ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Seule une authentique Assemblée du peuple est en mesure de relever, avec un sens de l'urgence, du calme, du réalisme et de l'engagement, les défis colossaux auxquels la nation est confrontée. Photo: Abel Padron Padilla

Cher général d'armée Raul Castro Ruz, leader de la Révolution cubaine,

Cher président Lazo,

Chères compañeras et compañeros,

Je vous remercie tous pour les débats approfondis, responsables et concis, qui nous ont permis d'aborder des questions cruciales de notre réalité. Seule une authentique Assemblée du peuple est en mesure de relever, avec un sens de l’urgence, sérénité, réalisme et engagement, les défis colossaux auxquels la nation est confrontée en ce moment et de se projeter vers l'avenir.

Aujourd'hui, nous avons discuté et adopté le Plan de l’économique, le Budget, le Programme de gouvernement visant à corriger les distorsions et la Loi générale sur la science, la technologie et l'innovation, entre autres sujets. Tous ces thèmes sont liés par un ensemble complexe de tâches nécessaires en vue de faire face à la situation actuelle du pays et aux risques et aux menaces qui pèsent sur la région latino-américaine et caribéenne.

Nous vivons une période extrêmement complexe pour l'économie et la vie quotidienne de la population, ce qui exige des réponses plus approfondies, plus rapides et plus responsables.

Il ne s'agit pas d'une crise de plus : c'est l'accumulation de distorsions, d'adversités, de difficultés et d'erreurs propres, exacerbées par un encerclement extérieur extrêmement agressif, dans un contexte incertain et dangereux pour les objectifs de protection de la paix, de promotion de la coopération et de progrès en matière de justice sociale, entre autres questions vitales de l'agenda international.

Ce contexte est également devenu dangereux pour la survie du multilatéralisme, du Droit international, de la Charte des Nations unies et des normes et pratiques sur lesquelles ont reposé les relations internationales depuis huit décennies.

Cette menace se manifeste de manière singulière dans l'impunité avec laquelle le crime de génocide contre le peuple palestinien a été et reste permis. Elle s'exprime également dans la nouvelle doctrine promue par les États-Unis, qu'ils appellent, avec une arrogance scandaleuse, « la paix par la force », mais qui consiste essentiellement à imposer à tous la volonté arbitraire et la domination de l'impérialisme étasunien par les menaces, la coercition et y compris l'agression directe.

Le corollaire aberrant de Trump à la doctrine Monroe et à la Stratégie de sécurité nationale des États-Unis, récemment publiée, ne laisse aucun doute sur les prétentions hégémoniques à l'égard des peuples et des nations de Notre Amérique, ignorant et mettant en danger la région en tant que Zone de paix, fermement et officiellement proclamée depuis 2014.

Le texte affiche sans vergogne les ambitions d'une puissance unipolaire désormais en déclin. Il répond aux intérêts des grandes sociétés transnationales, au détriment des droits inaliénables des pays de la région. Il déclare ouvertement la prétention des États-Unis à s'approprier les ressources et les richesses naturelles qui appartiennent aux nations souveraines de l'hémisphère occidental et à leurs peuples respectifs.

Cela explique l’impulsion donnée aux projets visant à établir des bases militaires étasuniennes dans plusieurs pays, la présence militaire exagérée et agressive dans la mer des Caraïbes, et les menaces croissantes et provocatrices contre le Venezuela, sous des prétextes si peu défendables qu'ils changent en quelques heures.

Le Secrétaire d'État, le Secrétaire à la Guerre et d'autres personnages obscurs, impliqués dans les guerres sales contre la région, ont réussi à acculer l'appareil de politique étrangère des États-Unis dans un conflit apparemment sans issue ni solution. La menace d'une guerre ouverte ou déguisée contre le Venezuela est un acte criminel qui viole le Droit international.

