ORGANE OFFICIEL DU COMITÉ CENTRAL DU PARTI COMMUNISTE CUBAIN
Photo : tirée du Twitter de la présidence cubaine

MOSCOU, Fédération de Russie. – «  Vous souhaitez certainement que nous parlions de Cuba ; nous allons parler de Cuba. » C’est avec aisance, émotion et objectivité que le Premier Secrétaire du Comité central du Parti communiste et président de la République de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a parlé de l'Île bien-aimée à une centaine de Cubains avec qui il s’est réuni le 19 novembre, quelques heures après son arrivée à Moscou.

Une famille unie par l'affection et les responsabilités communes de travailler pour le développement du pays. Tout le personnel de la mission cubaine en Russie, avec leurs enfants, dont certains très jeunes, était présent, ainsi qu’une représentation des entités officielles de l'État cubain travaillant en Russie.

Vous êtes une partie importante de Cuba, leur a dit le président, et vous vous trouvez dans une tranchée complexe, dont nous attendons également de nombreux résultats pour continuer à avancer et à forger la prospérité du pays.

Pendant plus d'une heure et demie, le chef de l'État a évoqué les différentes questions de la vie quotidienne du pays. Il a notamment partagé plusieurs des raisons qui ont été à l’origine de cette tournée, et certains des résultats du programme de travail conçu.

Photo : tirée du Twitter de la présidence cubaine


La tournée n'est pas seulement due à l'intérêt de Cuba, a-t-il dit, mais répond également à l'invitation adressée par les quatre pays dans lequel se rendront le président et sa délégation. En particulier, a-t-il dit, la Russie et la Chine ont demandé à accueillir la visite à des dates précises.

Dans le cas de la Fédération de Russie, a indiqué Diaz-Canel, le président Vladimir Poutine « nous a demandé de venir » à l’occasion de l'inauguration du monument dédié au commandant en chef Fidel Castro Ruz, qui aura lieu dans les jours prochains. La République populaire de Chine, pour sa part, a fait un geste très significatif, à savoir que « le président Xi Jinping a invité Cuba en tant que premier pays d'Amérique latine à visiter la Chine après qu’elle a tenu son Congrès du Parti », a-t-il souligné.

Quant à la visite en Turquie, le président a expliqué que ces dernières années « nous avons reçu des délégations de haut niveau de ce pays et nous n'avions pas été en mesure de rendre ces gestes ». Quant à l'Algérie, a-t-il dit, c’est un pays avec lequel nous avons une relation historique qui se renforce à l’heure actuelle.

Soulignant l'importance politique de la tournée, le dirigeant cubain a mis l'accent sur le dialogue politique au plus haut niveau que Cuba entretient avec les quatre pays, avec lesquels « nous avons partagé des idées et conclu des accords pour des positions internationales ».

À propos de la sphère économique, il a déclaré que d'importants projets sont mis au point avec ces pays, notamment dans le secteur de l'énergie.

De manière générale, le président a commenté certains des principaux résultats de la visite en Algérie, du 16 au 18 novembre, où ont été abordées des questions telles que la décision du gouvernement algérien de relancer l'accord d'approvisionnement en hydrocarbures, qui est en suspens depuis 2019, du fait que les entreprises qui le transportaient ont subi les effets du renforcement du blocus pendant l'administration de Donald Trump.

Il a également expliqué la volonté de créer des entreprises mixtes dans l'une des modalités d'investissement étranger approuvées à Cuba pour les projets d'énergie renouvelable ; l'expansion de la coopération dans le domaine de la santé, ainsi que des projets conjoints dans la production de médicaments et de produits biotechnologiques.

Concernant plus particulièrement les projets en cours ou prévus avec la Russie, Diaz-Canel a déclaré que plusieurs sont à l'ordre du jour et que, lorsqu’il y aura des résultats, il vous faudra, a-t-il dit, «  travailler tous ensemble pour les renforcer ».

