
NOUS devons reconnaître qu’il y a une vérité – une fois n’est pas coutume – dans la plus récente diatribe de Donald Trump contre Cuba : nos médecins travaillent sans relâche et dans des conditions de vie souvent en dessous de la « normale » dans certains pays.
Il faut dire – et c’est là le détail –, comme dirait Cantinflas, que ce qu'il considère comme une honte est pour nous un honneur de solidarité et là où son œil acerbe voit de l'esclavage, notre regard amoureux perçoit l'engagement envers le patient qui en a le plus besoin. Parce que, soit-dit en passant, celui qui a veillé avec une efficacité ténébreuse à ce que les conditions de nos médecins et du peuple vénézuélien soient le plus « anormales » possible, ce n’est d’autre que le locataire de la Maison Blanche.
L’origine de cette agression, servie sur un plateau à la contre-révolution en col blanc installée au gouvernement des États-Unis – celle qui sait le mieux tirer les ficelles de la contre-révolution locale et domestiquée qui agit à Cuba et dans toute l'Amérique latine –, c’est l'ambition d’un nouveau mandat pour le millionnaire qui est arrivé au pouvoir par pur hasard et a posé son large postérieur sur ce fauteuil si cacophonique.
Trump veut rester à la tête du pays à partir de 2021 et au-delà. Donc, pour commencer sa campagne sur un bon pied, il n’a rien trouvé de mieux à faire que de cirer les pompes de cette partie de l'électorat de la Floride qui, pour une promesse quelconque d'attaque contre son pays d'origine, donnerait son vote au Diable en personne. Aussi, a-t-il commencé sa campagne tout récemment à Orlando, en agitant le vieux fantôme de la menace communiste avec l'espoir déclaré d'améliorer ses résultats dans les urnes grâce à l’aide de cette minorité si avide d’obtenir des gratifications présidentielles.
Qu'est-ce que tout cela a à voir avec le pamphlet contre la gestion de nos missions internationalistes ? Tout, parce que le changement de catégorie de Cuba dans le classement des pays annoncé par le Département d'État – personne ne sait à la demande de qui –, à partir de « la lutte insuffisante » du gouvernement cubain contre la traite des êtres humains est une autre clé de Bolton, un autre tour de vis d’Abrams ou une autre pince de Pompeo pour ajuster le mécanisme des sanctions d'asphyxie à un petit pays qui dans tout scénario, aussi bien à l'ONU que dans le cœur des peuples, le met K.O. de façon irrévocable.
L'impérialisme l'a dit et répété et c'est sa rengaine : La Havane ne fait rien face aux dénonciations du travail forcé dans le cadre des missions médicales cubaines à l'étranger. « Les observateurs signalent que le gouvernement n'informe pas les membres sur les termes de leur contrat, ce qui les rend plus vulnérables au travail forcé », dit-il.
Avec ce discours d’officine, ils ont dénaturé les droits, obscurci les valeurs et manipulé pendant des siècles l'histoire de ce monde qu’ils ont déformé à leur image. Dans leur jargon du mal, absolument incapables d’assimiler le terme de solidarité, ils ne peuvent pas comprendre que Cuba, après avoir formé des brigades avec des hommes et des femmes volontaires, les informe en une phrase, – qui rappelle fortement celle de Marti à Gomez alors qu’il lui offrait le commandement de la guerre – du protocole le plus détaillé de toute leur mission : vous allez sauver la vie d’autres personnes, même si la vôtre pouvait se trouver en danger.
Il est vrai qu’il y a toujours une poignée de déserteurs qui bradent leur abandon autant qu’ils peuvent, mais des dizaines de milliers continuent à répondre, parce que le socialisme que Trump a fustigé en Floride est vigoureux sur l'île qui lui cause tant d'urticaire. Il est également vrai – et c’est quelqu'un qui a vécu à leurs côtés pendant plus d'un an et demi qui le souligne – qu'une fois leur mission accomplie, nombreux sont les collaborateurs qui souhaiteraient poursuivre leur service.
Un jour, nous devrons faire un rapport pour montrer, très clairement, que les États-Unis sont responsables devant le monde de la traite des gouvernements : ils les exploitent, les divisent, les trompent, les manipulent, les escroquent, les opposent entre frères et les trahissent toujours, à un coût désastreux pour leur peuple. Tout, comme dans le Far Ouest d’antan, pour une poignée de dollars. Le Département d'État est sans aucun doute le principal instrument de cet esclavage.
Si les 600 000 Cubains qui ont fourni des services médicaux dans plus de 160 pays au cours des 55 dernières années sous la bannière de la Révolution avaient été esclaves : où est l’œuvre la mieux préparée, la plus transformatrice, la plus noble et la plus sensible que l'on pourrait attendre du capital humain massivement formé au son des espèces sonnantes et trébuchantes du capitalisme ? Quelles missions civiques plus libres, plus compétentes et plus qualifiées le Département d'État a-t-il mises en place dans les pays que la Maison Blanche a amenés au sous-développement, sous le feu des canons, pendant les décennies de solidarité de cette petite île rebelle plantée telle un poignard dans la poitrine du capitalisme vieillissant ?
Les ONG internationales vont-elles rédiger ce rapport ? Je ne le crois pas. Elles, qui gagnent autant d'argent à travers de fausses valeurs, ne vont pas reconnaître que Cuba a aujourd'hui, dans plus de 60 pays d'Amérique latine, d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et même d'Europe, les esclaves les plus libres – et les plus libérateurs – que l'histoire moderne ait connus. Bien sûr, on sait déjà que, sauf à Hollywood, Washington n'aime pas beaucoup Spartacus.
Les scribouillards de l'empire sont plus occupés à enlever par la force le soutien de Cuba au Venezuela –- il est vrai qu’il est essentiel, quand le soutien d'un frère ne l’est-il pas ? – pour faire tomber un projet bénéfique qui, lié au nôtre, a un autre défaut capital : être réalisé dans un pays aux ressources naturelles énormes.
L'homme qui a fait du cynisme son atout politique n'a aucun scrupule à proclamer que Cuba doit changer son comportement à l'égard du Venezuela, n’a aucune honte à faire appel au chantage quel que soit le secteur. Après que les dirigeants des Grandes ligues de baseball ont conclu un accord avec La Havane en décembre qui aurait permis aux joueurs cubains d'intégrer des équipes de baseball de la MLB sans avoir à quitter leur pays, et que la Maison Blanche l'a bloqué avant le premier lancer, on apprend maintenant que le gouvernement Trump serait prêt à revenir sur ce refus si la MLB obtient que Cuba réduise sa « coopération historique » avec le gouvernement de Nicolas Maduro. Un vrai coup tordu !
Trump n'encourage-t-il pas ainsi les mafias de la traite de personnes qui font des joueurs de baseball des boat people, des nageurs et probablement des appâts à requins ? Qui exploite et spécule à des fins politiques ?
Le président qui a interdit l'entrée des paquebots de croisière sur l'île, qui a imposé une liste de sites et de services que les voyageurs étasuniens doivent éviter en terre cubaine, qui a fait du zèle en transformant des grillons en agents de sécurité redoutables, nous déclare en pointant son revolver et en sortant son portefeuille : « Avec le mouvement correct, Cuba pourrait aller très bien, nous pourrions faire une ouverture » a-t-il déclaré récemment à la chaîne Fox Business. Pauvre millionnaire ! Tant de chéquiers et il ignore que le mouvement correct Fidel Castro Ruz l'a fait il y a 60 ans !