ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN

À l'occasion du 50e anniversaire du mouvement musical de la Nueva Trova (Nouvelle chanson traditionnelle), un groupe d’une très grande importance perdure parmi les exemples remarquables de cette époque. Le 7 octobre, lorsque le groupe Moncada a commémoré ses cinq décennies d'existence, nous lui avons rendu hommage pour sa trajectoire qui, en tant qu'événement musical, a eu un impact significatif sur la force de notre sentiment national au niveau culturel.
L'approche de cette œuvre ne peut pas se limiter à la seule somme de ses nombreux succès, mais à la manière dont ces chansons sont restées ancrées en nous. Porteuses de valeurs éthiques et esthétiques, inhérentes aux principes inspirateurs de ce mouvement emblématique, ces chansons sont validées aussi bien par la tradition que par le dynamisme du son paysan El pasito de la bibijagua, tandis que Yo te queria, Maria et Hoy es siempre todavia, témoignent d’une plus grande contemporanéité au sein de ce projet sonore où les différents styles coexistent dans la plus grande harmonie.
Dans le contexte de la musique populaire contemporaine, où le pouvoir écrasant du marché prétend choisir les « gagnants » parmi les musiciens qui se plient à la vulgarité et au mauvais goût, avoir habilement évité de telles conditions adverses pendant une si longue période est un mérite que le groupe Moncada a su endosser avec une élégance raffinée.
Il suffit de se souvenir des voix d'Alberto Faya ou d'Augusto Enriquez, d'Alexis Morejon et de Tony Luis Gonzalez, ou même de celle du chanteur principal actuel, Duani Ramos, pour comprendre cette polyvalence – si bien accueillie dans leurs concerts – qui leur permet de combiner, à partir d'une chanson au fort message idéologique comme Crecerá, la déclaration d'amour de Tu mirada, et de continuer avec l'intensité explosive de Gallo de pelea. Depuis 50 ans, différents musiciens ont laissé la marque de leur passage par Moncada, un réservoir naturel d'où sont sorties des personnalités exceptionnelles dans des professions diverses, comme le psychologue Manuel Calviño, l'interprète David Blanco et un chanteur de pure souche du groupe Van Van comme Mayito Rivera. Et comme il est évident, à ce moment du récit, le souvenir d'un musicien qui pendant 48 ans a fait partie du groupe, appelé par ses collègues Pedro el Gordo, l'ineffable Pedro Trujillo, nous apparaît dans toute son humanité physique et spirituelle.
Aujourd'hui, nous sommes reconnaissants d'avoir la possibilité de les ressentir comme une partie importante des chroniques de la vie de ce peuple, et nous applaudissons Jorge Gomez, son directeur. Jorge a toujours fait preuve d'une confiance obstinée dans ce projet, fort de posséder la clairvoyance nécessaire pour savoir vers où se diriger à chaque époque, sans que les changements opportuns impliquent une négation de ces postulats qui, dans un lointain octobre 1972, ont inspiré ce groupe de jeunes musiciens déterminés à atteindre un statut de valeur patrimoniale dans la culture cubaine.