L'attaque et la saisie d'un pétrolier et l'appropriation illégale de sa cargaison, des actes qualifiés de piraterie et de terrorisme maritime ; la centaine d'exécutions extrajudiciaires perpétrées au vu et au su du monde entier lors d'attaques aériennes contre des embarcations en haute mer ; les incursions provocatrices d'avions de guerre étasuniens dans l'espace aérien vénézuélien ; la prétention de remplacer par la force, et pour la deuxième fois, le gouvernement bolivarien et d'imposer un gouvernement choisi à Washington, comme ils ont tenté de le faire avec un certain Guaido, sont autant d'actes contraires au Droit international.

Le gouvernement des États-Unis est allé jusqu'à envisager la dangereuse intention de bloquer totalement et complètement les pétroliers qui entrent et sortent du Venezuela. Il s'agit d'une mesure brutale et risquée, digne d'une période de guerre, à l'encontre d'un pays qui ne représente aucun danger pour eux.

Cela montre la désespérance impuissante de ceux qui ont misé sur la capitulation de ce pays frère face à l'offensive violente et impitoyable d'une clique qui s'est emparée de la politique étrangère et hémisphérique des États-Unis.

Lors du récent sommet de l'ALBA, nous avons eu l'occasion de réaffirmer, dans les termes les plus fermes et les plus catégoriques, notre condamnation des menaces et des actions agressives contre la République sœur bolivarienne du Venezuela, ainsi que le soutien et la solidarité absolus de Cuba à l'égard de cette nation latino-américaine et caribéenne.

De manière presque parallèle, et depuis bien plus longtemps encore, Cuba est victime d'une agression économique incessante, avec un durcissement criminel du blocus et l'inclusion injustifiée du pays sur la liste mensongère et arbitraire des États qui, soi-disant, soutiendraient le terrorisme. Cela se traduit par des sabotages constants des transactions commerciales et financières avec pratiquement tous les marchés du monde.

Cela se manifeste également par les actions directes et indirectes promues par le gouvernement des États-Unis, que nous avons dénoncées à maintes reprises, visant à interférer dans les performances macroéconomiques internes, à favoriser l'inflation et à réduire considérablement le pouvoir d'achat de la population.

L'impérialisme a poursuivi son agression en utilisant son pouvoir monopolistique sur les médias et les infrastructures technologiques des réseaux numériques afin de promouvoir le désespoir et le désenchantement, d’irriter, de déconcerter et de semer la confusion, alimenter la spéculation et éroder la confiance dans la direction de la Révolution, en attaquant en profondeur la fibre émotionnelle de la nation cubaine.

En recourant y compris à l'activité pernicieuse et calomnieuse de leur représentant diplomatique à Cuba, ils s'obstinent à tenter de nuire aux liens avec d'autres gouvernements, un objectif qu'ils poursuivent par des méthodes immorales dans le cadre d'une attaque persistante et diffamatoire contre la coopération médicale internationale solidaire de notre pays.

Même dans ces conditions et au cours d'une année marquée par de grands défis, l'autorité, le prestige et la tradition de solidarité de Cuba ont été mis en évidence.

La résolution de l'Assemblée générale des Nations unies demandant une fois de plus la fin du blocus a reçu, comme à l’habitude, le soutien massif de la communauté internationale, en dépit des manœuvres déloyales et des pressions brutales du gouvernement des États-Unis et des mensonges qu'il a diffusés sur Cuba, certains répétés de manière ignoble par quelques délégations.

Cette année, Cuba est devenue pays partenaire du groupe des BRICS, en reconnaissance du rôle et du leadership de la Révolution cubaine parmi les nations du Sud.

C'est également une année de mobilisation consciente des mouvements de solidarité avec Cuba, des forces politiques, des mouvements populaires et des organisations de la société civile sous toutes les latitudes, au cours de laquelle nous avons continué à élargir nos liens dans diverses régions du monde et à orienter notre politique étrangère vers l'expansion des relations commerciales et des opportunités d'investissement.

