ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Si nous voulons avoir des sprinters, nous devons découvrir le talent dans l'activité, dans la course, et pour ce faire, la compétition à tous les niveaux est vitale,

Cuba pourrait-elle avoir son Usain Bolt ? Je sais qu'il est difficile de répondre par l'affirmative, surtout au vu de la grandeur de l'invincible Jamaïcain. Mais si nous adhérons aux postulats du mouvement sportif, dont l'essence est la participation et dont le centre est l'école, l'institution la plus importante pour le développement du pays, nous nous rapprocherons de l'objectif.
Nous avons déjà eu un sprinter hors pair, comme c'était Silvio Leonard, qui a détenu la deuxième meilleure performance au cent mètres. Il l'avait réalisé lors de la Copa America, à Guadalajara, le 11 août 1977, avec un chrono 9,98 secondes, très proche du record mondial de l'époque, 9,95, de James Hine, des États-Unis, aux Jeux olympiques de 1968.
Au cours d'un autre mois d'août, le 12 1982, nous avons assisté à l'un des 400 mètres les plus rapides jamais courus, mais pas depuis un starting-block. Alberto Juantorena effaçait une différence près de 40 mètres pour couronner Cuba au 800 mètres aux Jeux d'Amérique centrale et des Caraïbes de cette année-là.
Comment retrouver un Leonard ou un Juantorena ? La réponse réside dans l'existence d'un mouvement motivant, fondé sur une stratégie participative et durable en termes de ressources économiques et humaines. En d'autres termes, scientifique.
La vitesse, contrairement à l'endurance et à la force, doit commencer à être cultivée dès le plus jeune âge, entre neuf et douze ans, car l'organisme est mieux à même de mobiliser le système nerveux ; il doit s'agir d'un processus de développement systématique, car cette capacité motrice diminue rapidement.
Si nous voulons avoir des sprinters, nous devons voir le talent dans l'activité, dans la course, et pour cela, la compétition à tous les niveaux est vitale. Si nous nous bornons à attendre les Jeux scolaires, nous n'aurons que cette seule compétition, avec les jeunes des Écoles de sport (eide), et nous perdrons la possibilité de tomber sur un Leonard ou un Juantorena.
En 2021, selon le Bureau national des statistiques et de l'information, Cuba comptait 7 000 écoles primaires. Si chacune d'entre elle génère un mouvement de compétition pour faire émerger les élèves de quatrième, cinquième et sixième année les plus rapides, et qu'ensuite - représentant leur école - ils concourent au conseil populaire, de sorte qu'ils puissent continuer à évoluer dans leur municipalité et finissent au niveau de la province, les bolides pourraient revenir. Une finale nationale pourrait être organisée, avec les trois premiers de ces niveaux à l’échelle provinciale. Point besoin de stade, de chaussures Nike ou de blocs de départ, juste la rue de l'école et 60 mètres pour la course…
Beaucoup se demandent si les Jamaïcains n'ont pas quelque chose de génétique qui les favorise. Des études ont été réalisées, mais aucune de manière concluante. Une étude a révélé que 70 % d'entre eux présentaient une forte variation du gène actn3, qui produit une protéine dans les fibres musculaires à contraction rapide associée à des performances explosives. Mais des recherches plus approfondies ont révélé que le même gène se trouvait, dans des pourcentages plus élevés, chez les Kenyans, et leurs athlètes sont des spécialistes des épreuves d'endurance.
Pour Bolt, la clé réside dans la compétition, les championnats pour enfants en Jamaïque, auxquels assistent 30 000 personnes et qui sont diffusés dans tout le pays. « Ils aident les enfants à s'efforcer d'être les meilleurs », a-t-il déclaré.
Nous avons les écoles ; le professeur d'éducation physique, qui est irremplaçable ; Enrique Figuerola, le premier médaillé olympique du mouvement sportif cubain, précisément sur 100 mètres, à Tokyo 1964 ; le professeur Lazaro Betancourt, un spécialiste de la détection des talents en athlétisme. Ils peuvent mettre leur expérience au service de la formation des nouveaux entraîneurs.
Et puis il y a Juantorena, qui a déclaré en avril dernier à son collègue Edmundo Alemany du journal Guerrillero de Pinar del Rio : « Nous devons trouver ces sprinters. Je suis issu des cours d'éducation physique de mon école, Rafael Maria de Mendive ; j'ai pratiqué tous les sports possibles : basket, baseball, football… C'est ainsi qu’émergent les champions, avec le professeur d'éducation physique lié à l'entraîneur de base. »