
Ce n'est pas une cabale, mais cela fonctionne. Aujourd'hui, il reste une centaine de jours avant que Paris n'accueille le monde pour la 33e édition des Jeux olympiques. Pour la troisième fois de son histoire, la capitale française accueille les Jeux d’été, après 1900 et 1924.
C'est aussi il y a cent ans, dans la même Ville Lumière, que fut lancée la devise « Citius, Altius, Fortius » (plus vite, plus haut, plus fort), dans laquelle son auteur, le père Henri Didon - grand ami du restaurateur des Jeux, Pierre de Coubertin - n'appelait pas à aller plus vite, à sauter à des hauteurs insoupçonnées, ou à soulever plus de poids. Cette phrase est une invitation aux athlètes à viser l'excellence personnelle dans tout ce qu'ils entreprennent.
En 2021, le Comité international olympique (CIO) a ajouté, dans le même esprit, le mot « Ensemble », afin que la jeunesse du monde, unie, poursuive le même but. Le centenaire est à l'origine de cette rubrique qui se propose de retracer le parcours passionnant des Jeux olympiques modernes.
Lorsque l'on parle de passion, il faut noter que c'est au Baron de Coubertin que l'on doit celles vécues il y a 128 ans. Il a ramené les Jeux olympiques dans le monde de l'ère moderne, les faisant voyager du monde hellénique au XIXe siècle, après 1 503 ans.
Il se spécialisa en pédagogie, en philosophie et en histoire, refusant la carrière militaire que son père lui destinait ; malgré son voyage en Angleterre, où il fut impressionné par l'école de rugby de Thomas Arnold et par l'importance accordée à l'activité physique dans ce pays ; et malgré ses études, voire son idolâtrie, du monde de la Grèce antique et de ses Jeux, il dut surmonter de nombreux obstacles.
Son idée de faire revivre les Jeux Olympiques était perçue comme utopique et irréaliste. Les opposants ne comprenaient pas que le sport pouvait être un moyen d'union fraternelle entre les peuples. Il persévéra néanmoins lors de ce congrès dit olympique, du 16 au 24 juin à la Sorbonne, devant 78 délégués de 13 pays, et obtint la création du CIO.
C'est sur sa proposition que fut élu son premier président, le Grec Demetrius Vikelas, qui réussit à faire renaître les Jeux et, contrairement à ceux de l'Antiquité, à ne pas avoir un siège unique, comme c'était le cas à l'époque d'Olympie, afin de parvenir à une véritable internationalisation des Jeux. Mais la périodicité fut maintenue : tous les quatre ans.
Cette décision répondait à son respect pour le monde hellénique, dont les calendriers reprenaient le système de datation utilisé par les anciens Grecs, basé sur l'intervalle de quatre ans entre la célébration de deux Jeux Olympiques de l’époque antique. C'est pourquoi, bien que l’Académie Royale Espagnole de la Langue accepte le terme « olimpiada » comme synonyme de Jeux olympiques, il ne s'agit pas de la même chose.
La Charte olympique, qui préside aux destinées de l'Olympisme, stipule, dans la Règle 6, que les Jeux Olympiques et l'Olympiade ne sont pas la même chose. Au premier paragraphe, elle précise : « Une Olympiade est une période de quatre années civiles consécutives, commençant le 1er janvier de la première année et se terminant le 31 décembre de la quatrième année » ; et au deuxième paragraphe, que « les Jeux Olympiques se comptent à partir des premiers Jeux de l'Olympiade célébrés à Athènes en 1896 ». En d'autres termes, Paris-2024 sera la 33e Olympiade de l'ère moderne.
Son attachement à la Grèce antique amena Pierre de Coubertin à restaurer les Jeux à l'image et à la ressemblance de ceux qui avaient duré près de 12 siècles, de 776 avant J.-C. à 393 après J.-C.. Par exemple, lors des premiers Jeux, les femmes n'étaient pas autorisées à participer, et ceux qui débutèrent à Athènes en 1896 n'en comptaient pas non plus.
Les femmes sont présentes pour la première fois lors des 2e Jeux, à Paris-1900, Le pédagogue, philosophe et historien doit être reconnu non seulement pour avoir fait renaître les Jeux Olympiques modernes, mais aussi pour son objectif suprême : établir un programme éducatif qui inclurait l'éducation physique dans l'éducation intégrale des jeunes.