Les relations avec les Cubains résidant dans d'autres pays continuent de se renforcer. Au cours de l'année qui s'achève, les contacts avec eux se sont multipliés, leur participation à des événements nationaux s'est intensifiée, tout comme leur implication dans des projets commerciaux, économiques et de développement pour le bien de notre société.

Compañeras et compañeros,

Je reviens maintenant sur les nombreux défis que nous devons relever et résoudre sur le plan interne, à commencer par la question déterminante de l’économie.

En analysant la situation actuelle du pays, nous avons été réalistes et autocritiques, mais nous avons également réaffirmé notre confiance dans la capacité de résistance et de victoire du peuple cubain. La patrie ne se rend pas ! Nous avons suivi un principe : « Unité, continuité et résistance créative ». Unité autour du Parti, de la Révolution et des idées marxistes, martiniennes et fidélistes. Continuité de l'héritage historique et de l'œuvre que nous construisons. Résistance créative pour, malgré les pénuries, continuer de créer, d’innover et d’aller de l'avant.

Aujourd'hui, nous concluons une session de travail intense, approfondie et d'une importance vitale pour le présent et l'avenir de la nation. Avec l'esprit critique, unitaire et révolutionnaire qui nous caractérise, nous avons abordé des questions fondamentales qui touchent le cœur du projet socialiste que nous défendons et construisons tous ensemble.

Personne à Cuba n'a besoin qu'on lui explique que l'économie est sous tension : on le ressent dans les files d'attente, dans le portefeuille, dans les coupures d'électricité, dans le bus qui n’arrive pas et dans le prix des denrées alimentaires qui augmente. Nous venons de plusieurs années de baisse du produit intérieur brut, d'inflation élevée, de pénurie, de crise énergétique et de chute des recettes extérieures.

Dans ce contexte, il est essentiel que le Parlement envoie un signal clair : nous reconnaissons l'ampleur de la crise, nous ne maquillons pas la réalité et, dans le même temps, nous réaffirmons la volonté politique de changer ce qui doit être changé pour défendre la justice sociale et la souveraineté nationale.

Hier, au sein de la Commission économique, un débat intense a eu lieu sur l'urgence d'augmenter la production nationale, afin de la positionner comme un pilier fondamental de la relance économique.

Aujourd'hui, cette production est freinée par des distorsions, des insuffisances et des entraves bureaucratiques que nous n'avons pas encore réussi à éliminer, qui affectent d'une part la consommation nationale, mais aussi les exportations, nous privant ainsi d'importantes ressources financières.

Un pays dont les finances sont traquées avec acharnement est obligé de gérer avec une efficacité maximale ses recettes en devises, indispensables pour faire face aux problèmes liés aux combustibles, aux investissements dans la production thermique, dans la production de médicaments, dans les transports publics, entre autres secteurs.

Toutes les analyses devront mettre un nom aux contrevenants, car leurs manquements représentent des millions de dollars qui figuraient dans le Plan de l’économie et sur lesquels nous comptions.

En résumé : la reddition de comptes s’impose, de même que l’analyse en temps opportun des dysfonctionnements, avec des solutions concrètes pour chaque cas. Tant que nous ne le ferons pas, et que nous nous contenterons d'analyser des rapports descriptifs et des diagnostics qui finissent par être des autopsies inutiles, nous ne résoudrons rien et ne changerons rien à la situation actuelle.

Le 11e Plénum du Comité central a exposé sans détours la situation économique et, dans le même temps, a défini une méthode de travail : stabilisation macroéconomique, correction des distorsions et relance de la production, non pas comme des slogans, mais comme un système de décisions concrètes, avec des délais et des responsables.

Nous avons insisté sur trois idées que nous confirmons aujourd'hui :

-       Il n'y a aucune place pour une gestion résignée de la crise.

