
Lire serait-il à la mode ? Les foires du livre se succèdent dans le monde en dépit de l’influence des nouvelles technologies numériques. On prétendait qu’elles représentaient un danger pour l’habitude de tenir un livre entre ses mains. Il y a de cela des années et le livre reste toujours un objet désiré.
Certes, la vente de livres est en recul, dans certains pays parce qu’ils sont trop chers, dans d’autres parce qu’il y en a peu. À Cuba, même lorsqu’il s’agit de résoudre ces problèmes, le livre paraît bien lointain. Mais lorsque le mois de février approche… on peut dire que les lecteurs se comptent par mil-liers.
La forteresse San Carlos de la Cabaña est comme l’an dernier le siège de la Foire internationale du livre de La Havane, qui se déroule du 11 au 21 février, et comme à Cuba il existe une sorte de fétichisme concernant les nombres terminés par 0 ou par 5, tout le monde considère que cette 25e édition aura un caractère spécial.
Lors d’une longue conférence de presse à la salle Che Guevara de la Casa de las Américas, les principaux responsables de l’Institut cubain du livre (ICL), attribuent ce succès à l’existence « d’un public avide et averti » et au fait que la fête du livre et de la littérature « ouvre des espaces aux affaires avec des agents littéraires, des groupes de distributeurs et des éditeurs étrangers ».
Parmi les nouveautés, par exemple, Edel Morales, vice-président des Relations internationales de l’ICL, a expliqué qu’à cette occasion, la grande librairie a disparu – ce qu’il faudra évaluer – pour laisser place à un contact plus direct entre le public et les éditeurs. Les grandes maisons d’éditions sont installées sous des chapiteaux sur les vastes espaces de la Cabaña et d’autres dans leur propre siège.
70 maisons d’éditions cubaines seront présentes, avec une grande diversité de thèmes et de genres. 916 titres nouveaux seront proposés, et 3 360 000 exemplaires mis en vente.
Zuleica Romay, présidente de l’ICL, a précisé cependant que le nombre de livres s’élève à 2 000 titres, car en dehors des nouveautés, les maisons d’éditions présentent d’autres livres de leur catalogue.
Un salon professionnel sera réservé aux échanges d’affaires et une Rencontre des maisons d’édition accueillera 67 participants.
Morales a décrit cette Foire du livre en chiffres : 37 pays, 317 participants dont 175 auteurs et 44 artistes d’autres disciplines.
L’URUGUAY À L’HONNEUR
Le pavillon de l’Uruguay, pays invité d’honneur, porte le nom de l’écrivain Eduardo Galeano (Montevideo 1940-2015). Concernant les livres d’auteurs uruguayens, Juan Rodriguez, vice-président éditorial de l’ICL, a déclaré que 31 titres ont été édités à Cuba, dont des romans, des contes, des livres pour la jeunesse, avec un tirage de 120 000 exemplaires.
On peut découvrir parmi ces livres, les romans Goma de mascar, de Rafael Courtoise, Ojos que no ven, de Vicente Battista, les contes Terribles ojos verdes y otras historias, de Mario Delgado, Anacondas y otros relatos, d’Horacio Quiroga et El hombre que fue Yacaré, de l’Argentine Stella Calloni (tous aux éditions Arte y literatura), Cuentas de terror para Franco, de Hugo Mitoire (Gente Nueva), Las cenizas del Condor, de Fernando Butazzoni, et El rastro de la serpiente, de Laura Escudero (les deux aux Éditions Casa de las Américas)
Les éditions uruguayennes viennent à La Havane avec des titres comme Ariel, de José Enrique Rodo (Nuevo Milenio), Alfredo Zitarrosa, la biografia, de Guillermo Pellegrino, Trilogia de la Revolucion, de Santiago Sanguinetti (les deux à Estuario Editora) et Intro, de Fernando Cabrera (Ayui-Tacuabé).
L’Uruguay présente aussi des films : Jamas, lei a Onetti, un documentaire de Pablo Dorta ; de théâtre : Nuremberg, un monologue, dirigé par Santiago Sanguinetti ; Kassandra, dirigée par Sergio Blanco et Potencialmente Haydée, un spectacle en solo de l’actrice uruguayenne Federica Presa, avec une mise en scène et une direction de Patricio Ruiz ; des expositions, Un simple ciudadano, de José Artigas et de la musique, avec un concert de Daniel Viglietti et un gala au théâtre Mella.
HOMMAGES

À la salle Villena de l’Union des écrivains et des artistes de Cuba (Uneac), le poète et essayiste Roberto Fernandez Retamar donnera une conférence sur Ruben Dario à l’occasion du 100e anniversaire de la mort du grand poète, représentant du modernisme en langue espagnole et sera présenté le livre La paloma de Venus (édition Arte y literatura), alors que dans la salle Carpentier sera fêté le centième anniversaire de la naissance du Cubain José Soler Puig, avec une conférence sur son œuvre et la réédition de ses livres El pan dormido et El derrumbe.
En plus de ces manifestations, l’Université de La Havane organise le symposium El Inca gracilazo a los 400 años de su muerte y su presencia en la literatura peruana actual, un événement de très haut niveau. Le Centre d’études José Marti a prévu un colloque sur notre Héros National et la présentation de titres comme José Marti : consul de la Republica oriental del Uruguay, un ouvrage écrit par plusieurs auteurs, et Indagacion de universos. Los cuardenos de apuntes, de José Marti (tous du Centre d’études José Marti).
Parmi tous les événements de la Foire, signalons le Séminaire international Les 130 ans d’abolition de l’esclavage à Cuba, qui aura lieu à la Casa de las Américas, en préambule au récent Programme des études de l’AfroAmérique crée par cette institution.
TESORO DE PAPEL et GENTE NUEVA
La littérature de jeunesse occupe toujours un espace important à la Cabaña, à la salle Dora Alonso et au salon Tesoro de papel, avec la présentation de nombreux livres, de la musique et du théâtre. Pour la grande fête des lettres à Cuba, l’édition Gente Nueva a préparé des activités et présente un catalogue de 130 titres.
De nouveaux titres comme Tengo una muñeca, une autre édition de Los zapaticos de rosa, de José Marti, et La media vuelta, la vuelta entera, d’Alberto Peraza. De même, dans sa collection Tesoro-Ballet, Gente Nueva a produit Carmen, La bella durmiente en el central Park et El fantasma de la opera (Le fantôme de l’opéra) de Gretel.

Pour fêter l’Uruguay : Cuentos de la selva, d’Horacio Quiroga. C’est un vaste catalogue avec une grande variété de titres comme, La princesa cimarrona, d’Iliana Nuñez Rodriguez, Las estrellas del general Quintin Bandera, d’Omar Felipe Mauri, Un viaje por el Caribe, de l’auteur cubano-nord-américain Mario Picallo et Alguien viene de la niebla ; Antologia de los premios Andersen, d’Enrique Pérez Diaz.
Si vous cherchez un livre spécifique, vous avez de nombreuses possibilités, mais il vous faut parcourir les grands espaces de La Cabaña…. siège principal de la Foire internationale du livre de La Havane.