la sélection d'œuvres et d'auteurs, il est enthousiasmant de découvrir l’éblouissante littérature latino-américaine de la seconde moitié du 20e siècle, un choix indéniablement judicieux pour intéresser nos jeunes à des histoires, des langages et des conflits qui nous sont propres, qui expliquent ce que nous sommes et renforcent l'identité latino-américaine à partir d'une mémoire historique comportant de nombreux points de contact, ce qui devrait également favoriser une lecture plus approfondie et plus complète des droits humains.
Une autre réussite incontestable, cohérente avec la politique de gratuité du projet, est la stratégie de distribution dans les écoles, les universités, les maisons de la culture, les salles de lecture et tous les types d'espaces collectifs similaires, favorisant ainsi son extension et sa portée.
Pour toutes ces raisons, c’est un très grand honneur pour moi de donner le coup d'envoi du projet 25 pour le 25 à Cuba, un pont de papier et d'encre qui relie les jeunes de Notre Amérique.
Le Mexique et Cuba partagent une histoire séculaire, faite de luttes pour l'indépendance, la justice sociale et la dignité de nos peuples, au cours de laquelle s'est épanouie une culture aux liens si nombreux et si divers qu'il est souvent impossible de distinguer ce qui est passé du Mexique à Cuba de ce qui est passé de Cuba au Mexique, et cela concerne notamment les boléros.
Je pense qu'avec cet événement et cette remarquable collection, nous rendons hommage à cette histoire commune de culture, de solidarité, d'hospitalité et de rébellion. Ces livres que le Mexique met aujourd'hui entre les mains des jeunes Cubains s'inscrivent dans la continuité de ce dialogue profond et chaleureux qui dure depuis tant de siècles.
Le projet 25 pour le 25 est né d'une conviction simple et puissante : la jeunesse d'Amérique latine et des Caraïbes mérite d'avoir des livres entre les mains, et pas seulement dans les vitrines. Elle mérite des histoires qui parlent de ses quartiers, de ses souffrances, de ses espoirs ; des voix qui osent remettre en question, imaginer d'autres mondes possibles et meilleurs.
Chaque exemplaire de cette collection est une invitation à porter un regard différent sur le passé et le présent de la région. Dans ces pages, il y a des dictatures et des résistances, il y a des amours et des pertes, il y a de la colère et aussi de la tendresse. Ce sont des livres écrits par des Latino-Américains et des Latino-Américaines qui ont osé dire « non » à l'injustice et « oui » à la dignité des peuples.
Merci, mes sœurs et mes frères, de nous avoir inclus dans ce projet. En le lançant ici, on reconnaît la place de Cuba dans l'histoire politique et culturelle du continent, mais on mise aussi sur son avenir : sur les jeunes qui étudient, travaillent, créent et résistent aujourd'hui sur cette Île.
Ces livres arrivent à Cuba pour dialoguer avec sa propre tradition littéraire, avec ses poètes, ses narrateurs, ses maîtres, ses professeurs et ses médiateurs de lecture.
C'est pourquoi ce message s'adresse avant tout à vous, jeunes Cubains :
Prenez ces livres et lisez-les seuls, oui, mais aussi à haute voix, partagez-les, discutez-en, critiquez-les. Que chaque livre passe de main en main jusqu'à ce que le papier s'use, mais que les idées se multiplient.
La lecture n'est ni un luxe ni une punition scolaire ; c'est un droit et une forme de liberté. Chaque page est une question à laquelle personne ne peut répondre à votre place. Chaque histoire est une occasion d'imaginer comment vous voulez que soit le monde dans lequel vous allez vivre.
Aujourd'hui, en lançant cette campagne à Cuba, nous lançons un appel :
Aux écoles et aux universités, pour qu'elles transforment ces livres en ateliers, en groupes de lecture et en espaces de dialogue critique.
Aux bibliothèques et aux maisons de la culture, afin qu'elles les rapprochent de ceux qui n'ont jamais eu de livre à eux.
Aux familles, afin qu'elles accompagnent leurs enfants dans l'aventure de la lecture.
Et surtout, aux jeunes, afin qu'ils s'approprient cette collection et l'intègrent à leur propre histoire.
L'histoire de l'Amérique latine et des Caraïbes a souvent été écrite depuis l’étranger, dans d'autres langues et avec d'autres intérêts. Aujourd'hui, avec cette collection, une partie de l'Histoire racontée par vos propres peuples vous est remise entre les mains. Ce sont des livres qui font réfléchir.
Au nom du Parti, du gouvernement et du peuple cubains, en particulier de sa jeunesse, transmettez, cher Ambassadeur, ma sincère gratitude à votre gouvernement et à votre peuple, en premier lieu à la chère présidente Claudia Sheinbaum et au grand ami et fervent journaliste et écrivain Paco Ignacio Taibo II, dont les œuvres consacrées à Cuba font partie des meilleurs ouvrages de notre littérature.
Merci pour cette généreuse initiative qui permettra à des milliers de jeunes et d'adolescents d'accéder gratuitement à des œuvres fondamentales de la littérature universelle et latino-américaine.
Merci, Mexique, de partager avec nous le pouvoir transformateur des livres !
Je vous remercie (Applaudissements).








