ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Voilà la cime où il faut revenir. Photo: Getty Images

• « L’absence de Cuba se fait ressentir dans l’élite mondiale du volley-ball féminin ». Cette affirmation aurait pu témoigner, tout naturellement, du sentiment de n’importe quel habitant de la merveilleuse géographie de notre Île. Cependant, c’est le monde entier qui vit dans la nostalgie de la magie des « Morenas del caribe », les légendaires joueuses des années glorieuses du volley cubain, qui ont offert des moments inoubliables aux passionnés de ce sport.
Or, ces propos ont été tenus par le Brésilien Fabio Azevedo, dont le pays joue un excellent volley-ball, et auquel nous sommes attachés par des liens multiples... Peut-être cette affirmation dénote-t-elle l’affection qui unit nos deux pays, ou le tempérament assez similaire de nos sportifs. Mais Azevedo est le président de la Fédération internationale de volley-ball (FIVB), et cette expression n’était nullement un compliment, ni due à un sentiment de nostalgie. Elle traduit ce que tout le monde pense : la planète volley a besoin de voir les joueurs cubaines de nouveau au sommet de leur art.
De ce témoignage, qui plus est confié au milieu de l’une des sessions de travail de la FIVB, le projet cubain Regresando a la cima (Retour au sommet) a commencé à prendre forme, avec le seul objectif que de ramener Cuba à son rang de grande puissance.
Le projet est piloté par la personne la mieux placée, qui n’est autre que l’ancienne capitaine des Morenas del Caribe, la meilleure attaquante de son époque, la fille à la détente hors du commun malgré sa taille, mais, et surtout, celle qui a le mieux interprété les instructions de l’entraîneur en chef Eugenio George, artisan de trois médailles d’or olympiques. Selon le sélectionneur de l’équipe nationale féminine, « Mireya Luis Hernandez joue un rôle très précieux dans la conception du volley-ball cubain et, en plus de son apport scientifique, elle lui confère quelque chose de particulier : l’essentiel de son contenu symbolique. C’était comme un papillon qui voletait de fleur en fleur, pollinisant chaque génération de volleyeuses. Elle a commencé avec la victoire de 1983 aux Jeux panaméricains de Caracas, et elle a aidé à former plusieurs générations jusqu’au troisième titre sous les cinq cerceaux à Sidney, en l’an 2000. »
Eugene George n’était pas un prophète, mais il semble qu’il a eu cette sorte de prémonition du moment qui s’annonçait, si bien qu’il l’a préparée à relever ce défi. Mireya Luis, que j’aime appeler « Luis III », en raison de son nom de famille, et du numéro 3 qu’Ana Ibis Diaz, une autre légende, portait avant elle quand elle a quitté les terrains, est l’actuelle vice-présidente de la FIVB.
– En quoi consiste le projet « Retour au sommet ?
– C’est l’intention de revenir au plus haut niveau, parmi les meilleures, car nous avons des jeunes qui ont fait preuve de beaucoup de talent, de combativité et d’une énorme envie de gagner. L’idée est d’en faire de futures championnes. Dans les années à venir, ce seront les futures Regla Torres, Regla Bell, Magalys Carvajal, Yumilka Ruiz, Tania Ortiz, Mercedes Pomares, Mamita Pérez, ou Imilsis Téllez, et toutes celles qui sont passées sous l’aile de l’entraîneur Eugenio.
– Comment pensez-vous vous y prendre ?
– Nous avons besoin de changer la mentalité, mais sur la base de l’unité, de la participation de toute la famille du volley-ball dans ce projet. Et cette mentalité doit être changée en tirant profit des meilleures connaissances, c’est pourquoi la FIVB et son département d’autonomisation ont nommé un entraîneur étranger et son staff à la tête de l’équipe nationale, auquel seront intégrés des techniciens cubains.
– Cuba, entre la fin des années 90 et le début des années 2000, était parvenue à s’emparer de la première place du classement mondial, en comptant les contributions des équipes masculine et féminine, est-il vraiment possible de remonter aussi haut ?
– Oui, j’en suis persuadée. Bien sûr, il nous faut travailler dur, et le projet comprend la direction de l’équipe nationale. Mais il ne faut pas oublier pas que celle-ci est tributaire de notre système de formation sportive chargé de former les jeunes joueuses. C’est pourquoi on y ajoute le remaniement de l’apprentissage en âge scolaire, c’est-à-dire dans les programmes des Écoles d’initiation sportive (EIDE), d’où il est essentiel que cette initiative comporte, comme l’un de ses axes stratégiques, la formation d’entraîneurs.
– Nous sommes aux portes d’un Championnat du monde... Ne pensez-vous pas que le fait d’être passées à côté des podiums au dernières compétitions régionale, a l’air de rendre cette aspiration un peu prétentieuse ?
– Je pense que c’est la meilleure chose qui pouvait arriver. Le fait que le groupe de travail puisse voir l’état actuel de ce dont nous disposons est la prémisse pour envisager ces horizons. Identifier les priorités et savoir que nous avons le matériel humain, qui, savamment guidé peut emprunter le chemin nous menant à un retour vers l’élite, est vital. Bien sûr, nous n’arriverons pas à la Coupe du monde dans une condition différente de celle affichée aujourd’hui, car il ne reste que quelques jours.
Ce que je peux affirmer, c’est que nos joueuses entameront le tournoi avec une autre mentalité. À présent, la préparation est intégrale, nous les avons suivies de près, en analysant les matchs, en participant à la construction de la victoire. C’est un point essentiel, car la communication avec les joueuses va définir le résultat, parce qu’elles sont les protagonistes. Un mot peut changer l’attitude d’un sportif, et même décupler ses qualités. À mon époque, nous savions très bien interpréter les paroles d’Eugenio George, les mots forts. Cela nous changeait, nous boostait....
– Alors, « Retour au sommet » est une sorte de projet de pays...
– Oui, c’est le projet du volley-ball cubain, pas d’une personne en particulier. Ce projet est fait pour la personne ayant envie de travailler, d’apprendre... C’est le projet de tous ceux qui, à l’instar des Morenas des Caraïbes, ne se sentent jamais vaincus. Il nous faut aller pas à pas, d’abord au niveau régional, et pour ce faire nous avons reçu un soutien précieux de la Norceca (Confédération de volley-ball d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes), et de son président, Cristobal Marte ;  ensuite sur le continent et finalement aux Championnats du monde et aux Jeux olympiques. Oui, nous avons du retard, mais  nous avons encore le temps. •