
CARTAGENA DE INDIAS, Colombie.— « La guerre est finie. Nous avons commencé à construire la paix. Cette deuxième chance sur Terre est bienvenue ! », a déclaré le lundi 26 septembre le commandant des FARC-EP, Timoleon Jiménez, à la cérémonie officielle de signature de l’Accord final de paix qui a mis un terme à un conflit vieux de plus de 50 ans dans ce pays.
En présence de plusieurs chefs d’État et de gouvernement de la région qui s’étaient rendus à Cartagena de Indias pour l’occasion, le chef des FARC a souligné que la paix en Colombie représente la paix pour Notre Amérique.
Il a souligné que les accords de paix adoptés pendant près de quatre ans de dialogues entamés à La Havane en novembre 2012 sont venus ratifier la déclaration adoptée au 2e Sommet de la CELAC (Communauté des États d’Amérique latine et de la Caraïbe), tenu dans la capitale cubaine et proclamant notre région comme Zone de paix.
Il a également exprimé ses remerciements au leader de la Révolution, Fidel Castro, et au général d’armée et président du Conseil d’État et du Conseil des ministres, Raul Castro, pour le rôle de Cuba dans les efforts de paix.
Le chef des FARC a aussi évoqué les démarches entreprises en ce sens par l’ancien président vénézuélien, Hugo Chavez, avant de remercier l’actuel président Nicolas Maduro, continuateur de l’œuvre de son prédécesseur.
Il a affirmé que la conclusion de l’Accord final était une victoire des FARC-EP, à l’instar de tous les processus précédents.
« Nous devons admettre que dans notre recherche d’une issue politique à ce conflit nous avons trouvé dans le président Juan Manuel Santos un interlocuteur courageux, capable de surmonter les pressions et les provocations », a-t-il ajouté.
« Ces accords représentent une bouffée d’air frais pour les plus pauvres en Colombie et pour les jeunes qui portent l’avenir de la patrie sur leurs épaules », a indiqué le commandant guérillero. « Cependant, le pas franchi par les forces de la guérilla ne signifie pas qu’elles aient renoncé aux idées qu’elles défendent. Nous avons tout simplement décidé de déplacer notre combat dans le domaine politique, de l’affrontement ouvert, à travers les idées », a-t-il dit.
Et d’ajouter : « La signature (de l’accord) ne veut pas dire que le capitalisme et le socialisme se sont réconciliés, en sanglotant dans les bras l’un de l’autre. Nous avons décidé de poursuivre notre combat frontal dans l’arène politique, sans violence », a-t-il souligné.
Le chef guérillero a signalé que « nos voix continueront de s’élever contre les injustices du capitalisme », et il s’est prononcé une nouvelle fois pour une réforme structurelle de la société colombienne afin d’éradiquer la pauvreté et les inégalités.
« Nous scellons aujourd’hui notre engagement de paix et de réconciliation », a-t-il souligné.
« La clé réside désormais dans la mise en œuvre des accords, de sorte que ce qui est écrit sur papier puisse prendre vie dans la réalité. Nous allons tenir notre engagement et nous espérons que le gouvernement en fera de même », a-t-il indiqué.
Plus loin, dans un moment particulièrement émouvant de son allocution, il a demandé pardon aux victimes au nom des FARC-EP « pour toutes les souffrances que nous ayons pu occasionner dans cette guerre ».
Et d’enchaîner : « Tous les peuples aiment leurs enfants et leurs souhaitent un avenir de paix. Tel est l’esprit qui a présidé à notre recherche constante », a dit Jiménez, qui a dédié ses premières paroles au peuple de Colombie « qui a toujours rêvé de ce jour sans jamais perdre l’espoir de construire la patrie de l’avenir ».
Concernant la 10e Conférence nationale de la guérilla, le chef des FARC a affirmé que cette rencontre avait ratifié à l’unanimité les Accords de La Havane. « Personne ne doit doute que nous ferons de la politique sans armes. Nous sommes prêts à désarmer, dans nos esprits et dans nos cœurs », s’est-il exclamé.
« À présent, tout ce qui a été convenu sera soumis à une vérification internationale », a-t-il précisé.
Plus loin, Timoleon Jiménez a indiqué que « la Colombie espère qu’avec la diminution des dépenses publiques destinées à la guerre, des enfants colombiens ne mourront plus de faim, de malnutrition ou de maladies curables ».
« Après les centaines de milliers de morts et les millions de victimes dans ce conflit, en paraphant ensemble ce document, j’aimerais vous dire, monsieur le président, plein d’émotion patriotique, que c’était bel et bien le voie indiquée, et elle le restera », s’est-il exclamé visiblement ému.
Le chef des FARC a rappelé que la clé du succès de cet accord réside dans sa mise en œuvre et dans l’exécution de tout ce qui a été convenu.
« Démocratie et dignité toujours et à jamais ! », a répété Jiménez à plusieurs reprises, avant de souligner que « l’ensemencement de la paix ne fait que commencer ».
Il a signalé que la Colombie évolue vers une politique sans armes, avant de demander à tous ses compatriotes à être prêts à désarmer, dans les esprits et dans les cœurs.
« Nous allons inaugurer une nouvelle ère de reconstruction, de réconciliation et de paix », a-t-il répété.
Dans son allocution, il a évoqué la mémoire de tous ceux qui étaient tombés dans la lutte, soulignant que d’autres peuples ont aussi besoin de paix, comme les peuples israélien, palestinien et syrien. (Rédaction internationale).






