
Pourquoi le président du Comité international olympique (CIO) a-t-il affirmé que si les Jeux olympiques de Tokyo n'ont pas lieu en 2021, ils seront définitivement annulés ?
Bien que la nouvelle du report à juillet de l'année prochaine ait été annoncée en mars, c'est maintenant – alors qu’il n’existe toujours pas de vaccin contre la covid-19 qui continue sa progression dans plusieurs pays, comme les États-Unis, le Brésil et le Chili, et que l'Organisation mondiale de la santé met en garde contre un excès de confiance face à la maladie – que les questions deviennent plus sérieuses, allant jusqu’à mettre en doute la tenue du grand rendez-vous sportif à la date fixée.
Dans ce concert sportif élitiste, on assiste à une véritable danse des millions. Il y a 21 ans, le leader de la Révolution cubaine, Fidel Castro, avait fait observer comment la méthode d'attribution du lieu d'un événement de ce genre était conçue de manière exponentielle et progressive, comme une mise aux enchères « où le pays qui a le plus d'argent et qui offre le plus de choses a une chance de l’obtenir ».
À titre d’exemple, signalons que le coût des Jeux de Tokyo est estimé à 12 milliards d'euros, répartis entre les investissements réalisés par la ville hôte (5,037 milliards), le comité d'organisation (5,087 milliards) et le gouvernement central (1,265 milliard). Un nouveau report rendrait ces chiffres encore plus fabuleux. Ajoutons à cela que Tokyo-2020 était appelée à devenir le plus grand événement sportif de l'histoire, avec un investissement des sponsors estimé à environ 25 milliards de dollars, tandis que les entreprises japonaises et d'autres sociétés internationales tablaient sur des recettes de plus de 3,1 milliards de dollars. Les économistes de Nomura, la plus grande maison de courtage du Japon, considèrent que l'annulation des Jeux affecterait la confiance des consommateurs japonais et priverait le pays de 2 milliards d'euros issus des recettes de billetterie procurées par les spectateurs étrangers.
Parmi les raisons avancées dans ses déclarations par le patron de l'organisme international de l'Olympisme, Thomas Bach, on pourrait ajouter le nombre de personnes employées indirectement. Un événement sportif de cette envergure exige de 3 000 à 5 000 de ces postes, si bien qu’un nouveau report serait impossible.
Aux critères économiques s'ajoutent des facteurs sportifs, qui ont aujourd'hui un grand impact sur le calendrier international, notamment au regard de l'éligibilité, par âge, de certaines disciplines, comme la gymnastique et le football. Pour être inscrits, les gymnastes rythmiques devaient avoir 16 ans l'année des Jeux, c'est-à-dire en 2020. Dans le cas du football, le CIO n'autorise que les joueurs de moins de 23 ans à prendre part à la compétition. Selon le système de classification de la FIFA, les sportifs nés après le 1er janvier 1997 peuvent être appelés en équipe nationale, de sorte que ceux qui auront 24 ans en 2021 pourront aller à Tokyo, si leur entraîneur le souhaite.
Bien sûr, la grande fête mondiale du sport serait un cadeau après toutes ces journées de tension, mais aujourd'hui, les Jeux de Tokyo suscitent davantage d’interrogations que de pronostics de médailles. Ce qui ne doit pas faire de doute, c'est que rien n'est plus important que la vie, plus que les médailles et les émotions que nous font vivre ces compétitions, et plus que les millions qu’elles brassent. La santé et la sécurité des sportifs, des supporters et de toutes les personnes impliquées doivent constituer des priorités.
Autrement, les Jeux olympiques peuvent attendre. La vie, non !