-       La stabilité macroéconomique n'est pas un luxe technocratique ; c'est une condition pour que le salaire ait de la valeur, pour que le marché fonctionne, non pas pour lui-même, mais pour garantir une politique sociale durable.

-       Le Programme de gouvernement visant à corriger les distorsions ne peut plus se contenter d’être un simple document de référence : il doit devenir la feuille de route obligatoire de tous les organismes, les entreprises et les provinces.

Les débats de cette session ont confirmé les principaux défis à relever :

-       Réduire la vulnérabilité énergétique et la dépendance vis-à-vis des importations de combustibles.

-       Récupérer les capacités de production, notamment dans la production d’aliments, d'énergie et de l'industrie de base, avec la participation coordonnée et engagée de tous les acteurs économiques.

-       Maintenir le déficit budgétaire et l'inflation sous contrôle, afin d'enrayer la perte du pouvoir d'achat des salaires et des retraites.

-       Soutenir et diversifier les recettes extérieures, notamment le tourisme, les exportations de biens et de services, les envois de fonds et les investissements étrangers.

-       Protéger les secteurs les plus vulnérables des effets des ajustements et de la correction des prix et des allocations.

Tous ces objectifs étaient déjà en cours de réalisation et il nous faut continuer à prendre des décisions.

Je le répète une nouvelle fois : les transformations que nous devons opérer ne sont pas seulement structurelles, mais aussi mentales. Nous le constatons au quotidien, lorsque des choses se bloquent ou n'avancent pas tout simplement par manque de flexibilité ou à cause de schémas qui ne fonctionnent plus, ni à notre époque, ni dans des circonstances aussi difficiles.

La seule limite à la flexibilité est ce qui va à l'encontre de nos principes, de notre autodétermination, de notre souveraineté et de notre indépendance nationale. En dehors de cela, nous devons promouvoir de plus en plus, et sans crainte, toute initiative qui nous aidera à surmonter les puissants obstacles dressés par l'ennemi et à aller de l'avant.

Personne n'a écrit comment construire le socialisme dans un pays qui a accédé à sa véritable indépendance après plus de quatre siècles de colonisation et 60 ans de subordination néocoloniale. Personne mieux que Cuba ne peut parler de ce que signifie promouvoir son développement, en maintenant la justice sociale, dans les conditions favorables de son intégration à un camp socialiste soudainement disparu. Personne ne peut nous dire ce que signifie résister de manière exemplaire, mais à un coût économique et donc social élevé, à une politique infâme de blocus renforcé et de traque féroce comme celle que subit Cuba.

Cette Histoire, nous, les Cubains, le peuple de Cuba, nous l’écrivons chaque jour et en ce moment même ! (Applaudissements.)

Nous avons analysé et soutenu le Plan de l’économie et le Budget de l'État pour l'année prochaine. Ces outils, loin d'être de simples chiffres, expriment la volonté politique de donner la priorité à l'attention portée au peuple, à l'investissement dans les secteurs stratégiques et à la recherche constante de l'efficience.

Nous reconnaissons les énormes difficultés auxquelles nous sommes confrontés, aggravées par un blocus économique, commercial et financier qui nous étouffe de manière criminelle. Mais ici, il n'y a pas de place pour le défaitisme !

Notre réponse est : davantage de créativité, davantage de discipline, davantage de contrôle et une lutte sans merci contre les poids qui nous ralentissent : la bureaucratie, l'indolence et la corruption.

Les bureaucrates, les indolents et les corrompus sont la négation même de la Révolution, car dans leurs attitudes se cachent un profond mépris pour le peuple, qui est l'essence et le sens même de la Révolution. Et j'irai plus loin : car en eux se niche la trahison.

Nous l'avons vu à plusieurs reprises au cours de l'Histoire, mais nous avons également été témoins de l'antidote naturel de la Révolution pour se sauver des traîtres. Et cet antidote se trouve dans le peuple qui, tôt ou tard, fait tomber le masque du simulateur.

