À l’occasion d’un incident entre des navires militaires ukrainiens et russes, après le viol des règles de navigation internationales par la marine ukrainienne dans le détroit de Kertch – qui délimite les eaux de la mer d'Azov et celles de la mer Noire –, des facteurs externes tels que l'Organisation du traité l’Atlantique Nord (OTAN), les États-Unis et l’Union européenne ont pris position aux côtés l’Ukraine et ont menacé de prendre de nouvelles sanctions contre Moscou.
Rappelons que le président nord-américain Donald Trump, à bord de l’avion qui le conduisait au Sommet du G20, en Argentine (les 30 novembre et 1er décembre dernier), avait décidé d'annuler la rencontre convenue avec le président russe Vladimir Poutine, dans un tweet qui avait fait le tour du monde, selon le journal espagnol El País.
À cet égard, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a signalé le 30 novembre que le président Trump, avait annulé sa réunion avec son homologue russe en raison de la situation politique interne dans son pays et non à cause de l'incident survenu dans la mer Noire, rapporte la chaîne latino-américaine Telesur.
Quelques instants plus tôt, avant de quitter la Maison-Blanche Trump avait créé un autre front : il avait déclaré qu'ils étaient « très près » d’obtenir des progrès concernant la Chine, mais qu’il n'était pas certain de vouloir faire ce pas, les tarifs douaniers de sa guerre commerciale ayant rapporté « des milliards de dollars ».
C’est ainsi que Trump joue avec des sujets sensibles liés à la paix dans le monde et au développement harmonieux des relations internationales.
Qu’il s’agisse ou non de la montée d’un cran dans la campagne anti-russe, il semble que le président ukrainien Petro Porochenko ait tenté avec cette provocation d’obtenir le soutien de ses alliés et de créer un environnement favorable au plan interne, en vue de l’élection présidentielle prévue en mars 2019.
De l’avis du président russe Vladimir Poutine, Porochenko risque de « ne pas aller au second tour du scrutin, c’est pourquoi il doit faire quelque chose », ajoutant que c’est « un jeu pour attiser la tension, un jeu malhonnête à l’intérieur du pays pour faire pression sur ses opposants politiques ».
« Il y a des signaux clairs qu'il s'agissait d'une provocation préparée à l'avance et ensuite utilisée comme prétexte pour imposer la loi martiale dans le pays », aurait déclaré le président russe, selon Sputnik.
L’analyste Gustavo Morales Delgado considère quant à lui l’incident qui s’est produit dans le détroit de Kertch et a entraîné la capture de deux bateaux blindés d’artillerie et d’un remorqueur de la marine ukrainienne pour avoir pénétré dans les eaux territoriales russes proches de la Crimée comme le résultat d'un geste froidement calculé qui a connu le dénouement souhaité par le président Petro Porochenko, à des fins électoralistes.
L'Ukraine est devenue le fer de lance de l’Occident pour lancer des attaques contre Moscou et une « justification » pour permettre à l'OTAN de rapprocher de plus en plus ses missiles de la Russie. Ainsi, le complexe militaro-industriel étasunien peut se sentir vainqueur dans ce bras de fer et de ce fait augmenter ses ventes d’armes d’armements aux pays membres du bloc militaire.
Tout cela, le président ukrainien le sait très bien et, néanmoins, il a déclenché les alarmes sans s’interroger sur les éventuelles conséquences. Porochenko a été élu à la présidence en mai 2014. Une vague de manifestations organisée par les secteurs fascistes de l'opposition au président Viktor Ianoukovitch avait fait plus d’une centaine de morts et provoqué la sortie du chef de l'État.
C'était le moment attendu par Petro Porochenko, qui s'est senti en sécurité après l'annonce du soutien politique et financier des dirigeants de l'Union européenne et des États-Unis à son gouvernement.
Dans la région du Donbass, un référendum déclarait cette même année l'indépendance des provinces de Donetsk et de Lougansk et leur rattachement à la Russie. Et bien que les autorités de Moscou aient cherché un accord avec l'Ukraine par le biais du dialogue et les accords de Minsk, Kiev déploya des soldats dans cette région où les combats ont déjà coûté la vie à 10 000 personnes.
Entre-temps, la Crimée – où la Russie après la désintégration de l'Union soviétique a maintenu l'infrastructure de la Flotte de la mer Noire – et la ville de Sébastopol déclaraient leur indépendance de l'Ukraine, préalablement à la restauration de la Constitution de 1992, qui considérait la république comme un territoire souverain, avec sa propre nationalité et sa propre police.
Dans ce sens, les dirigeants de la République de Crimée, Sergueï Aksionov et Vladimir Konstantinov, le président Vladimir Poutine et le maire de Sébastopol, Alekseï Tchaly, ont signé le traité d'adhésion des nouveaux territoires à la Russie.
De pair avec les actions provocatrices contre Moscou et la difficile situation économique et sociale que connaît l'Ukraine, des informations ont circulé à propos de Porochenko, qui font état de son implication dans l’affaire des « Panama Papers », en tant que créateur d'une société offshore au moment même où la guerre faisait rage dans son pays.
Freedom House, une ONG nord-américaine, révélait : « En 2003, deux partis représentés à la Rada ukrainienne avaient demandé la démission de Porochenko, alors président de la commission du budget du Parlement, l'accusant de la perte de 47 millions de hryvnias (environ 8,9 millions d'euros) au budget de l’État.
» C’est cet homme qui aspire à être réélu président de l’Ukraine en 2019 et qui, soutenu par les États-Unis et les pays de l’Union européenne, déplace des pions dans un jeu d’échecs pouvant aboutir à une dangereuse confrontation.