À PROPOS DE CUBA QUI NE RESTE PAS LES BRAS CROISÉS

Au début de son intervention, le président Diaz-Canel a rappelé à ses compatriotes qu'il existe une stratégie impérialiste dirigée contre l’Île, et que face à cette logique, nous devons présenter et défendre la logique de la Révolution cubaine.

L'impérialisme, a-t-il dénoncé, a « construit une matrice d'action sur plusieurs scénarios » : d'abord, a-t-il dit, sur l'économique, à partir duquel il cherche à asphyxier l’Île, puis qu'«il y ait des manifestations, du mécontentement, du désespoir, et que cela provoque l'explosion sociale qu’ils désirent tant », comme ils l’ont tenté récemment et à plus d'une occasion, mais sans succès.

Et à ce plan d'action, a-t-il poursuivi, s'ajoute « une énorme stratégie de subversion politique idéologique qui est, avant tout, montée à travers une campagne sur les réseaux sociaux, (une campagne) de discrédit de la Révolution cubaine ».

Le président a fait allusion à une dénonciation récente du ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parilla, qui a défini la guerre médiatique contre la Révolution comme « une opération de renseignement de grande envergure», où agissent de nombreux acteurs dans le même but, et où un groupe de centres, depuis les États-Unis, « organise toute la stratégie de subversion contre Cuba ».

Face à une telle réalité, a déclaré le chef de l'État, « nous ne pouvons pas rester les bras croisés. Face à la logique impérialiste, nous nous devons de mettre en avant la logique de la construction socialiste ».

Le président a donné des détails sur  les dommages subis par Cuba du fait du renforcement du blocus impérial et a décrit la saga d'un petit pays dont les scientifiques ont sauvé leurs enfants en fabriquant des vaccins qu'un monde convulsif et terriblement asymétrique ne pouvait pas nous donner. Il est ensuite revenu sur la question de savoir ce qui se serait passé à l'intérieur de l'Île, frappée en ce moment par des catastrophes de grande ampleur, si les spécialistes n'avaient pas déjà éliminé le fléau de la COVID-19 de la vie quotidienne.

« Contrôler la pandémie a été une nécessité impérative », a déclaré le Premier Secrétaire du Comité central du Parti communiste de Cuba,  tout en démontrant tout le potentiel qui habite ce peuple, tout l'héroïsme de ces jeunes qui, sans avoir été convoqués, a-t-il dit, se sont rendus dans les zones rouges, au risque d'attraper une maladie très redoutée au niveau planétaire.

Diaz-Canel a parlé de « résistance créative » en tant que formule pour le présent, puis il a parlé de la nécessité pour les Cubains d'être capables de surmonter les difficultés par leurs propres efforts et par leurs talents, en dépassant les problèmes, en « créant et pas seulement en résistant ».

Selon cette philosophie, a-t-il souligné, le pays a une stratégie : « Il se trouve que les solutions ne sont pas immédiates, elles ne sont pas à court terme », a-t-il dit. Il a ensuite invité à rechercher toutes les formules possibles, en étant toujours prêts à valoriser toutes les idées utiles et sans oublier l’essentiel : il serait impardonnable de « condamner ce qui est le projet, ce qui est l'avenir ».

Pour cette raison, le président a fait référence à l’importance de trouver un équilibre qui contienne « le nécessaire possible et l’avenir souhaité ». Il a parlé de trouver une cohérence dans une stratégie qui cherche une prospérité à partir de laquelle les gens peuvent fusionner leurs projets de vie avec la construction socialiste, dans lesquels les prémisses de la démocratie socialiste – qui sont incluses dans la pensée de Fidel – comme la participation et le contrôle populaire, ne sont pas absents.

Prenant la paroles, les personnels de la mission qui travaillent en Russie pour représenter Cuba, ont donné des détails sur la prise en charge consulaire accordée aux Cubains en Russie, en particulier à ceux qui sont en situation irrégulière, et également sur les programmes d'études que l'Île a mis au point avec la Fédération de Russie, dans le cadre desquels plus de 200 étudiants font des études de 3e cycles dans 30 universités de sept régions du pays.