
Notre baseball se doit de ressembler au pays dans lequel, en raison de sa dimension culturelle, de ses connaissances et des pratiques qui y sont associées, il vient d 'être déclaré Patrimoine culturel de la Nation. Il doit être comme son peuple, qui ne renonce pas à son développement, en dépit du blocus de l'empire le plus puissant de l'histoire et de ses mesures coercitives venues l'intensifier.
C'est pourquoi il ne peut se dissocier du projet de pays que nous construisons, inscrit dans notre Constitution et exprimé dans le modèle de développement économique et social qu'il mène. Autrement, il sera difficile de marquer le point de la victoire.
Comme dans tous les sports d'équipe, en baseball il est important de jouer beaucoup de matches, plus que dans d’autres disciplines, car les niveaux d'interprétation de ses règles doivent être acquis dès le plus jeune âge, et le corps normatif est complexe, et dicte l'ordre tactique en vue de la victoire. Sans plus attendre, il faut être prêt à répondre tout de suite à l’appel du terrain.
UN TRAVAIL AU NIVEAU COMMUNAUTAIRE
Aujourd'hui, l'activité compétitive à Cuba se concentre sur le championnat national, qui est l'événement de plus haut niveau, mais a-t-il la qualité requise ? Un haut niveau de compétition - et cela a déjà été prouvé chez les première, deuxième et troisième catégories - est directement proportionnel au développement des différents niveaux de la société, ce qui ne peut être atteint qu'avec de longs calendriers de compétition dans ce que nous appelons la base.
La municipalité est la cellule mère, il en va de même pour le baseball. Le président Diaz-Canel a insisté sur ce concept : « Tout ce que nous faisons doit être articulé au niveau communautaire. La vie nous montre que c'est la structure principale que nous devons renforcer, celle vers laquelle nous devons nous orienter pour mettre en œuvre ce que nous avons proposé, et pour obtenir des résultats. »
Dans ces territoires, il n'y a presque pas des compétitions de baseball, et les championnats provinciaux (en général uniquement dans la catégorie senior), lorsqu'ils ont lieu, passent par les mille et une nuits, car les principaux efforts sont consacrés à l'équipe nationale qui participera à la Série nationale, fracturant ainsi la participation communautaire, essentielle pour la détection des talents. Aujourd'hui, en baseball, nous avons des championnats nationaux U-12, U-15, U-18 et U-23, avec de maigres calendriers qui dépassent à peine 36 matchs. Dans la Série nationale prévoit 90 matches et regroupe16 équipes, plus les matchs de play-off, avec de maigres résultats, car elle n'a nulle part où puiser et, par conséquent, une mauvaise saison entraîne de mauvais résultats sur une scène internationale toujours plus exigeante.
L'institution la plus importante pour le sport, la science et la culture se trouve dans la municipalité : l'école. Elles sont situées dans les conseils populaires, qui sont au nombre de 1 401 dans l’ensemble du pays, selon le Parlement cubain. Dans leurs salles de classe se trouve l'avenir, et aussi celui du baseball. Le développement d'un mouvement scolaire compétitif à tous les niveaux d'enseignement, responsabilisant la communauté, serait une source inépuisable pour nos saisons d'élite, profitant de la sage décision, prise il y a quelques années, selon laquelle le baseball doit être inclus dans les activités d’éducation physique du programme scolaire.
Il y a toutes les catégories, des minimes aux juniors, qui passent quelque 43 semaines dans leur période scolaire. Si l'on prenait 34 samedis et dimanches, d'octobre à mai, avec trois matchs de baseball (à sept manches, ou à cinq pour les plus petits), près d'une centaine de rencontres seraient disputées le week-end dans chaque école. Il n'y aurait pas besoin de transport, ni de logement, ni de repas, puisque le lieu de rencontre serait la communauté, avec les futurs Antonio Muñoz, Braudilio Vinent ou Omar Linares…
L'ÉQUIPE DE MON ÉCOLE
Il pourrait y avoir une étape où chaque école aurait sa propre équipe et jouerait pour le titre du conseil populaire (par exemple, d'octobre à janvier, en quelque 17 semaines, avec 50 matches), puis, de février à mai (16 semaines, avec 48 rencontres), les vainqueurs iraient briguer le titre municipal, de sorte qu'après les examens de fin d'année, lors de la première semaine de vacances, en juillet, le champion provincial serait connu. Chaque territoire adapterait son calendrier à ses particularités, mais les garçons qui accèderaient à la Série nationales, issus de cette grande pépinière, après être passés par les U-23, compteraient déjà plus de 700 matchs à leur actif.
Les jeunes des écoles de sports (eide) y participeraient également, concourant pour l'école où ils ont été recrutés, et les entraîneurs pourraient d'évaluer les qualités de ce grand univers. Les coaches ? Qui de mieux que le professeur d'éducation physique ?
Certes, il faut des battes, des gants et des balles pour mener à bien cette entreprise, même si l'équipement des catégories inférieures ne répond pas aux exigences du tournoi d'élite, ce qui pourrait réduire les coûts, qui seraient plus bas si les productions locales contribuaient à ce processus, une expérience habituelle dans de nombreuses provinces, et qui a aujourd’hui disparu. Mais nous parlons d'un mouvement sportif dans le socialisme qui suppose l'intégration de toutes ses forces, de la municipalité à la nation, dans le cadre d’un véritable travail de masses, dont le sport fait partie, et ne constitue pas une exception.
La Série nationale, selon la Fédération cubaine, a un coût compris entre 1,4 et 1,5 million de pesos, répartis entre 16 équipes, sans la qualité nécessaire. Si notre championnat était organisé en fonction de cette somme, il faudrait penser à six équipes, diminuer le montant dépensé et relever le niveau, en incluant une meilleure prise en charge (rémunération, conditions des stades, vestiaires, transport et autres) pour les joueurs, ainsi que des incitations pour valoriser la pépinière du championnat national : le travail à la base et la participation.
Nous devrions revenir à Fidel, lorsque le 24 août 2008, dans sa réflexion Médaillé d’or : l’honneur !, il signalait : « Révisons chaque discipline, chaque ressource humaine et matérielle que nous consacrons au sport. Mais je pense qu’il vaut mieux concourir dans le pays et à l’étranger, faire face à toutes les difficultés et mieux utiliser toutes les ressources humaines et matérielles disponibles. »
Défendre les drapeaux de l'école, du conseil, qui est la communauté, et celui de leur municipalité, tout en contribuant à constituer un réservoir inépuisable de talents, telle est la première leçon sur la façon de représenter les valeurs patriotiques, et le moyen pour le quartier d'être aussi l'équipe nationale de Cuba.