Mesdames et Messieurs les députés,

À propos de Plan de l’économie et du Budget, nous avons reconnu les tensions : inflation, chute du PIB, crise énergétique. Mais nous avons également réaffirmé que corriger les distorsions et relancer l'économie n'est pas un slogan, mais une bataille concrète pour la stabilité de la vie quotidienne. Cette bataille exige de la rigueur économique, mais aussi de la justice sociale, car nous n'acceptons pas un modèle qui sacrifierait l'équité au nom de l'efficience.

Le Plan de l’économie pour 2026, tel qu'il a été analysé ici, est un plan offensif et de réajustement profond qui vise à :

-       Donner la priorité à la production d’aliments, en supprimant les entraves, en garantissant les intrants de base et, surtout, en créant de réelles incitations pour les producteurs étatiques et non étatiques.

-       Accélérer les investissements et les solutions opérationnelles dans le système électrique national, en combinant la réparation des centrales thermiques, une plus grande efficience et la croissance des énergies renouvelables.

-       Organiser et rendre transparente l'attribution des devises, de manière à favoriser les secteurs qui exportent, remplacent les importations et approvisionnent le marché intérieur avec leurs propres productions.

-       Donner une réelle autonomie à l'entreprise socialiste d’État afin d'accroître la productivité et l'efficience, en exigeant des résultats mesurables, sans tolérer l'inertie ni l'immobilisme.

Le défi pour 2026 n'est pas seulement de respecter le Plan, mais de démontrer que ce Plan se traduit par des changements visibles sur le terrain et dans la vie des gens.

Quant au Budget que nous avons adopté lors de cette session, axé sur la production d’aliments, les services essentiels et les programmes sociaux, il doit être exécuté avec transparence et rigueur, et il nous appartient de veiller jalousement à ce qu'il en soit ainsi.

Comme nous l'avons vu, ce Budget part de contraintes sévères, mais préserve la priorité accordée à la santé, à l'éducation, à la sécurité sociale et à la protection des plus vulnérables. La transition des subventions aux produits vers les subventions aux personnes doit se faire avec prudence, transparence et participation, afin de ne laisser personne à l’abandon.

Depuis l'Assemblée, nous devons exiger :

-       Que chaque peso du Budget ait un soutien productif ou social vérifiable.

-       Que les dépenses improductives, les projets qui n'apportent aucune valeur ajoutée et les structures qui ne génèrent aucun résultat soient considérablement réduits.

-       Que les provinces assument une plus grande responsabilité dans la collecte des recettes et l'utilisation efficiente des ressources.

Il ne s'agit pas d'ajuster pour ajuster, mais d'ajuster pour pouvoir continuer à redistribuer équitablement.

Le Programme de gouvernement visant à corriger les distorsions de l'économie a également été au centre de nos débats. Il ne s'agit pas d'un ajustement technique, mais d'une nécessité révolutionnaire afin de perfectionner le socialisme en construction, le rendre plus prospère, plus durable et plus juste.

Nous comprenons les préoccupations et les répercussions que certaines mesures peuvent avoir sur la vie quotidienne. Mais, comme cela a été expliqué dans cette tribune et dans tous les espaces du pays, l'inaction serait le plus grand des risques. Nous devons mettre de l'ordre dans le désordre, évaluer correctement notre travail, stimuler l'effort productif et mettre fin aux illégalités et aux déséquilibres.

Ce programme est un appel à la participation consciente de tous, afin que chaque Cubain et chaque Cubaine, depuis leur poste de travail, soit acteur de la rectification et du progrès.

Le Programme de gouvernement visant à corriger les distorsions et à relancer l'économie a des objectifs clairs : mettre de l'ordre dans les prix et les tarifs, faire face au chaos du marché des changes, améliorer les relations entre le secteur étatique et non étatique, encourager la production et protéger les plus démunis. Tout cela sera perfectionné grâce aux débats qui ont lieu à la base en ce moment.

Le Programme de gouvernement que nous avons adopté vise précisément cela : corriger les distorsions, renforcer l'entreprise d’État socialiste en tant que moteur du développement et ouvrir des espaces à toutes les formes de gestion qui contribuent au bien-être collectif. Nous ne pouvons pas permettre que la dualité monétaire, le manque d'incitations productives ou la bureaucratie entravent les efforts du peuple.

Le problème ne réside plus désormais dans l'absence de diagnostic, mais dans la rapidité et la cohérence de la mise en œuvre. C'est pourquoi, à partir de ces conclusions, il est nécessaire de souligner :

-       Chaque organisme, entreprise et gouvernement territorial doit présenter des calendriers concrets d'exécution du programme, avec des objectifs trimestriels et une reddition de comptes publique.

-       Les mesures qui s'avèrent inefficaces ou contre-productives doivent être rectifiées sans dogmatisme, avec humilité politique et agilité technique.

-       La communication avec la population doit être prioritaire et prise en compte : expliquer ce qui est fait, pourquoi cela est fait, quels sont les effets escomptés et dans quels délais. Nous manquons d'innovation dans la communication en tant que science. Il ne s'agit pas de dire, mais de savoir comment dire.

Un programme qui n'est pas compris ou qui n'est pas contrôlé finit par être perçu comme une succession d'improvisations. Pour éviter cela, il est indispensable de le perfectionner et de le renforcer grâce à la contribution de la consultation populaire déjà en cours.

Députés,

Ces derniers jours, nous avons débattu et adopté la Loi générale sur la science, la technologie et l'innovation, un instrument juridique essentiel pour tracer la voie vers la souveraineté technologique et le développement dont nous avons besoin. Nous devons faire de la science et de l'innovation le moteur qui stimule chaque secteur de la société. Cette Loi est un pas ferme dans cette direction, afin que les connaissances créées par notre peuple talentueux se traduisent en solutions, en efficience et en bien-être.

La science ne peut pas rester dans les laboratoires ; elle doit se transformer en solutions pratiques pour la production, l'énergie, la santé et la vie quotidienne du peuple.

Le pays ne dispose pas de réserves infinies de ressources matérielles, mais il dispose de réserves de talents scientifiques, techniques et universitaires que souvent l’on n’exploite pas.

Les décisions économiques clés doivent s'appuyer sur des preuves, des études, des modélisations et des évaluations d'impact. Il est indispensable de réduire la distance entre la recherche et la production : université-entreprise-territoire doivent faire partie du même cycle d'innovation. L'innovation n'est pas seulement technologique ; elle concerne également l'organisation, la gestion, la participation populaire, la communication et le contrôle social.

La science et l'innovation doivent cesser d'être un complément pour devenir les moteurs du changement économique dont nous avons besoin.

Compatriotes,

Les défis auxquels Cuba sera confrontée en 2025 et 2026 ne pourront être relevés qu'à travers un travail concret, un contrôle systématique et une participation populaire active. Le 11e Plénum et cette session de l'Assemblée s'accordent sur une idée : il ne suffit pas d'approuver, il faut respecter, et il ne suffit pas de respecter, il faut rendre des comptes.

Depuis cette Assemblée, nous devons prendre plusieurs engagements politiques :

-       Renforcer le lien de chaque député et députée avec sa base, en communiquant, en écoutant, en expliquant et en recueillant des propositions concrètes pour alimenter les politiques publiques.

-       Lutter de front contre la bureaucratie, la corruption, le gaspillage, le détournement de ressources et le manque de sensibilité aux problèmes du peuple.

-       Renforcer l'unité, non pas comme une unanimité acritique, mais comme une construction de consensus à partir d'un débat responsable et de la participation.

Le pays traverse une crise difficile, mais il n'est pas vaincu et il ne sera jamais vaincu (applaudissements).

L'Histoire de Cuba montre que lorsque la direction politique, les institutions et le peuple travaillent dans la même direction, avec sincérité, discipline et créativité, aucun blocus ni aucune crise ne pourra nous priver de notre avenir.

La décision de reporter le 9e Congrès du Parti ne peut pas être considérée comme un recul. Il s’agit d’une décision nécessaire et opportune qui nous permettra de rassembler nos forces, d'améliorer la situation de la nation, de renforcer la confiance du peuple et de créer les conditions d'un Congrès meilleur et fructueux, qui consolidera, comme le confirme la Constitution, la construction du socialisme et la progression vers la société communiste. C'est à cela que nous a appelés le Général d'armée !

Cette décision sera l'occasion de consacrer l'année 2026 à nous remettre sur pied autant que possible et à progresser dans la réalisation de nos engagements.

Elle permettra également de mettre en œuvre les ajustements que nous devons apporter aux structures du Parti, du gouvernement et de l'État afin de faciliter, sans précipitation, les échanges d'opinions et de critères que ce processus exige.

Toutes les forces et toutes les énergies du Parti, de l'État et du gouvernement,  aux côtés du peuple, doivent se consacrer à l'amélioration de la situation du pays :

-       en progressant dans la mise en œuvre des mesures économiques adoptées avec discipline et contrôle ;

-       en renforçant l'attention portée aux provinces touchées par des catastrophes naturelles ;

-       en encourageant la participation des jeunes dans tous les domaines de la vie nationale ;

-       en intensifiant la lutte idéologique, culturelle et communicationnelle, et

-       en défendant la vérité sur Cuba face à la manipulation et à la désinformation.

Cette période sera également consacrée à la conclusion du débat populaire sur le Programme de gouvernement visant à le renforcer, et nous continuerons à mettre en œuvre les actions nécessaires pour atteindre ses objectifs.

En outre, nous continuerons à travailler à l'élaboration des documents qui, après consultation populaire, seront débattus au Congrès, lesquels sont déjà bien avancés.

Nous clôturons cette session avec la conviction que l'Assemblée nationale a été et sera à la hauteur de sa responsabilité historique (Applaudissements).

Il nous appartient maintenant de transformer en actes ce que nous avons adopté ici. Chaque loi, chaque plan et chaque budget doit être traduit par des actions concrètes dans la vie des gens. La science et l'innovation doivent être traduites par des solutions concrètes et l'économie doit retrouver sa vitalité sans renoncer à la justice sociale.

Nous ne devons jamais négliger l'unité, « la prunelle de nos yeux », comme l'a appelée le général d'armée et leader de la Révolution, le compañero Raul. C'est notre plus grande force face à toutes les menaces.

Nous avons confiance en notre capacité à mener l'offensive révolutionnaire, en notre résistance et en notre créativité, et personne ne pourra nous vaincre (Applaudissements). Comme je l'ai dit lors du 11e Plénum, le plus grand gain réside dans la qualité des discussions et dans la manière supérieure d'aborder les problèmes lorsqu'on les touche de près. Nous nous consacrons pleinement à la résolution de ces problèmes et traçons la voie pour les surmonter.

Les décisions que nous prenons ne peuvent se limiter à des résumés dans la presse. Elles se traduiront par une amélioration de la vie quotidienne du pays.

Ce sera la véritable preuve de l'engagement partagé et assumé, la véritable mesure de la force transformatrice de ce Parlement et de la vitalité de la Révolution cubaine.

Ici, à l'Assemblée nationale, l'Assemblée du peuple cubain, avec ses jeunes talents, ses femmes et ses hommes issus des professions et des métiers les plus divers, blancs, noirs, métisses, aguerris au cours de mille batailles, critiques et engagés, bat le cœur de la Révolution cubaine, vivante et active ! (Applaudissements.)

La plus grande preuve de son existence, c’est précisément la détermination résolue de ses ennemis à l'étouffer et à la détruire jusqu'à ses fondements les plus profonds.

Cette Assemblée a l'honneur de présenter une proposition d'une signification patriotique profonde et révolutionnaire. Inspirés par l'héritage éternel de notre guide et par l'appel à l'unité et à la continuité, reprenant le sentiment exprimé en ces temps par plusieurs compatriotes, compañero président Lazo, nous proposons que l'année 2026 soit officiellement proclamée « Année du centenaire du commandant en chef Fidel Castro Ruz » (Applaudissements prolongés).

Ce sera l'année pour étudier plus en profondeur sa pensée, pour imiter son exemple de travail infatigable, de fidélité aux principes et de confiance absolue dans le peuple et dans la victoire des idées.

Faisons en sorte que chaque tâche que nous entreprendrons en 2026, des transformations économiques les plus complexes au plus simple geste de solidarité, soit imprégnée de l'esprit de lutte de Fidel, de son amour profond pour le peuple et de son engagement inébranlable en faveur de la justice sociale.

Ce sera la manière la plus cohérente d'honorer l'homme dont le centenaire nous invite à être meilleurs, à défendre nos conquêtes et à construire l'avenir avec optimisme.

Nous quittons cette session avec des mandats précis et une immense responsabilité. Le chemin n'est pas facile, mais c'est le nôtre, celui que nous avons choisi avec souveraineté et dignité. La clé est de faire de chaque problème une solution, de chaque limitation une raison de créer et de chaque menace une raison de nous unir davantage.

Nous ne baisserons pas la garde. Nous approfondirons la bataille idéologique et culturelle, nous défendrons nos acquis et nous travaillerons sans relâche pour le pays souverain et prospère que mérite ce peuple.

La tâche est complexe, mais la volonté de ce peuple est invincible.

L'Assemblée nationale, unie dans la volonté de sauver l'indépendance, la souveraineté et la Révolution des nombreux dangers qui nous guettent aujourd'hui, ne peut être séparée de l'Histoire qui nous a amenés jusqu'ici, en surmontant des épreuves qui semblaient impossibles.

Disons-le haut et fort, avec la conviction de ce 18 décembre 1956, lorsque les deux frères se sont embrassés et, après avoir compté les quelques survivants et les rares fusils réunis dans ces retrouvailles, le frère aîné a déclaré sans l'ombre d'un doute : « Maintenant, oui, nous avons gagné la guerre ! » (Applaudissements.)

Et aujourd'hui, ici, nous le réaffirmons : « maintenant, oui, nous avons gagné la guerre ! » (Applaudissements.)

Ce peuple est le peuple de Fidel et de Raul : vainqueurs de l'impossible !

Que 2026, année du centenaire du commandant en chef Fidel Castro Ruz, nous trouve en lutte et plus unis que jamais !

Vive Cuba Libre ! (Exclamations : « Vive ! »)

Vive la Révolution ! (Exclamations : « Vive ! »)

Vive Fidel et Raul ! (Exclamations : « Vive ! »)

Le socialisme ou la mort !

Patria o muerte !

Venceremos !

(Ovation.)

Il est indispensable de réduire la distance entre la recherche et la production : université-entreprise-province doivent faire partie du même cycle d'innovation. Photo: Mailenys Oliva Ferrales
Personne à Cuba n'a besoin qu'on lui explique que l'économie est sous tension : on le ressent dans les files d'attente, dans son portefeuille, dans les coupures d'électricité, dans le bus qui n’arrive pas et dans le prix des denrées alimentaires qui augmente. Photo: Juvenal Balán
« Donner la priorité à la production alimentaire, en supprimant les entraves, en garantissant les intrants de base et, surtout, en créant de réelles incitations pour les producteurs étatiques et non étatiques ». Photo: Julio Martínez Molina
La transition des subventions aux produits vers les subventions aux personnes doit se faire avec prudence, transparence et participation, afin de ne laisser personne à l’abandon. Photo: Ricardo López Hevia